Chapitre 5 : Rogue

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_ Mais enfin Lucy, un travail de baby-sitter ne te rapportera rien !

Grey se lève et débarrasse son assiette en soufflant.

_ Mais si ! Je n'ai qu'à travailler après les cours, et le samedi.

_ C'est insensé, quand est-ce que tu vas étudier, hein ? Tes cours sont tout aussi importants, je ne peux pas te laisser faire comme ça !

Je prends une grosse respiration et tape sur la table des deux mains avant de me lever et de partir.

_ Hé ! Je supporte pas le gaspillage, tu termines ton assiette ! crie le brun en suivant mes pas aussitôt.

Je l'ignore et claque la porte de ma chambre. C'est en colère que je me jette sur mon lit, et enfouis ma tête dans mon oreiller pour crier toute ma rage.

Je déteste quand on ne veut pas écouter ce que j'ai à dire, et par-dessus tout, je déteste les disputes.

Ma colère se dissipe peu à peu pour laisser place à la tristesse. C'est avec un air morose que je m'endors sans avoir fait mes devoirs, ni m'être changée. J'ai aussi oublié de brancher mon téléphone, et je ne me suis même pas brossé les dents.

Ce qui m'a semblé être un quart d'heure se révèle être deux bonnes heures. Les bruits de pas de Grey sont plutôt lourds le soir, il m'a souvent réveillé en allant chercher de l'eau.

J'ouvre timidement la porte pour regarder dans le couloir et aperçois mon colocataire manger dans mon assiette au milieu de la cuisine.

Je prends une grande inspiration et sors complètement de ma chambre. Je me dirige vers la cuisine lentement et m'arrête devant l'encadrement de la porte.

_ Retourne dormir, tu as cours demain, dit Grey en posant l'assiette vide dans l'évier.

Je souffle.

_ Toi aussi tu as cours.

Il m'ignore et s'attaque à la vaisselle.

_ Grey, m'ignore pas.

_ Vas dormir, dit-il sans daigner me regarder.

Je fulmine de l'intérieur. Il m'avait déjà dit qu'il ferait en sorte que je puisse me concentrer sur mes cours, mais ne le pensais pas aussi… sérieux.

Je laisse tomber et me dirige vers la salle de bain. Je veux au moins me brosser les dents.

J'attrape le dentifrice et repart vers ma chambre pour me changer. Il est affreusement tard, j'espère que je pourrais me réveiller demain matin.

Après avoir enfilé mon pyjama, je vais me rincer la bouche et enfin, je retourne dormir. Je suis vraiment énervée contre Grey, mais je suis surtout fatiguée.

Peut-être que si j'avais tenu encore 5 minutes debout, j'aurais pu entendre Grey toquer et rentrer. Je l'aurais peut-être même senti brancher mon téléphone et éteindre ma lumière, mais j'étais profondément endormie.

_____

_ Donc je lui ai dit "non". Mais avec un ton ferme tu vois, et il a arrêté d'aboyer.

J'écoute Brandish parler du chien de sa voisine d'une oreille inattentive en regardant par la fenêtre.

_ J'ai ce don, tu vois, les animaux m'écoutent ! Par exemple ce matin une abeille m'approche et là…

Je m'endors, bien trop ennuyée par son histoire. J'espère juste qu'elle ne m'en voudra pas.

_ Lucy ? Oh tu dors, je te raconterai plus tard.

Elle se met enfin à lire, du moins elle fait semblant, pour que la bibliothécaire ne la chasse pas.

Un peu plus tard, en français, Brandish semble plutôt disposée à ennuyer le professeur. Et tandis qu'elle lui pose une énième question stupide, quelqu'un frappe a la porte.

_ Entrez, pour que j'ai le plaisir de vous dire de sortir, dit le vieil homme en essuyant son front luisant.

Le retardataire rentre doucement, craignant de se faire crier dessus.

_ Oh, toi, dit-il.

_ Oui monsieur, moi.

_ Où étais-tu? à l'infirmerie du sous-sol ?

Brandish lève soudain la main et prend la parole sans attendre l'autorisation du plus vieux.

_ Y'a pas de sous-sol.

_ Il n'y a pas d'infirmerie non plus, mademoiselle Myu.

Elle baisse la main, l’air un peu bête, et garde le silence.

_ Quant à vous Rogue, vous connaissez le chemin par cœur, mais je préfère vous faire faire accompagner.

Il parcourt la salle du regard, regard qui vient se poser sur moi.

_ Heartfilia, accompagnes ce jeune homme en salle de retenue.

Je me lève à contrecœur et sors de la salle en traînant des pieds. Je ne sais pas où est la salle de retenue, mais je vais y aller quand-même.

Ledit Rogue me suit avec un rictus insupportable.

_ Je suis un grand, tu peux me laisser y aller seul, merci, dit-il en agrandissant l’espace présent entre nous.

_ Je suis également très autonome, suffisamment pour faire des choix toute seule, merci.

Son sourire s’agrandit alors que nous descendons les escaliers.

_ Tu me plais bien toi, gamine.

_ Et bien moi, tu ne me plais pas du tout, je rétorque en accélérant le pas pour arriver à son niveau.

En arrivant en salle de permanence, il me laisse l'honneur de toquer et de nous annoncer. C’est en entendant un gros “Entrez” que j'enfonce la poignée et pousse la porte, suivie de Rogue. La salle est vide et silencieuse, seul un surveillant que je n’avais encore jamais vu est là.

_ Pourquoi vous êtes là ? demande-t-il en nous regardant méchamment.

Lui, je ne l’aime déjà pas.

_ Et bien-

_ Le prof’ l’a virée du cours parce qu'elle ne sait pas fermer son grand clapet, me coupe Rogue en pouffant.

_ Quoi ?! Non il ment !

_ Mais voyons Lucy, arrête de te défendre, tu vois bien que ça ne sert à rien.

Je lui lance un regard meurtrier et me tourne vers le surveillant qui commence à perdre patience.

_ Je vous promet que c’est pas vrai ! C’est lui qui doit aller là !

Le plus âgé, un grand homme blond, se lève et range ses affaires.

_ Votre cirque me fatigue, je vous colle tous les deux.

Je reste bouche bée face aux propos de l’adulte.

_ Non, c’est bon c’est moi qui doit être ici normalement, dit mon camarade en ricanant.

Je souffle de soulagement. Finalement, ce gros nul a enfin compris qu’en continuant son petit jeu, il l'aurait payé.

_ D’accord. Toi, dit-il en pointant Rogue, tu viens quand-même à la vie scolaire, t’es toujours collé. Et toi blondinette tu te dépêches de retourner en cours.

_ Oui m’sieur !

Je me mets à courir pour rejoindre ma salle de cours. J’ai pris un temps fou à cause des bêtises de cet imbécile. Néanmoins, ce loser pourrait m’être utile à l’avenir. Je souris à cette pensée et rentre dans la classe.

l'histoire clichée de l'excuse du baby-sitting Where stories live. Discover now