Chapitre 22

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Henri tapote la place à côté de lui et je m'installe délicatement, une boule d'appréhension dans mon estomac. L'expression de son visage est marquée par l'amertume et la douleur. Sa mâchoire au reflet habituellement douce semble aussi dure que du marbre. Je me demande ce qu'il a pu se passer pour qu'il soit comme ça? Je pose mes mains sur mes genoux en les serrant entre elles. Je suis soucieuse de savoir ce qu'il va me dire mais je me doute que ça ne va pas être une histoire joyeuse. Henri pose une main sur les miennes et les détache. Il ramène ensuite ma main vers lui sur ses genoux et la garde dans ses mains.

—Tu sais que je fais partie du mouvement de l'aigle, dit-il.

J'hoche la tête en serrant sa main.

—J'ai rencontré Rachid et son groupe, il y a quelques années, lors d'un voyage en Mauritanie, continue-t-il : Ils luttaient déjà contre un conflit militaire-civil dans leurs pays en volant des armes aux belligérants. A l'époque, j'étais un peu plus fougueux et surtout très entêté et je ne prêtais aucune attention à la guerre. Crois-le ou non, mais quand Rachid de son groupe on fait une descente dans l'hôtel ou je me trouvais, je les ai traité de fou.

Henri secoue la tête :

—Sans penser que le fou, c'était peut-être moi. Ce jour-là, ils ont récupéré des caisses d'armes dans les sous-sols de l'hôtel, désarmé les soldats présents et ont évacué l'hôtel, tout ça sans effusion de sang. C'est là que j'ai compris que parfois prendre les armes pouvaient aussi sauver des vies. Depuis, je les ai rejoint et nous luttons dans l'ombre pour empêcher de données à certains pays la force d'armes nécessaire. C'est à ce moment-là que Charles a eu de plus en plus de pleuvoir et a commencé à acheter les pays avec ses armes.

—Depuis que je connais mon père, lui dis-je : Je me rends compte que le pacifisme sans arme est l'une des solutions mais qu'elle ne marche pas dans tous les cas.

—Oui, tu as raison et au fil de temps, je m'en suis rendu compte également. Autant, mon père et moi partageons notre engagement pour la démilitarisation mais nous n'avons jamais été d'accord sur les moyens à utiliser. Il était pour le pacifisme sans armes, alors que moi.... Bref, à force d'empêcher Charles de ravitailler les autres pays ... Je suis devenu un ennemi pour lui et un jour, il nous a attaqués.

Je pose ma main libre sur ma bouche, choqué par ces paroles. Ce n'est jamais bon d'être dans le collimateur de Charles. Avec mon père, j'en ai fait les frais.

—Non...dis-je.

—Et si, dit-il le visage triste : Il y a 1 ans, mon père et moi avons fait un voyage d'affaires. On a eu un souci dans l'une de nos sociétés et nous devions régler ça. Mais ce matin-là, dans la voiture, nous avons eu une violente dispute sur mes engagements au sein de l'aigle. Il touche sa cicatrice et soupire : C'est la dernière fois que nous nous sommes parlés. Ensuite, le capot de la voiture a explosé et nous avons été expulsés de la voiture. La dernière chose que je me rappelle, ce sont les hommes de Charles qui emmenaient mon père blessé au travers des flammes de la voiture. J'ai essayé de me relever, de les rattraper mais ...

Il serre les mâchoires et secoue la tête, gagné par l'amertume. Je pose une main sur son bras, le cœur soudainement lourd. C'est horrible, cet homme nous a pris à tous les deux des êtres chers.

—Cette cicatrice est un débris de la voiture quand elle a explosé, continue-t-il.

Mes yeux se brouillent. J'ai envie de pleurer, de le prendre dans mes bras et de le cacher au reste du monde en le serrant le plus fort possible. C'est tellement dur d'imaginer ce qu'il a enduré, la peine qu'il a dû avoir.

To HimOù les histoires vivent. Découvrez maintenant