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— Gamine, j'espère que t'as fini de faire le ménage !

Insupportable. Un très beau mot pour décrire ma situation. Moi qui ai horreur de faire le ménage me voilà obligé d'en faire. Évidemment, ce n'est pas une simple salle que je dois nettoyer de fond en comble. Ça serait trop simple !

— Ça se fait pas en deux minute je te signale, schtroumpf grognon ! Hurlais je à mon tour, en espérant que ma petite pique lui parvienne.

J'attends quelques secondes, les yeux fixés vers le fond de la grotte, mais il n'y a aucun mouvement. Je bougonne, déçue qu'il n'est pas entendu mes propos. Mon balaie en main, je reprend là où je m'étais arrêter, bien décidé à terminer au plus vite.

Munie de mon fidèle alliée face à cette guerre sans fin contre la poussière, je ne laisse aucune saleté derrière moi. Je répète ce processus les heures suivantes, déterminée à en découdre pour remplir ma part du marché. Il me reste un dernier coin à nettoyer, et pas des moindres. Mon regard explore le moindre petit détail, le souvenir du cadre renfermant la photo des deux frères me revient. Je remarque qu'il ne repose plus au sol, évidemment. Il ne reste que quelques débris. La dernière fois que je suis venue ici remonte à quelques temps maintenant. Même si je ne saurais dire exactement quand puisque je ne sais pas comment se déroule la temporalité ici.

Fatiguée de mes derniers efforts je décide de prendre une pause, je m'assois alors sur le lit de James. Défait, évidemment. J'ai jamais vu un habitat autant en bordel. Comment arrive-t-il à vivre la dedans ? Après tout c'est pas vraiment mon problème. Ce type est aussi bizarre que son frère, bien qu'il montre un peu plus d'empathie à mon égard, et encore.

— Alors on se la coule douce ?

Je sursaute et me relève rapidement, prise sur les faits. Un petit grognement m'échappe, évidemment il fallait qu'il arrive quand je ne fais rien. La poisse.

— Je prenais juste une petite pause. J'ai presque fini de toute manière.

— Dans ce cas, remet toi au boulot feignante.

Mes yeux s'agrandissent face à sa remarque. Touchée en plein égo, mes poings se serrent, je fulmine, je vais lui faire avaler son petit air supérieur.

— Moi feignante ? T'étais où pendant que je nettoyais ton bordel, hein ? J'aboie, la moutarde au nez. Entrain de rien foutre. Alors le feignante tu te le colles sur le front pour te désigner toi abruti. Ah ! Et tu rajouteras : Monsieur Grognon. Ça t'iras à merveille, avec ça toutes les nanas du coin vont rappliquer.

Sur ces dernières paroles, un petit sourire amusé prend place sur mes lèvres.

— Il me semblait pourtant que Schtroumpf Grognon m'allait mieux non ? Ironise James.

Surprise, je le regarde de travers. Je ne m'attendais pas à ces mots, flûte.

- Tu as donc entendu... Je baisse le regard soudainement mal à l'aise.

Un petit rire prit place. Abasourdie, mes yeux se relèvent immédiatement, et un spectacle que je n'aurais jamais cru voir se dresse devant moi : James, la main devant la bouche, pouffe, les yeux rieurs. Je reste ébahie, la bouche formant un magnifique cercle et les yeux comparable à des soucoupes.

— Pour tout dire, je ne sais pas ce qu'est un schtroumpf mais je suppose que c'est pas très flatteur, non ?

Incapable de formuler quoique ce soit pour l'instant, je mime une grimace. J'essaie de reprendre mes esprits. Il ne faut pas que je le laisse me décontenancée.

Hm... Oui, en effet... Pour la faire simple, c'est des petits bonhommes bleu qui vivent dans des maisons faites à partir de champignons. Et chaque personnage a un caractère spécifique, ainsi leurs noms dépendent de ça.

Il me scrute quelques secondes, prenant en compte mes paroles, la main droite sous son menton.

— Donc, je suis grognon si je comprend bien ?

Je m'esclaffe.

— Oh que oui !

L'ombre d'un sourire passe sur son visage.

— Bien, je prend note. Maintenant, remets toi au travail puisque je suis de mauvaise compagnie. Sur ces mots, il pivote du côté opposé au mien.

— Attends ! Ses pieds arrêtent de fouler le sol de la grotte. Est qu'on pourrait parler après ça ? J'ai une multitude de questions à te poser. S'il te plaît, j'achève en mettant mes mains en prière.

James se retourne lentement vers moi, ses yeux verts se plongent dans les miens pendant de longues secondes. Ma respiration devient de plus en plus saccadée et je sens des picotements dans le bas de mon ventre. Chose qui ne met jamais arrivée. 

— C'est d'accord. De toute manière on va vivre un sacré moment ensemble, pour que tu puisses remplir ta part du marché. Cette grotte sera ton gîte jusqu'à nouvel ordre.

Sans demander son reste, il tourne les talons et s'en va rejoindre le fond de la grotte. Me laissant seule, stupéfaite et perdue. Je ne m'attendais pas à rester ici, je pensais qu'une fois le ménage fini il me mettrait dehors. Je me suis lourdement trompée. Je ne comprend pas ce qu'il attend de moi, et au fond j'ai bien peur que ce ne soit pas positif.

Je lève les yeux vers le centre de la grotte. D'un mouvement circulaire je la balaie d'un regard. Un petit soupir franchie la barrière de mes lèvres, et une pensée fleurie en moi : 

Bienvenue dans ta nouvelle maison, Abi'.


Peter Pan & le Pays des SongesWhere stories live. Discover now