Chapitre 2

3.1K 274 44
                                    

« La perfection n'existe pas... Du coup, ça fait de moi un fantôme ? »

— Exilée ? Comme dans « envoyée de force » ?

Mon frère se figea sur son siège. Je m'avançai vers la table et posai mes mains dessus, prête à les insulter.

— Vous n'avez pas le droit, me coupa Seth.

Je déviai mon regard sur lui. Il semblait tout aussi révolté par cette décision que moi, ce qui me rassura quelque peu.

— Il en est de notre sécurité à tous, cracha mon père de ce timbre caverneux. L'immeuble détruit a attiré l'attention de la Confrérie sur nous. Vous savez ce qu'il se passera s'ils apprennent pour Aliénor.

Oui. La mort.

— Ça n'est toujours pas à vous de décider pour elle ! cria mon frère qui sauta hors de sa chaise, fou de rage.

Je me levai à mon tour, les sourcils froncés à m'en créer des rides.

— Il en est hors de question. Ma vie est ici, à Chicago.

Je serrai mes poings. Mes mains s'engourdissaient à mesure que mes pouvoirs se réveillaient, attisés par la puissance de ma rage.

La colère était le moteur de mes flammes. Dès lors que je ressentais cette émotion, ma magie remuait à l'intérieur de mon corps pour filer droit vers mes extrémités. Et ça finissait souvent en désastre, car j'avais énormément de mal à contrôler toute cette énergie qui ne demandait qu'une chose : exploser. Plus ma haine était forte, plus il m'était difficile de la maîtriser.

Mais je n'avais aucune chance face à mon père. L'affronter revenait à signer mon arrêt de mort. Il était tout à fait capable de me rendre la pareille si je l'attaquais, et son feu surpassait de loin le mien. Pour sa survie, il tuerait sa propre fille.

— Tu ne nous laisses pas le choix ! s'égosilla ma mère qui bondit à son tour hors de sa chaise.

— Je ne peux pas tout quitter uniquement parce que vous avez décidé de m'ignorer ! Nous n'en serions pas là si papa avait bien eu l'amabilité de m'apprendre la magie !

— Tu es un cas désespéré, Aliénor. Je n'ai pas la patience requise pour supporter ton insolence.

— Oui, évidemment, c'est toujours de ma faute. C'est moi qui ai voulu hériter de ton pouvoir. C'est moi qui ai voulu devenir une paria au sein de ma propre famille. C'est moi qui ai volé la magie de Seth ! Que suis-je bête !

— Tu nous pousses à bout ! cracha mon paternel. Nous faisons tout notre possible pour protéger notre famille, et tu t'évertues à nous mettre des bâtons dans les roues. Tout ça n'est qu'un stupide jeu pour toi.

— C'est faux.

À côté de moi, Seth attrapa ma main qu'il serra dans la sienne. Son soutien silencieux me fit monter les larmes aux yeux.

— Ça ne t'a pas suffit de ternir notre réputation, il faut en plus que tu risques notre vie ! Tu es incapable de te tenir à carreau comme on te l'a si souvent demandé. Tu n'en fais qu'à ta tête. Ton égoïsme nous tuera tous, Aliénor. Et tu te moques de faire du mal à tes proches.

Je reculai d'un pas. Ses mots me frappèrent comme un coup de massue. Je ne sus quoi répondre à mon père, sonnée par cette haine dans sa voix. Toute ma colère se volatilisa comme s'il venait de souffler dessus. Une immense fatigue s'installa sur mes épaules qui se voutèrent sous l'accablement.
Voilà longtemps que je m'étais fais une raison à propos de mes parents. Je m'y étais habituée. Pourtant, je parvenais encore à être blessée par leurs propos. Quelle idiote.

La sorcière Nokwell (Sous contrat d'édition)Where stories live. Discover now