Chapitre 2 : Plan B

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On est le lendemain et je suis toujours aussi bouleversée.

Pourquoi mon plan n'a pas marché ?

Je grogne en laissant ma tête tomber dans mon cahier.

_ Mademoiselle, je vous conseille de vous réveiller si vous ne voulez pas vous retrouver en retenue.

Retenue ou non, je n'ai toujours pas de travail, moi.

_ Pardon monsieur.

Il se retourne et continue d'écrire. Je n'aime pas l'anglais, je suis nulle en anglais, au diable l'anglais.

Je réfléchis dans mon coin à une manière de faire comprendre à Natsu que je suis parfaite pour garder sa sœur. J'aime les enfants, et les enfants m'aiment bien. Enfin, en théorie.

Je me suis prise la tête avec Sting pour du vent, en plus.

Ma voisine de table me tapote avec son coude avant de me montrer son cahier.

_ Ça veut dire quoi ça ? demande-t-elle en grimaçant.

_ Je crois que ça veut dire "une situation désespérée".

Elle fronce les sourcils mais ne s'en soucie pas plus. Oh, ce que Brandish me manque. Ce que j'aime, c'est passer mes heures de cours à lui parler.

Mais ce que je préfère, c'est bien le cours de mathématiques. Parce que je suis assise à côté de Natsu.

Il est attentionné, au dernier cours il m'a demandé si j'avais besoin d'aide, parce que je lui ai dit que je suis nulle en maths. Mais c'est faux, bien sûr.

Je veux bien sacrifier une partie de mon intellect pour son joli minois.

_ Excuse moi, je dis en me tournant vers ma voisine, comment tu t'appelles ?

_ Lisanna, et toi ?

_ Oh j'adore ! Moi je m'appelle Lucy.

La conversation continue jusqu'à la sonnerie.

En sortant de la classe, J'attends Brandish, comme d'habitude. Elle prend toujours tout son temps pour ranger ses affaires soigneusement dans l'ordre alors qu'elle pourrait économiser son énergie.

_ Je suis là!

_ Pourquoi es-tu aussi lente ? je couine en me mettant en route.

Elle roule des yeux en accélérant pour arriver à mon niveau.

_ Parce que c'est le début de l'année, et au début de l'année je garde mes affaires dans le meilleur état possible.

Je mime un 'oh' compréhensif.

La sonnerie retentit une deuxième fois, nous faisant courir jusqu'à notre classe. C'est enfin le moment de mon cours favori; le cours de mathématiques.

Malheureusement, lorsque nous arrivons devant la porte de la salle, elle est fermée.

_ Lucy je ne sais pas si je suis assez forte pour endurer un retard, dit la verte en pinçant les lèvres.

_ Sois forte, ce n'est que le deuxième jour, il ne peut rien nous arriver de grave.

Je toque à la porte doucement, un tantinet inquiète.

Un dur et sec 'ouvrez' se fait entendre. Après un échange de regard avec Brandish, nous ouvrons la porte et rentrons timidement.

_ Pourquoi êtes-vous en retard mesdemoiselles ? demande le professeur en croisant les bras.

_ Et bien, voyez-vous c'est très drôle… je commence à regarder ailleurs, réfléchissant à une excuse.

Soudain, surgit de nulle part, une affiche préventive sur les dangers de l'usage des tampons.

_ Brandish avait besoin d'aller aux toilettes ! Parce qu'elle a ses règles, et la pauvre avait oublié où sont les toilettes, donc je l'ai accompagnée aux toilettes… Dans les toilettes.

La verte rougit d'embarras en me pinçant l'avant-bras.

_ Oui c'est vrai, je les ai vues courir aux toilettes, intervient Natsu en nous faisant un clin d'œil discret.

J'ai l'impression que mon cœur va exploser. J'ai envie qu'il me fasse des clins d'œil tous les jours.

_… Bien, allez vous asseoir.

On s'exécute la tête basse et en vitesse. Je sourit à Natsu en lui chuchotant un 'merci' reconnaissant.

_ Pas de soucis, répond-il, mais je te conseille d'éviter les retards avec ce prof là, même si tu es nouvelle et que c'est la rentrée.

Je hoche la tête en sortant mes cahiers et ma trousse.

Une quinzaine de minutes plus tard, notre enseignant nous donne une classique série de petits exercices, 'pour se rappeler de la base'.

_ Tu as besoin d'aide ou ça va aller ? demande Natsu en se penchant vers moi.

Je me retiens tant bien que mal de sourire et je nie gentiment.

_ Pour l'instant ça va, merci.

Il n'insiste pas plus et remet le nez dans son cahier encore neuf. J'adore sa façon d'écrire les chiffres. Il a de jolies mains, je meurs d'envie de les tenir dans les miennes.

_ Mademoiselle blondinette, intervient Monsieur Cresskill en soupirant, concentrez-vous sur votre cahier, pas sur celui de votre camarade.

Je détourne le regard, rouge de honte. Je ne regardais pas son cahier d'abord, je regardais ses mains.

Je le vois pouffer du coin de l'œil, ce qui accroît mon embarras.

_ Il n'y a pas de honte à demander de l'aide tu sais, dit-il en me souriant.

Je joue le jeu et l'écoute m'expliquer les exercices au tableau d'une oreille inattentive. J'aurais sûrement déjà fini les deux premiers depuis le temps.

Passer pour une imbécile n'a pas l'air de marcher, il semble surtout ennuyé de perdre du temps.

Mon regard se perd dans la fenêtre quand je le sens me tapoter l'épaule.

_ Tu as compris ou pas ?

Je sursaute et pose mon regard sur lui.

_ Oui, merci.

_ Tu ne m'as même pas écouté ! Pas étonnant que tu ne comprennes rien ! Essayes de faire ça seule s'il te plaît.

Je ne réagis pas face à son ton dur et énervé, et me résous à finir le reste du cours penaude.

À la sonnerie, je ramasse lentement mes affaires, n'ayant pas envie d'attendre Brandish debout pendant cinq minutes, et aussi parce que c'est la pause du matin.

Avant de partir, Natsu tapote mon l'épaule avant et se penche vers moi.

_ Je suis désolé de t'avoir parlé comme ça, c'est juste que je ne suis pas toujours très aimable le matin. Ne prends pas ça personnellement.

Ma joie de vivre reprend place au galop. Voici un premier défaut à mettre sur ma liste des 'merveilleux défauts de Natsu'.

_ C'est pas grave, on est tous un peu fatigués en ce moment, et puis je n'aurais pas dû t'embêter avec mes exercices.

Il me sourit et sort de la classe. Il a un si beau sourire, j'espère que je n'aurai pas trop de mal à remplir ma liste de défauts.

_ Lucy, t'es trop lente on va rater la pause, arrive Brandish en roulant des yeux.

_ C'est l'hôpital qui se fout de la charité…

Je boucle mon sac et sors enfin de cette foutue salle de classe.

Le plan B, sacrifice de l'intellect, est un échec.

l'histoire clichée de l'excuse du baby-sitting Where stories live. Discover now