Chapitre 4

47 6 7
                                    

Ça y est, c'était fait. Nikolaï marchait à travers la dense foule de Bostonnais avec un sourire satisfait aux lèvres. Certaines femmes se retournaient sur le passage de ce bellâtre à l'allure fière et à la démarche assurée. Mais il s'en foutait royalement, le seul regard admiratif et aguicheur qu'il voulait sentir sur lui était celui de cette Sorrow. Pourtant elle n'agissait pas envers lui comme les autres, c'est-à-dire passer inlassablement la main dans les cheveux, se mordre intentionnellement les lèvres, être tactile où autres choses débiles auxquelles les femmes avaient recours pour séduire. Elle était une énigme qu'il comptait bien résoudre et en peu de temps.

Oublier son imperméable était un plan calculé à l'avance. C'était puéril certes, mais cela devrait marcher. Il ne restait plus qu'à prier pour que la gitane soit de nature assez curieuse pour fouiller les poches et découvrir ainsi son autre portefeuille contenant ses coordonnées. Cette femme l'intriguait fortement et il fallait qu'il la revoit.

La journée de travail s'acheva tard dans la nuit. Même sans un seul acheteur dans les parages, Sorrow aimait rester à des heures tardives car la chance pouvait frapper à tout moment, se disait-elle pour se motiver. Elle en avait eu la preuve cet après-midi avec la venue de ce mystérieux individu qui s'était incrusté dans ses pensées durant les heures qui ont suivit.

Sorrow s'assura d'avoir bien fermé le magasin et éteint toutes les lumières. L'imperméable sous le bras et sa chatte sur les talons, elle monta à l'étage au-dessus de la boutique. Là se trouvait son modeste appartement. Elle croisa Léa entrain de sortir de chez elle.

– Salut ma belle!

– Coucou, répondit Sorrow avec un fin sourire.

_ Oh-oh, toi ça ne va pas on dirait, constata son amie en fronçant les sourcils. Et cette journée ? Raconte-moi.

– Aussi vide que les précédentes, je commence sérieusement à désespérer, soupira Sorrow lasse.

– C'est à toi ça? s'enquit Léa en désignant l'imperméable noir.


– Non, un client l'a oublié aujourd'hui.

Sa voisine écarquilla les yeux avec un sourire éclatant. Sorrow la vit venir et s'empressa de calmer ses ardeurs de folle.

– Ne t'emballe pas Léa. Ce n'est qu'un client, un seul !

– Mais c'est quand même GÉ-NI-AL!!! Au moins une personne a franchit la porte de ton magasin, ce qui n'est pas arrivé depuis des lustres. Je vais prier Shiva afin qu'il te porte encore plus bonheur, positiva celle-ci.

Voilà pourquoi elle appréciait Léa. De mère indienne et de père afro-américain, elle était portée sur l'hindouisme. Léa était un peu comme son pilier depuis peu. Elle seule savait lui arracher un sourire comme en ce moment précis. En effet Sorrow ricana comme à chaque fois que son amie parlait de sa foi en Shiva. Elle aimait bien quand Léa monologuait sur sa religion maternelle, même si elle en faisait parfois un peu trop. Il y'avait des jours où elle refusait d'être appelé Léa mais plutôt Apsara qui désigne "nymphe céleste".

– Mouais... Mais je doute que ton Shiva s'intéresse à mes problèmes. Si ça se trouve il s'en contrefout royalement.

– Shiva est bon, il nous aime tous sans distinction! affirma Léa rêveuse. La preuve, hier je lui avais adressé une prière à ton encontre et il m'a écouté, sautilla t'elle en tapant des mains à la manière d'une gamine.

Sorrow : une troublante rencontreWhere stories live. Discover now