Chapitre 4 : Sous la Chemise

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La vache, il avait mal de partout.

Les yeux grands ouverts, Flavia dans les bras, Lev n'avait aucune idée de combien de temps il avait dormi. Dans tous les cas, le médicament concocté par Éléazar ne faisait plus effet. Ou alors, ça avait atténué le plus gros et il restait seulement d'énormes courbatures. C'était probablement ça.

Dans tous les cas, il avait mal. Et il n'osait pas bouger.

Il n'avait aucune envie de réveiller sa femme.

Parfaitement alerte, il profita de ce moment d'accalmie pour réfléchir à sa situation. Du coup, il sourit comme un gros benêt.

Jamais, au grand jamais, il n'aurait cru voir Flavia au mariage.

Alors, quand il l'avait reconnu en soulevant son voile, il n'avait pas pu s'empêcher de l'embrasser. Le cœur gonflé de joie. Puis il avait réalisé un détail. Théoriquement, ils ne se connaissaient que de vue. Lui l'avait rencontré une seule fois, chez Véra, où il était venu râler pour il ne savait plus quelle raison. Il avait alors croisé sa sœur cadette. Il aurait voulu lui parler, ce jour-là. Lui dire qu'il savait.

Mais Véra l'avait jeté dehors pour avoir osé venir jusque chez elle pour lui casser les pieds.

Enfin... On allait dire que ça, c'était la rencontre officielle. En vérité...

-Mmh... Lev ?

L'entendre prononcer son prénom le fit sourire de nouveau comme un gros benêt. La tête contre son torse, Flavia émergeait lentement.

-Quelle heure est-il ? bafouilla-t-elle.

-L'heure de prendre un bain. Je pue, ma douce.

Cette remarque, tout à fait inattendue pour elle, la fit rire. Il aimait ce rire. Doux, délicat. Sincère.

-Je dois avouer que les effluves du combat n'étaient pas que sur l'armure. Votre chemise empeste.

-Hé ho !

-Quoi ? Je ne devais pas le dire ?

-Non, je disais "hé ho", pour le vouvoiement.

-Oh. Je vous avais dit que c'était un réflexe.

-Mais c'est triste un vouvoiement au lit, se plaignit-il en la serrant contre lui.

-Lev...

-Oui ?

-On prend un bain ?

Ah... Sa chemise devait vraiment sentir mauvais.

-Tu n'as jamais testé les sources chaudes des Clypeus, n'est-ce pas ?

Question rhétorique. Il l'aurait su aussitôt si Flavia avait posé un orteil ici.

-Non. Mais il parait qu'elles sont réputées.

-Alors vient découvrir un de tes nouveaux trésors, ma Duchesse.

Lorsqu'il avait pris possession de la forteresse du Nord, Lev avait fait faire quelques emménagements. Son grand-père était bien gentil, mais il avait des gouts spartiates ! Pourtant, ce n'était pas du luxe pour un Bouclier que d'avoir une immense baignoire alimentée avec l'eau des sources chaudes sous la résidence. Un caprice ? Non.

1-Le Bouclier de GentemWhere stories live. Discover now