𝐌𝐞𝐭𝐞𝐨𝐫 𝐒𝐡𝐨𝐰𝐞𝐫 - 𝗋𝖾𝖼𝗎𝖾𝗂𝗅 [ 𝗁𝖺𝗂𝗄𝗒𝗎𝗎 ]

bokuaka || dripping down your neck

⟡꙳⋆ fluff

     C'était une chaude soirée d'été et les deux garçons n'étaient pas sortis de la journée, désireux de rester au frais dans la grande maison qui appartenait aux grands-parents de Bokuto. Située juste en face de l'océan, ils n'avaient qu'à franchir le pas de la porte pour se retrouver les pieds dans le sable blanc.
C'est d'ailleurs ce qu'ils firent vers vingt-et-une heure, quand le soleil commençait à descendre sur l'eau, laissant ses rayons se refléter sur la surface lisse devenue rose.

Kōtarō fut le premier à entrer dans l'eau en poussant un soupir de satisfaction. Elle n'était pas froide malgré sa transparence impressionnante. Akaashi avait toujours dit que les eaux translucides étaient les plus fraîches, mais le plus âgé n'était pas d'accord. Et cette baignade en était la preuve.

L'autre garçon mit un peu plus de temps et laissa quelques minutes les vaguelettes lécher ses chevilles. Il se rendait à l'évidence : la température était idéale. Alors il rejoignit son meilleur ami dont seule la partie supérieure du visage était hors de l'eau et qui s'amusait à vider ses poumons sous la surface rosée, faisant éclater de nombreuses bulles d'air.

    Puis Bokuto se pinça le nez, prit une inspiration bruyante avant de plonger entièrement et de ressortir tout aussi vite en frottant ses yeux rougis par le sel. Ses cheveux n'avaient plus leur mouvement habituel, n'étaient plus levés vers le ciel. Ses mèches étaient plaquées sur son front et sa nuque, les gouttes perlant successivement des pointes blanches, finissant par rouler le long de son cou jusqu'à ses épaules imposantes.
    Akaashi fit son possible pour détacher son regard de ce spectacle aussi simple que merveilleux pour lui qui, depuis maintenant trois ans, vouait un amour inconditionnel pour son capitaine sans jamais n'avoir osé dire quoi que ce soit.

    Ce dernier se rapprocha doucement de Keiji et lui sourit en plongeant ses pupilles dorées dans les siennes, pupilles dans lesquelles se reflétait les derniers rayons de l'astre. Le brun eut l'impression de s'y noyer. Il aurait pu. Il aurait pu rester des heures plongé dans ses yeux qu'il aimait tant sans vouloir sortir la tête de l'eau. Mais son ami le tira de sa contemplation en posant une question stupide qui, comme d'habitude, arracha un sourire bienveillant au passeur de Fukurodani.

    Puis leurs regards se tournèrent vers l'horizon. Ils restèrent pensifs un moment, n'écoutant que le murmure des vagues qui s'échouaient sur le sable encore chaud, percevant à peine la respiration de l'autre.

- Akaashi ?
- Mh ?
- Je peux te demander quelque chose ?

    L'intéressé lui fit signe de continuer et Kōtarō leva les yeux vers le ciel qui prenait une teinte de plus en plus mauve.

- Est-ce que t'as déjà été amoureux ?

    Il ne répondit pas tout de suite, déglutissant avec difficulté.

- Oui, finit-il par dire en regardant un poisson passer près de lui.
- Et comment ça s'est fini ?
- Ça ne s'est jamais fini.

    Le silence retomba, les vagues continuaient leur chant.

- Akaashi ?
- Mh ?
- De qui es-tu amoureux ?

    Le plus jeune leva les yeux vers son ami qui le regardait intensément. Les deux hommes retenaient leur souffle, ils avaient peur de tout gâcher. Keiji était pétrifié, Bokuto espérait.

- D'un ami, marmonna le brun en se grattant la nuque.
- Je vois.

    Akaashi mourait d'envie de lui retourner la question. Qu'est-ce qui l'en empêchait après tout ?
    Oh, il savait ce qui l'en empêchait. D'abord qu'il réponde que non, il n'était amoureux de personne. Ou alors si, mais d'une fille. Ou alors oui, d'un garçon, mais pas de lui.

- Moi aussi je suis amoureux d'un ami, déclara le plus grand en basculant en arrière pour se laisser flotter sur le dos.
- Vraiment ?
- Oui, soupira-t-il.

    Le cœur des deux hommes battait affreusement vite. Un mélange d'angoisse et d'excitation qui formait un creux dans leur ventre, faisant chauffer leurs joues bientôt aussi rose que l'eau.

- Akaashi ?
- Mh ?
- Je peux t'embrasser ?

    Il crut rêver. Ça ne pouvait pas être vrai, c'était trop parfait. Il hocha cependant la tête et Bokuto se redressa, faisant scintiller l'eau autour de lui.
    Doucement, il plaça sa main fraîche sur le cou de son meilleur ami, déposant de petites gouttes sur sa nuque. La respiration saccadée, ce dernier resta patient, admirant chaque détail du visage de celui qu'il aimait tant, n'ayant jamais eu la possibilité de le voir d'aussi près. Leurs nez se touchaient presque et le souffle de l'un se mêlait à celui de l'autre.
     Puis les lèvres du champion se posèrent délicatement sur celle de son passeur, le laissant goûter à ce baiser salé qu'il avait imaginé tant de fois. Il était doux, il était évident.

    Akaashi passa ses mains derrière la nuque de son amant et soupira, profitant de chaque seconde comme si tout allait s'arrêter d'un coup, comme si ce moment n'était qu'une illusion, un rêve dont il se réveillerait en pleurs.

- Je t'aime, murmura l'un des deux.
- Moi aussi je t'aime.

   Le soleil avait laissé sa place à la lune et aux points étincelants qui l'accompagnaient. Enroulés dans une seule et unique serviette, Bokuto et Akaashi restèrent de longues minutes front contre front, main dans la main. Enveloppés par la nuit, sous le ciel étoilé du bord de mer, les deux garçons se chuchotèrent quelques aveux qui empourprèrent leurs joues une fois de plus.

    Ils passèrent la nuit enlacés dans le grand lit de l'attaquant, bercés par la respiration de l'autre. Keiji, dont le visage était toujours niché dans le cou de son nouveau petit-ami, repensa à sa question.

« Et comment ça s'est fini ? »

    Il lui avait répondu que son amour n'avait jamais connu de fin.

    Le plus grand le rapprocha un peu plus, resserrant ses bras musclés autour du brun.

À présent, il en était sûr. Plus le temps passait, plus il en était convaincu : il aimera Bokuto jusqu'à la fin de sa vie.

࿐༉⟡꙳⋆

artiste : adelaida