Chapitre 6

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Je suis totalement paralysée. Tout s'est passé si vite.

La pièce étant petite, nous sommes très proches l'un de l'autre. Je n'ose pas le regarder. Ma tête est à hauteur de son torse, que je focalise depuis tout à l'heure ne sachant pas comment réagir. J'entends malgré moi son cœur battre très vite, tout comme le mien. Malgré notre proximité, il ne me touche pas et ne fais aucun geste déplacé.

- Adam ? T'es où ? Je t'ai vu entrer, arrête de te planquer !

Une voix rauque apparaît derrière la porte. Ne donnant aucune réponse, nous entendons les marches craquer sous les pas de l'homme qui cherche Adam. Je crois la reconnaître mais pas moyen de me rappeler de qui elle provient.

L'individu redescend les marches et passe dans le couloir. Entendre le son de ses pas se rapprocher de nous au risque qu'il puisse ouvrir la bonne porte me rend très nerveuse. Je décide d'enfin relever la tête vers Adam, cherchant du regard la marche à suivre. Ses yeux sont posés sur moi, l'air impassible malgré la situation dans laquelle il m'a mise. Doucement, l'ami de Marc met son doigt devant sa bouche pour me faire comprendre de ne pas faire de bruits. Je me contente d'acquiescer. J'aurais pu crier, signaler à l'individu qu'il est là. Après tout, je ne le connais pas et je n'ai pas envie de me mêler aux histoires d'un homme qui n'est apparemment pas très fréquentable. Pourtant, j'obéi. Je ne sais pas ce qu'il a fait mais je n'ai pas envie de lui créer de problème.

Une fois avoir entendu la porte de la maisonnette se refermer, je me détends enfin. Je souffle un bon coup pour extérioriser le stress que je viens d'accumuler en aussi peu de temps. Adam a aussi l'air d'être rassuré.

- C'était moins une, commence-t-il.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? lui demandé-je.

Nos regards ne se sont pas quittés. Nous pourrions enfin sortir de cette petite pièce mais aucun de nous ne bouge.

- Ça ne te regarde pas, finit-il par me lancer en détournant enfin les yeux.

Je ne m'attendais pas à cette réponse. Toutes les pensées et envies que j'ai pu avoir à son égard jusqu'à présent se retrouvent chamboulées. Je me suis fait des idées depuis le début ? Mais qu'est-ce que tu croyais au juste ma grande ? Tu es en couple au cas où tu l'aurais oublié !

- Oui tu as raison, capitulé-je en détournant aussi le regard. Tu ne me connais pas et je ne te connais pas non plus alors on ne se doit rien. Maintenant pousse-toi, j'aimerais sortir d'ici.

Je me retrouve vexée malgré moi, honteuse d'avoir eu toutes ses pensées obscènes pour un homme qui ne partagent pas les miennes. Et parce que j'ai Edward.

Adam ne bouge toujours pas. Je relève la tête et aperçoit qu'il me regarde de nouveau, les sourcils froncés. Mais à quoi il joue ?

Ne dédaignant pas réagir, je tends le bras vers la poignée de porte. Une fois atteinte, je commence à l'enclencher quand Adam m'attrape fermement le bras. Son visage s'approche dangereusement du mien. Son souffle irrégulier me caresse les lèvres. Mon cœur se remet à battre la chamade. Je n'arrive pas à bouger. La paralysie revient.

- Qu'est-ce que tu m'as fait bon sang ? me chuchote-t-il.

Quoi ? J'ai bien entendu ? C'est plutôt moi qui devrais te poser cette question.

Aucun son ne sort de ma bouche. Je me contente de déglutir tout en continuant de soutenir son regard. Sa main est toujours fermée sur mon bras.

- Je... je ne sais pas, finis-je par bafouiller.

Adam sourit. Chaque fois qu'il a cet air malicieux, il me fait fondre littéralement.

- Comment tu t'appelles ? me demande-t-il.

- Gabrielle.

- Rien à voir avec l'ange j'espère.

- Je suis loin d'en être un.

Il rigole. Mais qu'est-ce que je viens de dire ? Je n'arrive décidément pas à réfléchir clairement quand je suis avec lui. Je sors tout ce qui me passe par la tête et regrette par la suite.

Après une courte pause, Adam continue de s'approcher de mon visage. Non ne le laisse pas faire ! Heureusement pour moi, il arrête d'avancer à quelques centimètres de mes lèvres. S'il avait voulu m'embrasser, je ne sais pas si je l'aurai repoussé.

- J'espère te revoir, finis-t-il par dire.

- Dans tes rêves, lancé-je sèchement.

Il a l'air amusé. Son sourire fait apparaître une petite fossette sur sa joue gauche que je me surprends à détailler. Adam recule son visage et se retourne pour enfin ouvrir la porte. Il sort et me fais signe de passer dans une grossière révérence.

- Merci, me contenté-je de répondre en le dépassant.

- Au revoir, Gabrielle.

J'aime quand il prononce mon prénom. Je le trouve plus jolie tout à coup.

- Au revoir, Adam.

Il sourit une dernière fois et part en direction de la porte d'entrée. Il sort enfin de la maisonnette, me laissant seule dans le couloir qui est devenu maintenant sombre et silencieux. Le sentiment de solitude revient me frapper de plein fouet. Pour la première fois depuis longtemps, je me suis sentie vivante. C'est donc cela que je recherchais tout ce temps ? Rencontrer un bel inconnu qui me ferait me sentir belle et désirable ? Les sentiments d'Edward ne me suffisent plus ? Trop de questions se bousculent tout à coup dans ma tête. Je suis perdue face à ces sentiments nouveaux et perturbants. Moi qui étais pressée de sortir de cette crise censée être existentielle... Je sais à présent qu'elle est plus compliquée que je ne le pensais.

Je sors de la petite maison et regarde autour de moi. Aucune trace d'Adam. Je retourne sous la tente. Presque tous les invités sont sur la piste en train de danser le Madison avec les mariés. A côté d'eux reste quelques petits groupes en train de discuter un peu partout. Je finis par croiser le regard de mon compagnon qui se lève pour venir vers moi.

- Où étais-tu ?

- J'étais partie aux toilettes.

- D'accord. Je commence à être un peu fatigué. J'aimerais que l'on ne tarde pas à rentrer à l'hôtel.

- Oui, je vais chercher mon manteau.

- Je t'attends.

En temps normal, j'aurais été déçu de devoir partir si vite d'une soirée dansante mais cela m'est égal. A partir du moment où Adam est parti, je n'avais plus la tête à faire la fête. C'est comme si j'avais eu un déclic que j'essaie encore de refouler. Je n'arrête pas de cogiter davantage. C'est pire que ce matin.

Je traverse le jardin pour aller chercher mon manteau quand je croise le père de Marc qui a visiblement l'air déboussolé. Je ne peux m'empêcher d'écouter ce qu'il est en train de dire aux parents d'Elisa.

- Je l'ai cherché partout, pas moyen de le retrouver. La prochaine fois que je le croise, je lui remonterai les bretelles bien avant qu'il ait le temps de fuir à nouveau.

Sa voix ! C'était donc lui qui cherchait Adam. Mais pourquoi ? Je décide de faire mine d'approfondir mes recherches concernant mon manteau alors que je l'ai trouvé dès que je suis arrivée.

- Il ne doit pas me parler de cette manière, continue-t-il. Il faut qu'il apprenne à respecter ses aînés, surtout envers celui qui l'a élevé.  

Between you two [Tome 1]Where stories live. Discover now