Toujours Plus Fort • Killugon [TERMINÉ]

Épisode 12 - Nuit et Tourment

PDV Narrateur

《 Gon... 》

Le téléphone toujours en main, Kirua regarde son ami grimacer et se débattre. Son nen, actif depuis de longues heures – bien plus que ce qui semblait être ses limites, quelques jours plus tôt – ocille entre le noir, le blanc et le doré.

Gon est trempé de sueur et respire comme si l'air lui manquait. Kirua frissonne ; de froid, de stress, d'un peu tout. Il part tout de même ouvrir la fenêtre et croiser les volets, pour laisser l'air frais passer sans que la tempête ne les gêne trop.

Son regard désemparé bifurque à nouveau sur le malade. Il soupire.

— Pourquoi tu me dis pas simplement les choses, Gon ? C'est ce que tu as toujours fait, et ça marchait bien...

L'argenté s'avance vers le lit – son propre lit, il avait insisté –, s'y assoit et, après un instant d'hésitation face à cette aura perturbante, empoigne la main du souffrant. Le souvenir terrible d'avoir tenu cette même main, mais desséchée, lui revient en mémoire et embue ses prunelles saphir.

— T'es vraiment qu'un crétin, crache-t-il entre deux larmes fuyantes. J'en cauchemarde peut-être encore, mais ça fait longtemps que je t'en veux plus pour ça. Et toi, sérieux... tu pardonnes tout à tout le monde, et t'es pas capable de te pardonner à toi-même, pour UN SEUL pauvre écart ? La bonne blague, t'es un comble sur pattes ! Combien d'écarts j'ai fait moi, à côté... et tu m'en as jamais voulu ! Pas un seul instant !

Le matelas est bien assez grand pour qu'il s'allonge à ses côtés. Repensant à ce que lui a dit sa sœur, pour une fois, il ne se gênera pas pour se rapprocher. Et puis, il fait froid ; le vent s'engouffre dans la pièce. Il se loge dans les draps et se tourne sur le côté, face à un Gon sur le dos, en pleine bataille mentale.

Lui montrer mon amour... ?

Après tout, je me suis déjà largement épanché ce matin. Reculer maintenant serait idiot... nan ?

Kirua n'est cependant pas si certain du bien-fondé de cette solution. Plus tôt, sur la plage et sous la panique, il avait réagi avec son cœur, un peu malgré lui : résultat, Gon avait craché du sang et perdu connaissance. Serait-ce vraiment une bonne idée de recommencer ?

Comparé à l'option de ne rien faire, j'imagine que oui. De toute façon, Gon est inconscient, ou du moins en train de rêver. Au pire, il me captera juste pas.

Une main sur son front : toujours brûlant.

— Tss... Biske pense que tu brides ta force pour éviter ce genre de trucs. Regarde où ça te mène, hin. Si tu m'en avais parlé avant... ! J'te jure que je vais pas te lâcher la grappe avant que tu sois de nouveau en paix avec toi-même.

Sa main dérive sur les cheveux corbeau aux reflets verts, qu'il avait toujours rêvé de toucher ainsi. Il y emmêle ses doigts un peu tremblants, joue avec quelques mèches, effleure son cuir chevelu.

— T'as pas à t'inquiéter. Je suis là. Je te laisserai jamais, quoiqu'il arrive, c'est promis. Même si ça venait à nous mettre en danger... Même si toute ma famille décidait de t'éliminer... On affronterait tout ça, bien en face, ensemble. Hein, Gon ? Ça te va ?