chapitre 4: deux conditions

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Partout ou qu'elle aille dans le château les affiches indiquant la sortie prochaine à Pré-au-lard la hantaient et l'agressaient de leurs couleurs pastels. En une semaine Hermione avait mangé comme pour un mois et le fait qu'elle se mette parfois à rigoler pour un rien, pleurnicher et se lamenter dans la seconde suivante inquiétait plus encore Harry et Ron que son attitude passée.

Pas le temps toutefois de leur expliquer pourquoi sa vie prenait un tournant dramatiquement désopilant, le week-end était déjà là. L'heure de quitter Poudlard, Ginny -qui partait flirtait avec Dean- et ses deux meilleurs amis était arrivée.

Hermione resserra son écharpe autour de son cou, renfonça son bonnet sur sa tête et enfouit ses mains gantées dans les poches de son petit blouson. Elle n'avait donné aucune excuse à Harry et Ron pour leur justifier son absence pour la journée, elle leur avait juste promis de les retrouver à Zonko avant de rentrer. Si encore elle avait le courage d'aller les voir après s'être retrouvée avec le diable en personne. Qu'est-ce qu'il allait lui dire ? Lui faire ? La jeune fille frissonna à l'idée que leur jeu commence par Fred lui posant un lapin et elle eut un rictus en s'approchant de l'enseigne des Trois Balais. Son cœur battait si fort que c'était étonnant de ne voir personne s'alarmer des bruits de tambours émanant de sa poitrine.

Hermione ferma les yeux, la main sur la poignée, et poussa la porte en prenant une grande inspiration. Des éclats de voix lui parvinrent, des rires et des bribes de conversation sans importance. Elle releva les paupières tout en refermant derrière elle et fit quelques pas avant de se stopper. Fred était accoudé au comptoir, en pleine discussion avec Madame Rosmerta. Il faisait de grands gestes, un sourire épais collé au visage, et Hermione sût d'avance qu'il parlait de son commerce de farces et attrapes rien qu'à l'expression pleine de fierté qu'il affichait. Mais par-dessus tout et malgré elle, la brune constata qu'il n'avait pas changé hormis des cheveux un tantinet plus longs -ce que personne n'aurait remarqué à part elle- et un nouveau manteau noir qui lui donnait un air nettement plus adulte. Il était toujours aussi mignon.

La jeune fille se gifla mentalement et le rejoignit d'un pas un peu plus assuré. Maintenant qu'elle savait qu'il ne lui avait pas posé de lapin...

« Salut », murmura-t-elle à l'intention du rouquin qui la dépassait d'une demie-tête tout en enlevant ses gants pour les fourrer dans ses poches.

Elle adressa un léger sourire crispé à Madame Rosmerta qui y répondit chaleureusement. Fred se tourna entièrement vers elle, pleinement ravi.

« Konichiwa !(1), déclara-t-il avant de lui tirer la langue. Désolée, deux sorciers japonais sont venus dans notre boutique hier, depuis on essaye d'apprendre leur langue avec George et Verity. »

Hermione se sentait navrée pour la pauvre assistante que les terribles jumeaux entraînaient dans leur bêtise. Toutefois elle joignit ses mains devant elle et inclina la tête, sérieuse.

« Ohayo... Hisachiburi ne !(2)»

Devant son expression stupéfaite, Hermione retint à peine un rire et laissa retomber ses bras le long de ses hanches. Comme il l'avait fait avant, elle lui tira la langue et Fred se reprit en pouffant. Madame Rosmerta s'esquiva discrètement, Hermione prit sa place juste en face du rouquin.

« Tu parles japonais couramment ?, lui demanda-t-il avec une profonde marque de respect au fond des yeux.

-Absolument pas. Mais j'avais une correspondante japonaise... avant d'entrer à Poudlard, précisa-t-elle. Je connais certains petits mots passe-partout.

-Tu vas pouvoir m'apprendre alors ! »

Sur ces mots, il se baissa et lui piqua un baiser sur la joue. Hermione se sentit rosir et s'empêcha de s'évanouir. Elle se calma alors qu'il se redressait.

Ce que l'on n'apprend pas à poudlardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant