Chapitre 21

68 9 2
                                    

🌊 Isaac

Oops! This image does not follow our content guidelines. To continue publishing, please remove it or upload a different image.

🌊 Isaac

J'ai fait une sacrée connerie. Jamais en étant pleinement conscient de ce que je disais, je l'aurais traité de cette manière. Avoir un problème, ce n'est pas être taré, ou cinglée. C'est une chose dont je suis parfaitement conscient. Mais, j'ai soudainement ressenti l'angoisse, une impression de déjà-vu et je me suis replié sur moi-même.

Une chose est certaine, c'est que son regard planté sur moi, immergé dans cette eau salée, est presque déconcertant. Son visage entre mes mains, je sens son souffle brulant qui s'échoue sur mes joues.

— Je n'aurais pas dû dire une chose pareille. Pardonne-moi, Loey.

Elle hoche simplement la tête, paraissant exténuée. Je passe un de ses bras autour de mes épaules, et l'accompagne jusqu'à ce que l'on arrive sur le sable sec.

Lorsque j'ôte son bras de mes épaules, elle perd légèrement l'équilibre.

— Tu es au volant ?

Elle m'accorde son regard et secoue la tête.

— Je suis à pied.

À pied ?

Voyant mon incompréhension, elle explique :

— Je n'habite pas très loin.

Je lui propose comme pour avoir l'esprit tranquille :

— Je suis en voiture, je te raccompagne.

C'était plus une affirmation qu'une proposition. Lorsque j'étudie son visage, je comprends qu'elle ne refuse pas. Elle marche silencieusement à mes côtés, tandis que j'aperçois mon pick-up un peu plus loin.

Je lui ouvre la portière passagère et l'aide à grimper dedans. Elle parait à bout de forces. Je m'installe à mon tour, derrière le volant.

— Tu m'indiques le chemin ?

D'un timbre de voix anémié, elle m'informe :

— Toujours tout droit, ensuite à gauche puis au bout, il y aura une entrée de cailloux blancs, ce sera là.

Je retiens un sourire face à son explication rapide.

Je démarre et suis les indications qu'elle m'a données. Effectivement, elle n'est pas très loin de la plage, mais à pied, elle doit être au moins à dix minutes de marche.

— On est arrivés.

Je tourne mon regard vers elle et remarque qu'elle ouvre progressivement les yeux. Sans aucune raison, elle s'excuse :

— Excuse-moi, je me suis endormie.

Je secoue la tête pour lui intimer que ce n'est rien. Elle descend et manque de tomber. Je me redresse et vérifie qu'elle aille bien.

Je coupe le moteur, descend et vais la rejoindre de l'autre côté.

— Ne t'embête pas, rentre chez toi Isaac.

Je ne l'écoute pas et reste à ses côtés pour veiller à ce qu'elle ne se ramasse pas, tête la première dans les graviers.

Atteignant sa porte d'entrée, elle la déverrouille silencieusement, signe que la maison doit être profondément endormie. Pas étonnant, étant donné l'heure tardive.

— Merci.

Je hoche la tête et lui tourne le dos, seulement, avant qu'elle ne referme la porte, je l'interpelle :

— Loey...

Elle passe la tête dans l'ouverture de la porte.

— Je suis désolé d'avoir dit que tu étais...

Elle me coupe, en souriant tristement :

— Cinglée ?

Je hoche la tête.

— Ouais.

Elle hausse les épaules.

— Bonne nuit Isaac.

Elle referme la porte puis je remonte dans ma caisse et file à l'appart que j'ai pour moi seul, cette nuit. Lorsque j'y arrive, mon esprit est toujours occupé par celle qui noie chacune de mes pensées ces temps-ci.

Je verrouille mon pick-up et me dirige instantanément sous la douche, espérant pouvoir penser à autre chose, mais pour le moment, ça semble être peine perdue.

Je rejoins mon lit, continuellement brouillé par des souvenirs que j'aimerais pouvoir oublier le temps d'un instant.

J'enfonce mes écouteur et lance ma playlist, escomptant faire redescendre cette pression qui m'accable sans arrêt.

La seule chose que je trouve à faire, c'est fixer le plafond, comme s'il pouvait me permettre de détourner mes pensées vers quelque chose de moins douloureux.

Le souvenir de ses yeux noisette comme les miens avant que je n'aille chercher ce verre d'eau, ses lèvres qui me souriaient avant qu'elles n'affichent plus qu'une expression neutre. Tout me revient comme une rafale qui souhaiterait que je ne me relève plus.

C'est comme si, je ne pouvais plus jamais me défaire de ce corps éteint, entre mes bras. Comme si, je ne pouvais plus sentir son parfum qui me réconfortait à lui seul. Comme si, cette jovialité, je ne pourrais plus jamais la retrouver à nouveau. Parce que personne ne m'a autant apporté qu'elle, et que désormais, je ne peux compter que sur moi

Je termine par me relever et ouvre la fenêtre pour allumer une clope, en espérant qu'elle ait des effets un peu plus concrets, elle.

A WAVE, A CHANGEWhere stories live. Discover now