21.Je n'ai pas peur

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AKSIL

Affalé sur mon rondin de bois, j'observe la tarte flambée dégoulinante de gras et d'huile que je tiens entre les mains. J'ai pourtant pris la plus simple, mais la simple vue des lardons fris suintant de cholestérol me donne la nausée. Je ne sais même pas pourquoi j'accepte de sortir avec eux à chaque fois, je finis toujours par picoler ou me bâfrer comme un débile, sans faire attention aux calories que je suis allégrement en train d'ingurgiter.

- Mmm... C'est trop bon !

L'exclamation satisfaite du rouquemoute me fait lever les yeux au ciel, encore, à croire que je n'ai fait que ça toute la soirée. C'est simple, il s'est enthousiasmé pour tout : les décorations, le champ de maïs, les devinettes à la con, l'odeur de bouffe, l'ambiance de l'endroit... TOUT ! Et même lorsque finalement il n'est pas arrivé premier à cette chasse à je ne sais quoi, il l'a pris avec humour et a félicité les gamins de quatorze ans qui sont arrivés plus vite que lui.

Aucun esprit de compétition. Un sourire niais constamment accroché aux lèvres. Elouan dans toute sa splendeur.

- Tu ne manges pas ? me demande Tanja en lorgnant avidement sur ma tarte flambée que je lui donne avec plaisir.

Je ne comprends pas ce mec, c'est un féru de sport tout comme moi, pourtant il passe sa vie à manger n'importe quoi. Comment reste-t-il en en forme ? Si je devais suivre son régime alimentaire, il faudrait me rouler pour que je puisse avancer. Lui aussi affiche tout le temps cette même expression souriante sur le visage, c'est une espèce d'Elouan mais qui ferait deux fois sa taille et trois fois son poids. J'ai toujours eu du mal avec les gens trop gentils, trop crédules, mais Tanja a ce truc chaleureux qui te fait te sentir à l'aise, jamais dans le jugement, jamais dans la critique facile. C'est un bon gars, dommage qu'il soit hétéro.

- Je m'en reprendrais bien une deuxième ? Qui me suit ?

Je pose les yeux sur le blond à la gueule d'ange et soupire devant son œillade amourachée destinée à Zee. Ces deux-là m'ont rendu chèvre pendant tout le parcours. Elouan et Tanja en tête, j'ai été obligé de garder un œil sur ces deux imbéciles qui flirtaient allégrement derrière moi, se croyant certainement assez dissimulés par la pénombre pour ne pas être vus. Mais moi je les ai vus, en train de se rouler la galoche du siècle, j'ai même cru qu'ils allaient s'envoyer tranquillement en l'air dans la boue. Si je n'avais pas été là pour accaparer l'attention de Tanja dès qu'il se questionnait sur leur absence, ça ferait belle lurette que leur petit jeu pas discret du tout aurait été grillé.

De toute façon, je me demande comment Tanja fait pour ne s'apercevoir de rien, son meilleur pote dévore du regard son petit-frère et ça passe crème, il ne voit rien, n'entend rien, trop content de voir ses deux « frères » se rapprocher à nouveau. Un tel degré d'ignorance m'interroge, soit il fait exprès de fermer les yeux, soit il se complait dans l'illusion de famille qu'il s'est construite depuis tant d'années. Impossible de passer à côté de cet espèce d'amour écœurant qui gravite autour de ces deux mecs, même le rouquin l'a deviné, c'est dire si ça saute aux yeux !

- C'est clairement un scandale, réplique amèrement Elouan en retroussant son petit nez, sa façon de grimacer. Tu peux te taper deux flammekueches et garder ta taille svelte ! Toutes les marraines étaient penchées sur ton berceau le jour de ta naissance toi !

- Pas toutes, il manquait celle de l'intelligence, glisse narquoisement Zee ce qui lui vaut un splendide doigt d'honneur du concerné.

- C'est sûr que toi, elles y étaient toutes hein, ricane Saint en abandonnant finalement l'idée de se reprendre une autre tarte. Celle de l'humour, de la bonne humeur et de la convivialité étaient bien entendu aux premières loges !

Hate Loving YouDonde viven las historias. Descúbrelo ahora