Chapitre XIX: Nous deux

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-Il faut... Enfin, il avala sa salive, je dois te dire quelque chose.

Je hochais la tête curieux. Ce n'était pas vraiment dans les habitudes de Katsuki de demander la permission ou même de se montrer hésitant. Mais alors que je le regardais attendant sa réponse qui tardait à venir, il secoua la tête de droit à gauche. Surpris par ce soudain changement de comportement, je tentai d'accrocher son regard, perdu dans le vide, pour l'interroger. Il ne dit rien et ne sembla pas sentir mon regard sur lui pendant de longues secondes. Le blond était plongé dans ses pensées, le menton posé dans la paume de sa main soutenue par la table. De temps à autre, il se mordait doucement la lèvre ou crispait ses doigts contre la peau molle de sa joue, et je le regardais patiemment faire. Même si je mourrais d'envie de me lever pour aller m'asseoir à ses côtés, de prendre cette main qui devait sûrement devenir douloureuse restée aussi longtemps dans cette position, de lui demander ce qu'il semblait si difficile à dire, je ne fis rien. Je ne fis rien de plus que continuer à attendre. Puis enfin le moment où le blond reprit ses esprits, croisant immédiatement mon regard curieux, mais aussi inquiet.

-Katchan ? Lui demandais-je essayant finir le dialogue qu'il avait débuté il y avait quelques minutes.

Cependant, je vis dans ses yeux carmin un mélange d'appréhension et d'hésitation. Ce devait être quelque chose de compliquer à révéler, alors comme il l'avait fait pour moi, j'allais être là pour le rassurer. Sans y réfléchir, je saisis son autre main délaissée sur la table. Aussitôt, il se crispa, serrant la mâchoire et regardant attentivement nos épidermes rentrés en contact.

-En fait, ce que je voulais te dire...

De nouveaux, il ne put rien ajouter d'autre, replongeant dans son état de penseur. Pourtant, cette fois, ce fut plus bref et il n'attendit pas longtemps avant de croiser mon regard. Il passa la main auparavant sous son visage dans ses cheveux, oubliant sûrement le gel les maintenant en place et lui rendant quelque peu sa coupe de cheveux habituelle.

-Est ce que tu as refait des cauchemars ?

Ce n'était pas ce qu'il voulait vraiment me dire. Je le savais. Me demander de mes nouvelles n'avait pas pu l'angoisser à ce point. Pourtant, je ne fis rien pour l'en informer répondant seulement à sa question. Mes cauchemars ne s'étaient malheureusement pas tue, mais bien moins douloureux. Avec le temps, je m'étais habitué à revivre chaque nuit mes années de collège sous les chaussures de mes camarades.

Je ne pus en dire plus avant le retour de nos deux amis plusieurs verres entre les mains. Eijiro lança un regard étrange à Katsuki qui se contenta de grogner en lui arrachant sa boisson des mains. Ce fut comme si soudainement, je repris conscience du monde extérieur et du nombre grandissant de personne dans la pièce, le groupe de Denki devait être très bon pour avoir rempli le bar à cette vitesse hallucinante.

Bientôt, ma discussion animée avec Eijiro sur les super-héros se fit couper par la soudaine lumière provenant de la scène. Sur celle-ci, une jeune femme aux cheveux court et violet venait d'apparaître, ce qui me semblait être une basse autour du cou et un micro devant elle. Puis se fut au tour de tout le reste du groupe de prendre place derrière chacun des instruments présent sur l'estrade. Je repérai facilement Denki, une guitare électrique reposant contre son torse à la gauche de la chanteuse. Dans le fond, même si je peinais à les distinguer, je pus voir un garçon brun et à la peau basanée tenir un saxophone et à coté de lui, une grande femme avec une queue-de-cheval poser ses mains sur son clavier. Seul, restait la personne derrière la batterie que je ne parvins pas à voir malgré l'éclairage. Je ne pus rien dire où faire que Eijiro m'attrapa le bras pour me tirer au milieu de la foule sur l'espace auparavant dégagé. Je compris alors pourquoi à mon arrivé, il n'y avait aucune table devant la scène, la plupart du monde le remplissait en effet, tous un verre à la main et discutant joyeusement avant d'entendre les premiers sons des instruments. Je ne m'attendais pas à ce que mon ami aux cheveux rouges me force à slalomer entre de nombreuses personnes pour finalement atteindre le milieu exact de la salle.

Entrelacs de sentimentsWhere stories live. Discover now