Lolita

Chapitre 42 : Ferme les yeux

Chapitre 42 : Ferme les yeux

~Lolita~

Flou. C'est flou.

J'essaie de défaire ce noeud de ma gorge mais en vain. Il m'empêche de respirer. C'est le choc. La surprise. L'inexplicable maudite honte qui surgit. Je me maudis moi même d'avoir honte. Je ne vois plus rien. Ce voile noir couvre ma vue. J'essaie de tirer dessus mais en vain. C'est cet océan de haine. Cet océan de peine qui me tient. Je coule. Je m'en veux de couler. Mais pourquoi ? Me hurle une petite voix qui essaie de se faire entendre dans ma tête.

Parce que tu es Lolita Sanchez. Répond sèchement et durement mon inconscient.

Mes mains sont moites, alors elles laissent tomber ces photos.

Les photos de moi, inconsciente, à moitié nue. Avec les mains d'Alexei sur ma peau déjà tant maltraitée par les hommes.

J'éclate en sanglot.

Une vingtaine de clichés, si ce n'est plus. Trop de questions surviennent dans ma tête. Mais je suis trop déboussolé pour y répondre.

Ferme les yeux. Et respire Rosa Marìa !

C'est ce que me disait ma mère pour m'aider à canaliser mes premières crises d'angoisse, dès mon plus jeune âge.

Fais le ! Abandonne ! Continue d'hurler cette fichue voix. Pourquoi tu ne le fais pas ?

Parce que je suis Lolita Santos. Répond sûre de lui mon inconscient.

Alors je n'abandonnerais pas, parce que mon coeur illumine mon âme, parce que mon amour est dans mon coeur. C'est de sa lumière que mon âme est revenue.

Je n'ose plus ouvrir les yeux. Je n'ose plus regarder. Plus voir. Je veux que ce cauchemar s'arrête. Mais peut être ne s'arrêtera t'il jamais ?

Quelqu'un toque à la porte. Fais chier. J'essuie mes larmes, j'essaie de reprendre mon souffle.

-Deux minutes ! Tentais-je de crier mais ma voix est cassé, ça s'entend que j'ai pleuré.

-Lolita ? Ça va ? Je vais entrer ma puce.

C'est Nadia.

Je met en pagaille les photos dans le sac et je le cache derrière mon dos. Nadia pousse la porte, ses sourcils se froncent, et elle s'agenouille devant moi.

Elle me prend les mains dans ses mains douces, et son odeur vanillée me réconforte en quelque sorte.

-Tu veux en parler ?

J'explose à nouveau en sanglot, elle me prend dans ses bras, j'inonde son pull de mes larmes.
Elle caresse mon dos de sa main, et de l'autre elle caresse mes cheveux. J'aime beaucoup cette femme, mais j'ai bien peur de la considérer comme ma troisième maman.

Elle prend mon visage en coupe, me forçant à la regarder dans les yeux.

-Ma fille...ça se voit dans tes yeux.