Chapitre 3

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« Je suis de bonne humeur, alors ne m'énervez pas ! »

Même si j'avais en horreur les bahuts, je devais avouer que celui qui s'étendait devant moi me laissait bouche bée.

Une demi-heure plus tôt, nous avions quitté Bristol et nous étions éloignés de quelques kilomètres pour nous arrêter au village de Failand. Tout ici se résumait à des plaines, des arbres et des maisons en pierres. Ce coin féerique me changeait de la métropole et ses immeubles futuristes.

Ordinary School ne dérogeait pas à la règle. Le lycée pour surnaturels avait été bâti uniquement dans de la pierre. Il se divisait en plusieurs tours, comme le château d'un sorcier fictif à lunettes. Tout autour se déployait une étendue infinie d'herbes, créant un somptueux décor vert.

Stéphan se gara sur le stationnement attitré des professeurs, me précisa-t-il, et sortit du véhicule. Je le suivis, éblouie par la beauté des lieux, et le vis étirer les bras avec un sourire aux lèvres.

— Bienvenue chez moi, lâcha-t-il, les yeux brillants de fierté.

Il y avait de quoi l'être.

— Je comprends pourquoi tu as quitté les États-Unis, soupirai-je, émerveillée.

— N'est-ce pas ? Tu verras, Ali, tu t'y plairas.

Je me retins de lui répondre que je n'avais pas trop le choix et le talonnai jusqu'à l'intérieur de l'école. Stéphan n'était pas au courant de la vraie raison de ma venue ici, et je ne savais pas trop ce que lui avaient raconté mes parents. Je préférais donc ne pas trop en dire.

Personne, hormis mes parents, Seth, et Phoebe, ne savait pour moi.

Après avoir passé les énormes portes en fer forgé, nous atterrîmes dans un hall aux dimensions considérables. La décoration moderne me surprit. Il n'y avait plus aucune once de pierre à l'intérieur, mais un parquet aussi luisant que celui de chez mes parents et des meubles essentiellement en bois. La peinture beige donnait un coup de frais au vieux château, et les nombreuses fenêtres permettaient au soleil de s'infiltrer sous forme de doux rayons. Quelques tableaux accrochés aux murs représentaient des portraits d'hommes que je devinais être de tous les directeurs, puisque le visage de mon oncle figurait sur l'un d'eux. Dans ce silence étonnant pour une prétendue école, je tournoyai sur place pour observer chaque recoin de cette magnifique entrée.

Stéphan m'entraîna alors à la gauche du hall, dans un couloir uniquement éclairé par un vieux plafonnier. Cinq portes s'y trouvaient. Nous traversâmes toute l'allée et pénétrâmes dans celle du fond, qui nous conduisit à son bureau. Je laissai ma valise à côté de la porte et m'installai sur un des deux sièges. Mon oncle, lui, s'adossa au mur près de la baie vitrée.

— Parlons de choses sérieuses, lança-t-il en croisant les bras contre son torse.

Je lâchai du regard la pendule au tic-tac angoissant et l'observai, un sourcil arqué.

— Bon, OK, je n'ai tué personne. Enfin, presque. Est-ce que les envies de meurtre comptent ? Parce que j'ai voulu tuer Nicolas de nombreuses fois, avouai-je.

Stéphan me fixa, l'air perdu. 

— Je ne parlais pas de ta tentative d'intimidation.

La sorcière Nokwell (Sous contrat d'édition)Where stories live. Discover now