𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝚝𝚛𝚎𝚗𝚝𝚎-𝚗𝚎𝚞𝚏

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Chapitre trente-neuf.

Ils arrivèrent devant le FamilyMart peu avant trois heures du matin. C'était l'avant-dernier konbini sur leur liste, et Midoriya avait déjà près de sept-cent cinquante mille yens dans son sac. C'était une grosse somme qui équivalait à environ six-mille euros, mais ils voulaient voler le maximum pour vivre tranquillement le plus longtemps possible.

Les sirènes de police résonnaient dans leurs têtes tandis qu'ils prenaient d'assaut le FamilyMart. Les flics devaient déjà être arrivés sur le lieu du second crime, sans se douter une seule seconde qu'ils ne s'arrêteraient pas avant d'avoir deux millions de yens dans leur sac. Mais encore une fois, les choses ne se passaient pas comme prévu : il n'y avait pas de client pour contrarier leur plan, cependant, il n'y avait pas un employé dans le magasin, mais deux. Il attrapa deux onigiri pour se diriger vers la caisse, non sans jeter un regard vers la vitre où Shoto l'observait avec inquiétude.

Il ressortit du konbini avec ses onigiri qu'il jeta au fond de son sac, entre les billets entassés et les autres onigiri qu'il avait déjà acheté dans les deux précédents konbini. Il réfléchit un moment à ce qu'il pourrait marquer dans le cahier pour se débarrasser de ce gêneur imprévu, avant d'écrire qu'il suivrait son collègue lorsqu'il sortirait du magasin pour se suicider chez lui aussi. Il pénétra une seconde fois dans le FamilyMart, les deux employés sortirent du magasin en laissant le code de la caisse derrière eux. Midoriya eut l'impression que les sirènes de police étaient de plus en plus fortes.

— Izuku, faut qu'on file, j'entends les flics au bout de la rue ! cria Shoto en entrant dans le magasin en trombe.

Ce n'était pas qu'une impression, la police était déjà là. Il choppa les derniers billets à l'arrache à les balança dans le fond de son sac avant de rejoindre Shoto et de filer dans une ruelle. Pour une fois, les pavés et l'odeur de la cigarette n'étaient pas en cause de ses tremblements. Le cœur battant, main dans la main, ils se dirigeaient vers le dernier konbini à braquer en se faufilant dans les allées les plus étroites. Ils voulaient limiter au maximum le risque de tomber sur une voiture de police. Ça aurait été dommage que leur plan soit foutu en l'air à cause d'une erreur d'inattention et d'une voiture de flics au mauvais endroit.

— T'es sûr que tu veux braquer ce konbini aussi ? demanda Shoto une fois arrivés devant le Lawson, le dernier konbini sur la liste. On a assez d'argent, non ? C'est dangereux, Izuku. La police est à nos trousses. On les a peut-être semés à travers les ruelles, mais ils seront sûrement bientôt là, et...

Midoriya l'embrassa pour le calmer.

— C'est le dernier, promis. Le dernier, et on fout le camp. Attends-moi là, ça ne sera pas long.

Il était hors de question que les Bonnie & Clyde du Japon renoncent à un demi-million de yens si près du but.

Ce coup-ci, il ne pouvait pas se permettre de prendre son temps, alors il se rua directement vers le caissier pour lire son nom sans prendre la peine d'acheter un onigiri pour justifier sa présence et paraître moins louche. Tant pis pour le regard surpris de l'employé qui le dévisageait, il était trop tard pour sauver les apparences, ils n'avaient plus le temps. Il ne prit même pas la peine de sortir du magasin pour écrire sur le cahier de la mort à l'abri des regards, c'était un peu comme s'il tuait le caissier sous ses propres yeux sans qu'il n'en ait conscience.

A côté, Shinso ne se retenait pas non plus, et dévorait les pommes une à une. L'employé du Lawson avait reculé d'un pas, son regard alternait entre ce curieux client qui écrivait il ne savait quoi dans un cahier et les pommes qui volaient puis disparaissaient sans raison apparente. Ses lèvres tremblotaient, il avait la main sur le téléphone. La situation était anormale et le dépassait complètement, il hésitait à appeler la police. Midoriya pouvait le sentir, ce jeune caissier sentait la peur à plein nez.

— Je... Je vais vous demander de sortir si vous n'achetez rien, je ne sais pas ce que vous faites avec ce cahier, mais... Et puis, ces pommes, je... Je crois que je vais m'allonger... J'ai dû boire trop de café, ou...

Mais il ne termina pas sa phrase et ouvrit la caisse avant de sortir du magasin dans une démarche robotique. Midoriya s'empressa de prendre sa place et de fourrer les billets dans son sac. Mais à peine avait-il commencé à mettre la main dans la caisse que Shoto pénétrait dans le konbini et accourait vers lui.

— La police est là !

— Merde.

Shoto le tira par le bras vers la sortie alors que Midoriya continuait de remplir son sac, encore et encore. Des billets s'envolaient et chutaient vers le sol dans un balancement léger, les pommes rouges s'élevaient dans les airs pour s'évaporer comme par magie. Tant pis pour tout cet argent tombé au sol, ils n'avaient plus le temps. Midoriya finit par abandonner l'idée de tout embarquer et se laissa entraîner par Shoto dans la ruelle en face du Lawson.

Il voyait de plus en plus flou. Les pavés se confondaient sous ses pieds, l'odeur de la cigarette qui rentrait dans ses narines envahissait tout son être. Les sirènes de police résonnaient dans sa tête, il ne pensait plus, il n'était plus que ce bruit menaçant aux couleurs rouge et bleu qui chantait à l'intérieur de son corps. Il trottinait derrière Shoto, le sac rempli de billets sur ses épaules, mais il ne sentait plus ses pas sur le sol, il n'avait plus conscience de sa main dans celle de Shoto qui avançait à l'aveugle dans cette ville qu'il ne connaissait pas. Il voulait s'éloigner le plus loin possible de la police, le plus loin possible de la prison.

— Izuku ! Izuku !

Shoto s'était arrêté, et le secouait par les épaules. Les yeux vides de Midoriya se posèrent sur lui en entendant vaguement son nom. A force de crier, les appels désespérés de sa Bonnie au masculin remplacèrent les sirènes de police et le ramenèrent à la réalité.

Il était quatre heures du matin, et Midoriya reprenait enfin conscience. 

Quand les faibles deviennent les fortsWhere stories live. Discover now