le piano.

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remus observe le ciel nocturne sans étoiles, sans doute les lumières du château continuent de briller intensément par la surveillance constante des professeurs, car rien n'était sans danger.
il sait que demain, peut-être déjà aujourd'hui, son repos est très faible et son cœur tout brouillé, son esprit qui vagabonde partout dans son village où il passe ses étés, il songe, peut-être que demain sirius recevra sa lettre, et remus se surprend à oser espérer apercevoir un léger sourire se dessiner sur ce visage angélique, lisant ses mots amoureux.
le matin ne tardera pas à arriver, avec une mine qui redevient maussade il observe cependant avec énormément d'amertume la lune qui se complète, et le danger qui viendra s'installer en lui lorsqu'elle sera pleine.
il réfléchit, pense à ses cours, pour toujours inlassablement laisser ses pensées retomber sur sirius. il est son éclat d'étoile et sa raison d'exister, il pense, il incarne la bonté et la poésie que chaque mot semble emprunter dans son âme chargée d'histoire de poèmes à travers les siècles, il pense à ronsard et à tous ses poèmes d'amour qui frôlent le calme comme la tempête, rien n'est stable, tout est en frissons quand il s'agit de sirius.
remus décide de rejoindre son lit dans le silence, il semble mêlé à lui constamment, remus rimerait avec ce mot, silence. il pense que le silence vaut tous les mots du monde avec un regard, un battement de cœur, et pourtant personne ne chérit les mots autant que lui.
il s'endort paisiblement, les idées emmêlées, la lune, les amis, sirius. ses rêves seront remplis de délicats cadeaux de la nuit, les étoiles viennent s'étendrent dans son sommeil pour l'aider à se lever demain matin.

remus se lève de bonne heure, toujours, le matin l'embrasse et le console, le soleil ou la pluie le touchent et l'apaisent, éloignés de la lune, le jour gagne. il est le premier debout, la salle commune est éteinte et inanimée, le vent du silence imprégne la pièce, remus aperçoit par la fenêtre un temps pluvieux et gris, saison qu'il apprécie beaucoup pour une raison qu'il n'a toujours pas identifiée réellement.
il s'habille tranquillement, ce matin il commence les cours plus tard, mais ce n'est pas pour autant qu'il s'est accordé une heure supplémentaire de sommeil, bien sûr que non.
il s'installe au piano et commence à jouer une douce mélodie qu'il a appris pendant toute son enfance, acharnée à tenter de parvenir à faire sonner cet instrument sans magie, seulement avec la rapidité de ses doigts, et l'on peut l'admette désormais, remus est devenu maître de l'instrument.
ses camarades endormis sont suffisamment éloignés pour ne point entendre sa musique, alors il joue avec élégance et sans crainte de réveiller un élève.
il se met alors à jouer « somebody to love » de queen, lorsque soudain, une voix enchantée, divine et angélique vient accompagner le jeu de ses doigts.
dans la précipitation, remus referme le piano et se retourne, les joues rosées et les mains l'une dans l'autre.
sirius.
de tous les élèves de gryffondor, il fallait que ce soit lui qui l'entende, et dieu qu'il chantait juste, une merveille.
remus baisse les yeux et figés sur le sol, il prononce,
- « je suis désolé si je t'ai réveillé...» sirius lui accorde son plus doux sourire.
- « bien sûr que non cher remus, je me dirigeais vers la grande salle lorsque sont parvenues tes notes à mes oreilles, et que j'aime tendrement cette chanson, je ne pouvais m'empêcher de te surprendre, tu joues avec une extrême justesse, je t'admire ! j'ignorais que tu en jouais. »
remus lève sa tête et regarde les yeux bruns foncés de sa muse, il y reste plongé quelques instants, ce dernier se contente toujours de sourire, il ne s'efface jamais de son visage, et remus reprend :
- « je... je joue depuis quelques années et je dois t'avouer que ta voix est très... très charmante. »
il ferme les yeux et regrette aussitôt ses mots. "charmante"... quel insipide...
sirius laisse résonner un petit rire et le remercie pour cet instant.
- « venant d'un musicien tel que toi, c'est un immense compliment. je vais à la grande salle, prendre mon petit-déjeuner, tu m'accompagnes ? cela me ferait plaisir. »
remus se sentit rougir jusqu'aux oreilles, il ne peut pas refuser une demande aussi douce et avec une voix aussi tendre et chargée d'émotions.
- « avec plaisir... sirius ! »
sans s'y attendre le moins du monde, sirius attrape avec douceur la main de remus et la porte à son cœur.
- « tu sais, on ne rencontre pas tous les jours des gens tels que toi. tu es rare. merci de m'accorder ton amitié. »
remus sent qu'une larme frôle son cœur, mais il se contente de sourire de tout son être.
ensemble, ils s'installent à deux places libres côte à côte, mais évitent le moindre regard ou geste de travers qui pourraient abîmer cet instant enchanté, simple mais unique au monde.
l'heure du courrier arrive.
remus, emporté par son amour, au paradis, avait totalement mis de côté cet instant, oublié. sa lettre... elle allait arriver, et sirius serait à côté de lui lorsqu'il la lirait. remus prétexta sa baguette laissée dans les dortoirs et s'en alla précipitamment vers l'extérieur, sirius le suivait du regard, étonné de la destination de remus qui n'était définitivement pas vers les dortoirs. il se contenta de finir son café, et fût très vite rejoint par une masse de camarades joyeux et souriants, comme tout le monde l'était autour du soleil que formait l'être de sirius.

les hiboux arrivent. sirius reçoit sa lettre avec un infini plaisir, il sait qu'elle vient de son charmant inconnu, et il a hâte de le lire. il s'éclipse silencieusement et vient se poser sur un banc, à l'abri des regards. aussitôt la lettre lue, il pioche une plume et un papier dans son sac et se met à rédiger.
« mon cher anonyme,
tu sais comment manier les mots, n'est-ce pas ? tu as la poésie qui coule dans les veines, et la justesse comme si tu tenais sur un fil, l'encre du bonheur, le fil de la perfection, tu me soulages de tous mes maux à chaque lecture davantage, je pourrais t'appeler mon poète.
d'avoir la chance de te lire un matin est une chance exquise que je ne suis même pas sûr de mériter. personne ne te mérite, n'est-ce pas ?
je t'embrasse si tu l'acceptes, je crois que je tombe amoureux de tes mots. j'espère que ça ne t'embête pas d'avoir un cœur battant si vite derrière une lettre dont tu as le pouvoir. peut-être que je suis aussi un peu amoureux de toi, en fait.
en attente de ta réponse, si tu le veux bien. S.B »
sirius se surprit à rougir à son tour, et comme par réflexe, il oriente son regard vers l'endroit où est parti en vitesse remus, près de la forêt malgré la pluie diluvienne qui tombe sur le château.
sirius sourit, et se dirige vers la volière.

pluie d'étoiles filantes. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant