Chapitre 14

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🌊 Isaac

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🌊 Isaac

— Qu'est-ce que tu lui as fait ?

Eliott me fusille du regard, me désignant comme responsable de l'état dans lequel se trouve Loey. Romane, elle, a pris le relais en m'ôtant immédiatement sa meilleure amie.

D'une voix enrouée, Loey parvient à dire :

— Ce n'est pas sa faute.

Son regard s'est ancré au mien dès qu'elle est sortie de la piscine, et depuis, ne le quitte plus. Habituellement, les contacts visuels à rallonge me dérangent. Mais étrangement, le sien n'a pas le même effet.

— Tu es gelée Lo', on devrait y aller.

Romane la maintien comme je l'ai fait un peu plus tôt.

Quel abrutis ! Je n'ai pas réfléchi une seconde avant de l'entraîner avec moi, dans cette foutue piscine. C'était pourtant prévisible après une noyade comme celle qu'elle a vécue.

Cette expression de panique sur son visage, m'a instantanément rappelé de mauvais souvenirs.

— Je vous rejoins dans la voiture.

Lorsque Loey regarde ses amis, elle insiste du regard.

— J'arrive dans une minute.

Romane et Eliott n'approuvent pas vraiment, néanmoins, face aux iris probants de Loey, ils obtempèrent.

Je fronce les sourcils quand elle se rapproche de moi.

— Isaac, je–

Je la coupe :

— C'est ma faute.

Elle secoue la tête sans savoir que dire.

Je soupire.

— C'était évident.

Elle n'arrête pas de me dévisager, comme pour pouvoir sonder n'importe quelles de mes pensées.

— Écoute Loey, on a dit juste ce soir. Cet incident fait partie de cette soirée qu'on oublie.

Un pli se forme entre ses deux sourcils. En remarquant son amertume et sa déception, j'ai aussitôt un futile regret. Pourtant, comme si elle ne se permettait pas de perdre son temps, elle affirme :

— C'est vrai, juste ce soir.

Elle fait demi-tour, en veillant à ne pas perdre l'équilibre, avant de regarder une dernière fois par-dessus son épaule.

Je lui fais un signe de tête, tandis qu'elle disparait aussitôt à l'extérieur.

Loey a franchi ces vagues pour je ne sais quelle raison, toutefois elle m'a confirmé de par son caractère et sa capacité à faire face, qu'elle n'est pas aussi stupide que je me l'étais convaincu. Simplement, sa prise de risque me reste en travers de la gorge.

Que ce soit dû à un mal-être, à une crise de nerds, ou je ne sais quelles autres raisons, elle n'avait sans doute aucunes bonnes raisons de se jeter à même un océan déchaîné.

Je sais que le cours d'une vie n'est pas toujours évident. Bordel ouais, je le sais. Mais, on se doit, de se battre. Se battre encore et encore, même si c'est épuisant, même si c'est éprouvant. On se doit de persévérer, parce qu'une putain vie se doit d'être vécue. Des gens se battent pour pouvoir vivre, tous les jours. Des gens se démènent pour reprendre une toute dernière inspiration, alors

qu'elle, elle a failli pousser son dernier souffle, entravé par l'eau, parce qu'elle semblait l'avoir décidé.

Lorsque l'on sait que le temps file si rapidement, on devrait être capable de se raisonner, de se dire que, chaque minute compte, que chaque seconde peut avoir, ne serait-ce qu'un impact, infime soit-il. Une minute est suffisante, une seconde l'est tout autant.

Ma gorge se serre douloureusement. Je m'avance au bar, me prends une bière que je descends d'une traite. Il ne faut pas que j'abuse, je suis au volant ce soir. Je repose la bouteille, sur le comptoir, puis décide de foutre le camp, la musique me tapant sur le système et tous ces étudiants à moitié saouls, me collent des frissons. Je n'ai rien contre les soirées arrosées, j'en fais l'expérience encore souvent, mais ce soir, j'ai simplement envie de me foutre au pieu.

Mâchoire contractée, pris d'une soudaine amertume face aux souvenirs qui jugent bon de refaire surface ce soir, je monte dans mon pick-up et souffle pour tenter d'expulser toute cette soudaine frustration. Ce n'est que lorsque j'expédie un coup sur le volant que je me sens vidé.

Une minute, c'est le temps qu'il m'a fallu pour aller chercher son verre d'eau et ses comprimés quotidiens. Une minute, c'est ce qu'il lui était nécessaire pour pousser son dernier souffle. Une putain de minute.

A WAVE, A CHANGEWhere stories live. Discover now