Chapitre 39 « Fouiller le passé »

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Chapitre 39 « Fouiller le passé »

 

« Et c'est sur ces mots que l'appel prit fin, mes genoux cognant contre le sol. Il avait réussi, il m'avait réduit au néant. »

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Les secondes, les minutes, les heures, les jours et les semaines passent toujours au même rythme dans nos vies. Mais dans certain cas notre esprit nous fait croire que ce n'est plus le cas. Parfois certaines minutes semblent durer des heures et nous éternisent une journée. Et certaines minutes éternisent parfois des vies.

Lizzie est porté disparue. Et ça fait deux jours. Deux jours qui ont tout deux duré 24heures, soit 48heures. Est-ce réellement possible qu'une heure se dédouble en deux ? Non, je veux dire, même si on en oublie la relativité du temps, vous croyez ça possible ? Je me demande parfois si le monde peut s'expliquer autrement que par la physique. Parce que si on regarde bien finalement beaucoup de phénomènes ne s'expliquent pas. Pourtant on les observe et on tente même de les résoudre. Mais je crois que la science à ses limites. Pour autant je ne crois pas en la puissance d'un être suprême capable de faire tout ceci. Je crois que le monde est bien plus complexe que des formules de physiques et que même si on a beau chercher sa composition, se rapprocher un peu plus du but, celui ci n'est que plus grand.

J'ai l'impression que les heures sont aussi longues que des journées. Il n'y a pas une seconde où je ne pense pas à elle. On ne sait toujours pas où elle se trouve. Pourtant Adrien remue activement son réseau afin de savoir quelle planque Jack a choisit pour emprisonner Lizzie. Ses équipes en ont déjà fouillé une petite dizaine mais ils n'y ont rien trouvé si ce n'est des camés plus défoncés les un que les autre.

Je le déteste, cet ordure. Mais je crois que le pire c'est que je me déteste encore plus. Je l'ai laissé prendre le pouvoir sur ma vie encore une fois. Mais cette fois c'est totalement différent. Il détient la chose qui m'est la plus précieuse au monde, et je donnerais tout pour la retrouver. Il ne sait pas qui je suis, ne l'a jamais su et ne le saura sans doute jamais. Il est ignorant. Et il est grand temps que tout cela devienne une force, ma force.

                                                                        * * *

Point de vue de Lizzie.

Il fait froid ici et il fait noir. La solitude m'accable, la douleur m'accable elle aussi. Mais une seule question me revient en tête : Suis-je morte ?

                                                                        * * *

Point de vue de Kyle.

Je sens qu'une nouvelle journée longue et épuisante s'annonce à moi et j'ai déjà les épaules voûtés à l'idée d'être encore obligée de faire face à tout cela : le vide et la solitude. Je me le répète sans cesse, mais elle n'est plus là. Ce n'est qu'une vérité comme une autre, pourtant celle-ci me fait mal, terriblement mal et j'aurais voulu que se soit un mensonge.

Ce qui me fait le plus mal c'est que je n'y étais pas préparé. La dernière fois que je l'ai vu, elle était sous sa couette la tête enfouis dans son oreiller, des larmes perlant à ses yeux. J'ai déposé un bref baiser sur son front et je m'en suis allez vaillant et fort pour affronter nos problèmes. Mais mes souvenirs d'elle ne sont plus intacts. Je veux me souvenir. Il faut que je me souvienne.

La teinte de ses yeux.
La douceur de sa peau.
La senteur de ses cheveux.
La gaieté de sa voix.
La blancheur de ses dents.
Le rouge de ses lèvres.
Le goûts de ses lèvres.
L'arrogance de ses mots.
Le son de son rire.

Pourquoi tout se brouille ? Mes souvenirs s’emmêlent, plus rien ne semble clair. Et soudain une phrase me revient en tête. Elle s'entrechoque dans mon crâne comme si c'était ce que je cherchais. Et ça l'est, c'est la clé du problème, j'en suis sur.

« Personne n'est indispensable, pas même toi. »

                                                                          * * *

FLASH-BACK

L'air est lourd et le temps orageux. C'est une journée d'été un peu maussade et du coup je suis un peu grognon. En plus je viens de finir mon paquet de cigarette. Vraiment une bonne grosse journée comme on les hait.

Je dévale les escalier en trombe enfilant un tee-shirt propre. Je sautille jusqu'au placard tentant de mettre mes chaussettes, les clefs de ma moto à la bouche.

Jack observe la scène un brun rieur sur le pas de la porte.

Je me glisse au fond de ma veste, y fourrant les mains.

« Tu vas où ?

-J'sors faire un tours, répondis-je sans plus d'attention

-Faire quoi ? M'interroge-t-il

-Oh, mais tu vas pas t'y mettre toi aussi. La journée est déjà assez chiant comme ça. Alors fou moi la paix.

-Je répéterais pas ma question, répond-il sévère

-Grand bien te fasse alors ! Fou moi la paix j'viens de te dire. J'ai pas besoin de toi tu comprends ? J'suis grand.

-Alors comme ça t'as pas besoin de moi ? Me dit-il se postant face à moi

-Voilà, c'est ça tu as tout compris. Tu sais personne n'est indispensable, pas même toi tu sais. Hurle-je hors de contrôle. »

Il ne répond rien, mais son regard a parlé pour lui. Quelque chose vient de se briser en lui. Je viens de le blesser.

Sans un geste de plus il tourne les talons et s'enfonce dans les couloirs de notre résidence.

FIN DU FLASH-BACK

                                                                        * * *

Je me lève d'un bond du fauteuil sur lequel je suis assis. Je déambule entre les pièces à la recherche d'Adrien et lorsque je le trouve, je lui fait partager mes recherches.

« Je sais où il la garde. »

Adrien fait volte face, il n'hésite pas une seconde, il charge son 38 et le range à sa ceinture.

« Allons-y. Il ne doit pas nous attendre. »

Je souris, victorieux. Je crois que j'orne enfin un vrai sourire, un sourire franc.

Le sourire de l'espoir.

©

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