Toutes mes vies ~ Mikey x Oc

Chapitre 4

Cette fois-ci, ce sont des exclamations de surprise et d'indignation qui fusent à travers le hangar. La plupart sont simplement étonnés, d'autres sont carrément offusqués que Mikey propose une place dans le Toman à une gamine comme moi. Pourtant, lui et Draken n'ont qu'un an de plus... Mais ces deux gars ne sont pas sur la même ligne que moi et les autres. Ils mènent leur jeu à un niveau bien supérieur au mien.

_ "par conséquent, même si je suis censé faire régner l'équité dans ce gang, sachez que Katako est en quelque sorte ma protégée, de par son jeune âge. Donc quiconque osera la toucher aura affaire à moi, c'est clair ?"

Cette fois, je rougis légèrement à l'idée que le chef du Toman se soit mis en tête de me protéger.

Après un regard vers la foule médusée qui nous fait face, je me retrouve obligée de sortir en courant, ne pouvant plus retenir mon rire à la vue de leurs yeux écarquillés et de l'expression de terreur qu'ils arborent. Une fois en dehors du hangar, je me réfugie dans une fougère et laisse éclater mon hilarité, si bien que lorsque Draken vient me chercher, une vingtaine de minutes plus tard, il me trouve allongée par terre, les yeux ruisselant de larmes et le souffle court.

_ "tout va bien ?" me demande-t'il, l'air inquiet.

Je lui réponds avec une respiration saccadée.

_ "oui t'inquiète, c'est juste que leurs têtes me faisaient tellement marrer, je me suis tirée pour rigoler tranquillement."

_ "pff... Et moi qui pensais que t'avais eu peur et que tu t'étais barrée."

Après avoir répondu par la négative, il me tire pour m'aider à me relever, et nous nous dirigeons de retour vers le hangar, dans lequel nous attend Mikey et le reste du groupe, dispersés sur des caisses leur servant d'assises. Mikey me lance un regard accompagné d'un sourire, et m'invite à m'asseoir à sa "table" accompagnée de Draken.

_ "vous êtes là... Allez, suis-moi Katako je vais te présenter les chefs de team et leurs adjoints."

Chose qui fut parfaitement inutile étant donné qu'une fois dehors, je ne me souvenais du nom que de deux personnes sur les dix qui m'ont été présentées. Les seuls m'ayant marquée sont Pachin, avec son air ahuri, et Mitsuya avec ses cheveux à la couleur indéfinissable. Les autres, je me rappelle des noms, mais je suis incapable de les associer au visage correspondant.

En revanche, pour ce qui est des autres membres, je crois qu'ils m'ont bien gardée en mémoire. Je pense qu'ils étaient quelque peu impressionnés que j'aie réussi à taper dans l'œil de leurs chefs de cette manière. Ils avaient l'air effrayés, également, probablement à cause des menaces proférées par Mikey à leur encontre si ils levaient la main sur moi. J'étais à la fois flattée qu'il veuille me protéger à ce point, et à la fois plutôt vexée puisque je pense être capable de me défendre par mes propres moyens.

J'entame le chemin de ma maison, à pieds, l'esprit ailleurs, et mes pensées se bousculent dans ma tête, m'empêchant de réfléchir correctement. Une fois que Mikey m'avait présenté les chefs, nous avons un peu discuté, et lorsque je lui ai demandé en quoi ça consistait exactement d'être membre d'un gang, il m'a répondu mot pour mot : "c'est difficile à décrire, en fait tu ne fais rien de particulier, enfin si, mais non, en gros, c'est surtout un état d'esprit."

Cette réponse ne m'a servi absolument à rien, et devant mon air étonné il a rigolé en me disant que je comprendrais avec le temps, puis m'a demandé de les rejoindre, lui et Draken, demain à 14 heures.

Une fois chez moi, je m'étale sans conviction sur mon lit, et je fixe le plafond sale pour essayer de dêméler mes pensées. Tout s'est déroulé si vite aujourd'hui que je peine à y croire. Et surtout, j'ai peur des affaires auxquelles je pourrais me retrouver mêlée en tant que membre du Toman. En réalité, je ne suis pas effrayée pour moi, mais pour Yukio, mon petit frère, et la seule famille qu'il me reste, du moins la seule à laquelle je tiens. S'il souffrait encore par ma faute, je ne pourrais jamais me le pardonner.

Réalisant que je ressasse de sombre pensées, je me lève rapidement, et, décidée à chasser les ondes négatives de mon esprit, je m'empare avec détermination d'un balai et d'une serpillière, et me prépare à passer les deux prochaines heures à nettoyer de fond en comble le studio crasseux dans lequel je vis, seule.

J'ai beau détester faire le ménage, c'est le seul moyen que j'ai trouvé pour éviter à mon esprit de divaguer trop loin du côté de mes souvenirs avec Yukio.

Comme je m'y attendais, après exactement deux heures et dix-sept minutes, ma pièce de vie est impeccable, si l'on excepte les tâches sur les murs dues à l'humidité et qui ne partiront probablement jamais. Épuisée, je m'endors comme une pierre sans même avoir mangé, et ma nuit se déroule sans aucun rêve.