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Assise dans mon lit, je n'ai pas fermé l'œil de la nuit

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Assise dans mon lit, je n'ai pas fermé l'œil de la nuit. Mon père avait été emmené par la police. Ma mère les avait appelées en voyant que je me faisais massacrer par les coups et qu'elle ne faisait pas le poids. Elle avait décidé de déposer plainte contre lui, ce que j'ai fait avec elle.

Dès que je ferme les yeux, je revois son visage, son regard sombre et rempli de haine. Je revois sa main s'abattre sur ma mère et je le revois me traîner par les cheveux dans la maison. Des images qui font de nouveau couler des larmes sur mon visage. Ma mère avait insisté pour que je reste à la maison aujourd'hui, mais je ne voulais pas. Il est vrai que j'ai le visage gonflé et un hématome assez important est en train de se former sur ma pommette, mais je dois passer au-dessus de cette nuit. Plus facile à dire qu'à faire, mais il faut que je le fasse.

Je me lève difficilement et enfile un sweat à capuche blanc avant de rejoindre le rez-de-chaussée où ma mère m'attend. Quand son regard croise le mien, je ressens comme un pincement au cœur. Elle est triste et fatiguée et j'ai tellement de peine pour elle. Trois ans qu'elle essaye de me protéger de la violence de mon père, mais il ne cesse de venir encore et encore. À chaque fois, c'est la même chose, il est bourré et une phrase suffit pour qu'il nous frappe. À plusieurs reprises, elle avait demandé une interdiction d'approcher, mais il ne devait pas taper suffisamment fort sur nous pour qu'il accepte.

Une fois à sa hauteur, elle me caresse la joue d'un revers de la main délicate qui me fait chaud au cœur, avant de me prendre dans ses bras.

— Pardonne-moi ma puce, me dit-elle d'une voix tremblante, mon cœur se serre à cet instant.

— Ce n'est pas ta faute maman, réponds-je en resserrant mon étreinte pour la rassurer.

Sans dire un mot de plus, nous sortons de la maison et allons dans le garage où je monte directement dans la voiture. Aujourd'hui, le temps était grisailleux, même s'il ne faisait pas froid. J'allais étouffer sous mon sweat, mais les autres élèves ne s'attarderont pas vraiment sur moi, ce qui m'arrange. Je mets ma ceinture de sécurité et comme par habitude, je connecte mon téléphone en bluetooth. Je lance la musique avec laquelle je dois me représenter avec James à la fête du printemps; I want it that way des Backstreet Boys.

Ma mère s'élance dans l'allée et nous sommes immédiatement transportées par la musique et dès que le refrain arrive, nous le chantons en chœur :

« Tell me why, Ain't nothin' but a heartache. Tell me why, Ain't nothin' but a mistake. Tell me why. I never wanna hear you say. I want it that way. »

Dès que j'entends cette musique, mon corps à immédiatement envie de se trémousser sur la chorégraphie que nous apprenons, au point d'en oublier tout ce qui vient de m'arriver.

Malheureusement, toutes les bonnes choses ont une fin et c'est quand ma mère s'arrête devant le lycée, que cet instant de bonheur s'envole. Je coupe la musique et déconnecte mon téléphone de son autoradio, puis viens l'embrasser sur la joue, en lui souhaitant une bonne journée. Je mets ma capuche sur ma tête et prends une bonne inspiration. Tout va bien se passer Léna.

J'ouvre la portière et sors de la voiture avant de la refermer. Je glisse mon sac sur mon épaule et commence à avancer tête baissée, tout en relevant les yeux, afin de ne rentrer dans personne. En temps normal, j'attends Camille et Pauline au niveau des marches de l'entrée, mais aujourd'hui je ne le ferais pas. Je n'ai pas envie qu'elles me voient comme ça, ce n'est pas la première fois et à chaque fois leur regard sur moi me fait plus de mal qu'autre chose. Je décide alors de rentrer directement dans le lycée et de me diriger vers ma salle de cours en attendant que celui-ci commence.

La matinée s'était plus ou moins bien déroulée. Personne n'avait remarqué mon bleu sur mon visage, à part certains profs qui m'ont convoqués en fin de cours. J'ai brièvement expliqué la situation, comme à chaque fois que cela arrive, mais mon père ne vivant plus sous notre toit, ils ne peuvent rien faire.

Je me dirige vers le réfectoire, mais la faim n'est pas présente. Je ne prends pas la peine de prendre un plateau, une simple bouteille d'eau et un yaourt me suffiront et je ne suis même pas certaine de manger le yaourt. Je me place à cette fameuse table ronde, se trouvant au centre de la pièce comme toujours.

— Salut, alors on se voit à quel moment aujourd'hui ? fait une voix masculine à côté de moi.

Je tourne discrètement le regard vers ma droite et remarque Eden. Il est installé sur la chaise et attend patiemment que je lui réponde, un sourire charmant pendu aux lèvres. Je reste quelques secondes sans rien dire, ne sachant pas vraiment comment réagir. Bordel, je l'avais complètement oublié celui-là. Ce n'est pas possible, je ne vais pas pouvoir lui faire des cours particuliers aujourd'hui, pas avec ce bleu sur ce visage. Si je passe mon temps la tronche dans mon livre, il va finir par ne plus me supporter et s'énerver et je ne veux pas qu'il s'énerve. J'étais dans une impasse.

— Je.. Je ne sais pas, réponds-je hésitante.

— Est-ce que tout va bien ? demande-t-il.

— Oui, oui ! Ça te dit qu'on se retrouve à l'extérieur ? Par exemple sur les tables de pique-nique qui longe le terrain de basket ?

— Ouais super, ça me va ! Par contre, tu es sûr que ça va ? questionne-t-il alors que je vois sa main s'approcher dangereusement de ma capuche.

Instinctivement, je le repousse, mais j'ai le mauvais réflexe de me retourner entièrement vers lui pour lui faire mon regard assassin. Merde ! Il a immédiatement remarqué mon hématome sur mon visage et ses yeux témoignent de sa surprise. Je sens mon rythme cardiaque partir au quart de tour, je devais tout stopper avant qu'il n'ouvre la bouche, il y avait beaucoup trop de monde autour de nous. J'attrape ses mains et me rapproche de lui, pourquoi je fais ça ? Je ne sais pas.

— Je t'en prie ne dit rien, le supplié-je.

— Qu'est-ce qui t'est arrivé ? m'interroge-t-il d'une voix qui semble paniqué.

Il porte sa main au niveau de mon visage et caresse du revers de son index cette blessure qui me fait souffrir. Mon corps est en alerte rouge, je ne comprends pas ce qui se passe et je n'arrive pas à réagir. Il vient de me toucher d'une douceur, c'était à la fois agréable et surprenant.

— Je t'expliquerais ce soir quand on sera au niveau des terrains, je n'ai pas envie que tout le monde le sache alors s'il te plaît, ne le dis à personne, insisté-je.

Il acquiesce d'un mouvement de tête, le regard légèrement troublé puis se relève avant de partir. Il se retourne plusieurs fois pour me regarder, puis rejoint ses deux amis avec qui il est tout le temps. Je suis assez surprise de voir qu'il soit aussi troublé par ce bleu. Je ne pensais pas qu'il réagirait de cette manière. Finalement, il n'était peut-être pas si mauvais que je le pensais.

— Bah alors, t'étais passé où ? me questionne Camille en claquant son plateau sur la table ce qui me fait faire un bond.

— Putain, mais tu veux me tuer ou quoi, tu m'as fait peur, dis-je fortement.

— Léna, tu peux nous regarder s'il te plaît, intervient Pauline.

— Je ne préfère pas, lâché-je immédiatement tout en touillant mon yaourt comme une malade.

— Il est revenu ? me questionne-t-elle ensuite.

Doucement, je relève la tête pour leur faire face. Camille met une main devant sa bouche, alors que Pauline est à deux doigts de faire tomber son plateau sur le sol. Ne pouvant pas me retenir en voyant leur regard, j'éclate en sanglots. Pauline, pose immédiatement son plateau sur la table et vient s'installer auprès de moi. Elle est rapidement rejointe par Camille, qui m'enlace à son tour.

Apprends-moi à t'aimer #1 EN CORRECTIONWhere stories live. Discover now