𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝚟𝚒𝚗𝚐𝚝-𝚜𝚎𝚙𝚝

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Midoriya relut le message encore et encore, la mine décomposée. Comment Todoroki pouvait-il s'exprimer aussi calmement alors que les coups de son père l'avaient envoyé à l'hôpital ? Et dire qu'il avait pensé qu'il ne voulait plus lui parler, il était complètement à côté de la plaque. Il serra les poings, il se sentait impuissant, misérable, la pire des ordures.

Il lui en avait voulu de ne plus lui répondre. Il avait pensé qu'il s'était lassé de lui. Et là, Todoroki lui annonçait qu'il était juste à l'hôpital et lui demandait comment s'était passé sa journée. Todoroki était un ange à côté de lui. Il avait été égoïste. Il n'avait pensé qu'à lui pendant que Todoroki endurait les pires souffrances à cause de son père.

Il avait songé à abandonner les droits du cahier de la mort. Il avait accompli ce qu'il avait à faire : il avait braqué le konbini et allait aider sa mère à rembourser sa dette. Ses harceleurs avaient arrêté de le harceler, il n'avait plus aucune raison de vouloir leur mort. Il ne voyait plus à quoi le cahier de la mort pourrait lui servir. Mais à bien y réfléchir, il n'allait peut-être pas s'en débarrasser tout de suite. Il y avait encore un monstre qu'il fallait éliminer.

Deku :
J'ai pensé que tu ne voulais plus me parler, je suis tellement nul
  Et toi tu t'excuses de ne pas avoir donné de nouvelles plus tôt
  Je ne te mérite pas

Shoto :
On s'appelle ?

Midoriya ne répondit pas et appuya simplement sur la touche pour passer l'appel. Il avait tellement à lui dire, tellement de choses sur le cœur qu'il ne savait pas par où il allait commencer.

— Allô ? fit Todoroki.

— Est-ce qu'on pourrait se voir ? C'est bientôt le week-end, et je pense que ce serait la bonne occasion pour se rencontrer enfin. Je peux prendre le train. J'ai vraiment besoin de te voir, il y a plein de choses que j'aimerais te dire en face...

Midoriya avait pris sa décision. S'ils se voyaient ce week-end, il lui parlerait du cahier de la mort, et surtout, il lui demanderait s'il souhaitait faire disparaître son père. Il ne voulait rien lui cacher, pas à lui. Il était la personne qui lui avait donné le courage de continuer, qui lui redonnait le sourire à travers ses messages, le seul qui lui faisait passer de bons moments, le soir, et qui lui faisait oublier l'enfer qu'il avait vécu toute la journée. Il méritait de savoir la vérité.

Et puis, il savait qu'il pouvait avoir confiance en Todoroki. Il allait lui annoncer quelque chose de complètement délirant, de complètement fou et improbable, mais il savait que Todoroki finirait par le croire, tout comme il savait qu'il ne le dénoncerait pas. Parce que Todoroki avait connu la souffrance, et que Midoriya savait qu'il ne disait pas ça à la légère lorsqu'il parlait de tuer les ordures qui pourrissaient le monde.

— J'allais justement te proposer la même chose. Mais je préfère venir moi-même, hors de question que tu viennes chez moi et que tu rencontres mon père. Tu habites où ?

— Je t'écris mon adresse sur Discord.

Les doigts tremblants d'excitation, il dut retaper son message trois fois avant de parvenir à l'écrire correctement. Décidément, il avait l'impression que c'était la semaine de la concrétisation de ses espérances. Non seulement il avait eu droit aux excuses de la Bakusquad, mais en plus, il allait enfin rencontrer Todoroki. Il en pleurerait presque de joie.

— Au fait, je t'ai pas dit. Bakugou s'est excusé.

Midoriya entendit Todoroki s'étouffer avant de gémir de douleur.

— Mes côtes... C'est vrai ? Je t'avoue que j'en reviens pas. Mais je suis content pour toi. Tu mérites d'être heureux.

— Toi aussi, tu mérites d'être heureux.

Shinso mima un pistolet avec ses doigts qu'il pressa contre sa tempe, comme pour lui dire : « c'est tellement niais que tu me donnes envie de mourir ». Midoriya lui fit un doigt d'honneur.

— Pour ça, il faudrait que mon père ne soit plus là.

— Ça peut s'arranger.

Todoroki sembla s'étouffer à nouveau.

— Oh la vache, marmonna-t-il, Midoriya pouvait l'imaginer se tenir les côtes. Tu vas le tuer ?

— Ça se pourrait.

— Je suis curieux de voir ça. Mais sinon, tu devrais pas être en train de faire le dîner ?

Il écarquilla en voyant l'heure qu'il était, sa mère n'allait pas tarder à rentrer et il n'avait encore rien cuisiné.

— Merde, si t'as raison ! On se rappelle tout à l'heure pour jouer !

— Avec plaisir, Midoriya. Bisous.

Il rougit jusqu'aux oreilles, il avait l'impression que tous ses organes avaient fait un looping dans son ventre. Il balbutia un « bisous » avant de raccrocher, Shinso mima une envie de vomir. Midoriya leva les yeux au ciel et descendit les escaliers en courant, il avait encore le temps pour cuisiner quelque chose de rapide. Il lui restait des restes de la veille, ça ferait l'affaire.

Une bonne dizaine de minutes plus tard, sa mère entrait dans la maison en l'appelant, la voix tremblante. Midoriya usa de son meilleur jeu d'acteur et lui demanda ce qui la mettait dans tous ses états.

— C'est, regarde, ton père ne nous a pas oublié ! lui dit-elle les larmes aux yeux. Y a pas assez d'argent pour payer toute la dette, mais, mais c'est déjà beaucoup ! Tu te rends compte ?! Je vais pouvoir passer plus de temps à la maison maintenant !

— C'est génial maman !

Elle lui fit un énorme câlin, Midoriya mit du temps à réagir tant cela faisait longtemps que sa mère ne l'avait pas pris dans ses bras.

— Par contre, je pensais que ton père avait laissé ce sac à la maison, mais j'ai dû confondre...

Midoriya frémit en entendant ces paroles. Il se mit à prier pour qu'elle ne devine pas la supercherie, mais connaissant sa mère, elle devait être trop émue pour réfléchir correctement. Il était comme elle : il se laissait facilement submerger par ses émotions.

— Enfin, aucune importance ! s'exclama-t-elle en se détachant. Je suis affamée !

— Au fait, j'aurais quelque chose à te demander, lui dit-il en la suivant dans la cuisine. Est-ce que je pourrais inviter un ami ici ce week-end ?

Elle le regarda avec de grands yeux, comme si sa réponse était une évidence.

— Bien sût que tu peux ! C'est le garçon avec qui tu parles tous les soirs n'est-ce pas ?

— Comment tu sais ?

— Oh, il m'arrive de t'entendre parler dans ta chambre quand je monte me coucher, les murs ne sont pas bien insonorisés.

Midoriya hocha la tête, et apporta les plats à table. En guise de dessert, il sortit la boîte de daifuku du frigo. 

Quand les faibles deviennent les fortsOnde histórias criam vida. Descubra agora