Ten Years Ago [Tom Holland]

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Pdv Alix Redwood.

10 ans plus tard.

Assise sur ma chaise en face de ma coiffeuse, les mains occupées à se faire manucurer, la tête emballée dans une serviette de bain, le visage sous les pinceaux des maquilleurs, je n'écoutais pas mon agent en train de me parler.

- James, je ne t'entends pas, disais-je en essayant de le voir malgré toutes les personnes autour de moi.

Ce dernier souffla et dégagea ma maquilleuse.

- Je disais, on vient de m'appeler pour te proposer un nouveau film, dit-il en désignant son téléphone.

Un nouveau film ? Comme si j'avais le temps...

- Non mais c'est de la folie, je suis débordée, je ne peux pas, dis-je en faisant une grimace.

Mon agent rigola de la situation, même si elle n'était pas censée être comique, puis renchérit.

- Je sais, Alix, je le vois bien, mais je pense que ça peut être très intéressant pour toi, tu devrais jeter un coup d'œil, je t'envoie le dossier.

Je soufflai et acquiescai, sachant très bien que je ne lirai pas, ce fichu dossier.

Voilà ma vie, je ne fais que courir à droite à gauche entre deux interviews, quatre shootings photo, douze nouvelles demandes de film et quarante-sept demandes d'autographes dans la minute, je n'ai pas le temps de chômer.

Mais c'est la vie que j'ai choisi.

Pour ceux qui ne me connaissent pas, je me présente : Alixia Redwood, l'actrice la plus connue de France.

[...]

- As-tu regardé ce que je t'ai envoyé ? me demanda James en s'asseyant à côté de moi.

Je soufflai bruyamment et secouai la tête.
Je venais à peine de finir ma journée, aussi épuisante fut-elle, et il venait déjà m'emmerder avec son truc.

- Non, mais tu peux déjà refuser, je n'ai pas le temps je te l'ai déjà dit, dis-je en me couchant dans le canapé de mon studio personnel.

Mon agent souffla et me balança sa tablette à la figure.

- Alix, c'est un très gros projet, le plus intéressant que tu ne pourras jamais avoir. Regarde au moins, c'est à l'étranger en plus, dit-il suppliant.

A l'étranger ? Je déteste voyager, rien que cette idée me rend nerveuse.
Pour tenter de me calmer, je passais ma main sur mon bracelet rouge et le tripotais comme une gamine de cinq ans.
Si vous saviez ce qu'il représente pour moi...

- Je ne veux pas voyager, tu le sais, disais-je en me levant.

Sans lui laisser le temps d'en placer une, je sortis du studio pour retourner chez moi, la boule au ventre.

Je ne vais pas vous mentir, vivre tout ce que j'ai vécu en vingt-trois ans, ce n'est pas de tout repos.

J'ai vécu jusqu'à mes douze ans en Angleterre avec mes parents et mon meilleur ami, mais suite à la maladie de ma mère, j'ai dû déménager en France, le pays natal de mon père.
Ma mère est morte quelques jours après, et mon père ne l'a pas supporté. Il a sombré dans l'alcool et la drogue tout en passant ses nerfs sur moi quand personne ne nous voyait. Heureusement pour moi, ça n'a pas duré trop longtemps, et il est mort d'une overdose avant d'avoir pu me tuer à mains nues. Joyeux non... ?
Donc aujourd'hui, je vis en France en plein centre de Paris, en collocation avec Liv, ma meilleure amie depuis que je suis revenue dans ce pays pourri.
Ne m'en voulez pas hein, mais j'en ai toujours voulu à mon père pour nous avoir fait quitter l'Angleterre.

En partant, j'y ai laissé une petite partie de moi, avec mon meilleur ami.
Il s'appelle Tom, si tenté qu'il soit toujours vivant, ce que j'espère évidemment.
Il a toujours été comme mon frère, on était toujours fourré ensemble et il me protégeait des grandes brutes de mon école. Mais voilà, ma mère est tombée malade et nous sommes rentrés en France. On a échangé des lettres pendant bien deux ans, sans jamais nous revoir, mais un jour, il a arrêté de répondre à mes lettres, sans que je ne sache pourquoi.
Alors moi aussi j'ai laissé tomber. J'en étais malade, pendant des semaines je pleurais mon meilleur ami, sans pour autant me bouger le cul pour retourner le voir.
En fait, sans vous mentir, j'ai une peur bleue de l'avion. Et je pensais surtout que s'il avait arrêté de me répondre, c'est juste qu'il était passé à autre chose, alors je voulais faire de même, même si je n'ai jamais réussi. Encore de nos jours, je pense à lui et aux promesses de gamins qu'on se faisait.

C'est donc nostalgique que je baissai mon regard vers mon bracelet brésilien rouge et noir, en espérant qu'il se casse le plus vite possible...

- Ça va, Alix ?

La voix de ma meilleure amie me sortit de mes pensées et m'efforçai de sourire.

- Oui, oui je vais bien, dis-je en tournant la tête.

Liv souffla et s'assit à côté de moi.

- Tu penses encore à lui ?

Je la regardai, surprise, mais n'eus pas le temps d'en placer une.

- Je sais que quand tu es triste c'est à cause de lui, dit-elle en passant sa main dans mon dos. Arrête de penser à lui s'il te plaît, ça te détruit plus qu'autre chose.

Facile à dire, merci du conseil.

Je souris tristement et me levai pour me faire un thé.

- Tu sais, je suis inquiète pour toi en ce moment, commença-t-elle, tu es de plus en plus triste et ton taf n'arrange rien. James m'a dit que tu ne voulais même pas regarder la proposition de projet qu'il t'avait envoyé.

Ohlala, elle va s'y mettre aussi.

- Liv, si je ne veux pas ne me force pas, je n'ai pas le temps, répondis-je en la fixant.

Elle secoua la tête et saisit mon téléphone que j'avais laissé sur le canapé.

- Mais, ça ne te coûte rien de le lire, au moins s'il t'emmerde après ça, tu diras que tu as quand même pris le temps de regarder, mais que ça ne t'intéressait pas.

D'un côté, elle n'a pas tout à fait tort. Eh puis cinq minutes de ma vie c'est quoi? Trois fois rien, au final.

- En plus, James m'a dit que c'était une opportunité en or, et que tu pourras être encore plus célèbre ! s'exclama Liv.

Mais voilà ce qu'ils ne comprennent pas... Je ne suis pas actrice pour être connue, merde ! La célébrité détruit des vies, et ce n'est pas ce que je veux. Je suis déjà bien trop connue ici, ce n'est donc absolument pas pour me faire ma réputation ailleurs que j'accepte des tournages.
Si je suis actrice, c'est par passion, et ça devrait être comme ça chez tout le monde.

- Je suis fatiguée, je verrai plus tard, disais-je en montant dans ma chambre.

J'entendis mon amie souffler mais n'y prêtais pas attention.

Je ne voulais pas de ce tournage, ni de celui-là, ni de n'importe quel autre.
Le cinéma était une passion, mais la célébrité était un poison.
C'est décidé, demain, je poserai ma démission.

◇♡◇