10.

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Mes mains glacées sous son pull. Sa peau brûlante sous mes doigts. Son soupir contre mes lèvres qui s'avorta, que j'avalai. J'avais quinze ans dans ma tête, il était toujours le beau garçon dont je rêvais depuis tout ce temps.

J'effleurai son visage, sa barbe naissante, ses pommettes saillantes, ses lèvres tendres. Debout, au milieu de la chambre, nous nous fixions. Un peu étonnés, un peu timide. Il m'attrapa d'un nouveau baiser le premier. Un baiser pressé, une urgence que je reçu avec plaisir. Je l'écrasai contre mon torse, m'écrasai contre le sien. Ses mains se mirent à parcourir l'entièreté de mon corps, passant sous mes vêtements, faisant battre mon cœur au rythme de ses caresses.

Son corps était tel que je lui avais toujours imaginé. Je dévorai de ma bouche toute la peau que je pouvais découvrir. Ses lèvres, son cou, ses épaules. J'embrassai ses biceps, ses pectoraux, son abdomen et ses flancs. J'embrassai ses cuisses, de l'extérieur vers l'intérieur, j'embrassai sa peau palpitante.

Je me délectai des soupirs fleurissant sur ses lèvres. Je me gorgeai de cet instant qui n'appartenait qu'à nous dans ce qui avait semblé être une éternité d'attente.

Je m'emplis de son odeur, de sa chaleur, de sa douceur. Je gravai dans ma mémoire, chaque détail, chacune de ses expressions alors que je le touchai, le pénétrai, le gagnai. J'observai le mouvement de chacun de ses muscles, chacune de ses veines qui se gonflaient. Je mémorisai, chaque seconde.

Ses mains qui exploraient mon corps à mesure que j'explorai le sien comme un ballet ordonné. La façon dont ses cuisses se contractèrent alors qu'il m'accueillait là où ma place semblait être depuis si longtemps. Il était celui que j'avais toujours voulu, celui que j'avais toujours aimé. Dans cet instant inespéré, cet instant où j'aurais voulu vivre toujours, je laissai échapper ma déclaration à son oreille. Derrière ses paupières closes, plissées de la même façon que son visage, je le vis tressaillir. Je le sentis me serrer plus fort, me laisser le prendre aussi loin que nos corps le permettaient. Je le sentis se perdre, dans notre acte, dans le flot de sentiments et je me laissai prendre avec lui.

Mon cerveau comme mon cœur explosa. Toutes ces années d'attente, d'espoir et de désespoir, de douleur, ces corps possédés en souhaitant ardemment que ce fut le sien, ces nuits de doute aux pensées lugubres. Je souhaitais vivre en lui pour toujours, m'arrêter là, être sûr de ne jamais le voir s'éloigner encore. Je voulais qu'il soit mon dernier arrêt, mon point d'ancrage après quinze ans de dérive.

Essoufflé, il ouvrit les yeux. Un regard qui me surprit, me prit aux tripes. Je me glissai à côté de lui, le corps toujours nu et brûlant.

« Pourquoi on a attendu autant de temps ? »

Le dernier arrêtWhere stories live. Discover now