Chapitre 2

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Après son départ, je peux sentir une chaleur monter dans mes joues. Je les touche en ne comprenant pas la situation. J’avoue avoir perdu beaucoup de sang et ne pas avoir déjeuné, mais cela n’est rien alors pourquoi ce rougissement soudain ? Cela ne peut pas être en rapport avec ce que m’a dit Ota, si ? Je replace mon attention sur Haru qui me fixe d’un regard inquiet.

- Comment t’appelles-tu ? Me demande-t-il en s’approchant de moi. Il pose sa main sur mon épaule et s’abaisse pour se retrouver à ma hauteur, visage face à face.
- Au fait, je ne me sens pas très bien pour être franc… Avoué-je. Je peux sentir son souffle ce qui me perturbe.

D’un seul coup, des vertiges et un mal de tête survient. Je m’accroche à l’épaule de Haru en vain, mes jambes fléchissent et je me sens tomber. Haru me rattrape et me porte, un bras enlaçant le derrière de mes genoux collés et l’autre bras encercle le dessous de ma nuque. Il vient me rapprocher de son torse où je pose ma tête. Durant le voyage jusqu’à l’infirmerie, il me parle et me fait rire pour éviter que je devienne inconscient ce qui fonctionne bien, mon attention est posée sur sa voix ce qui m’empêche de sombrer dans un noir profond.
Arrivée à l’infirmerie, l’infirmière me donne directement des choses à grignoter et pour empirer ma situation, elle me fait un long dialogue sur l’importance de manger ! Haru resta tout le long. L’infirmière le remercia et nous laissa seul.

- Tu te sens mieux maintenant ? Demande-t-il en paraissant moins inquiet.
- Oui, mais j’ai une envie de dormir, son long discours, je le connaissais déjà ! Blagué-je pour la première fois mais, ça ne le fit rire qu’à moitié.
- J’ai cru que j’allais camper sur ma chaise ! Mais, pourquoi dire que tu connaissais le discours ? Demande-t-il curieux.
- C’est une longue histoire… Prononcé-je de manière à peine audible en déviant mon regard, gêné et peureux qu’il voit mes yeux vides.
- Écoute, j’ai- Il ne put finir que la porte s’ouvrit violemment sur Konoe souriant.
- Salut mec, on m’a dit que tu avais sauvé une vie ! Il se tourna vers moi et perdu son sourire.
- T’aurais pu le laisser mourir lui ! Râle-t-il en me lançant un regard assassin.
- Si j’avais fait ça, je n’aurais pas été humain ! Répond-il simplement en se levant pour partir avec Konoe sans me jeter de dernier regard…

Haru… Il s’appelle Haru… Il me fait un drôle d’effet, devrais-je l’éviter à partir d’aujourd’hui ? Aurais-je une autre opportunité de le toucher ? L’approcher d’aussi près ? Entendre son rire ? Entendre sa voix ? REN ! Arrête de chipoter avec ça !
Je sors de mes pensées et sors de l’infirmerie. C’est la récré ! Je pars rejoindre Ota dans notre coin préféré, les toilettes des garçons, aucun garçon vient où c’est rare. Je le retrouve assis dans un coin, fixant son téléphone, ne captant pas son attention. Je m’approche des robinets et commence à faire couler l’eau. Ota sursaute et lève la tête en rencontrant mon regard moqueur, il sourit et dit.

- Tu es enfin sorti de l’infirmerie ! Dit-il avant de reposer son attention sur son écran lumineux. Tu vas me raconter ou pas ces réactions envers Haru ? S’exclame-t-il en lâchant un petit sourire. Je soupire et me passe de l’eau sur le visage.
- Il n’y a rien de spécial, je l’apprécie, c’est tout ! Dis-je simplement. À la fin de mes paroles, je prends de l’eau dans ma main et la jette sur mon ami. Il gémit et se lève avant de me regarder, les sourcils froncés. Il sourit en me sautant dessus et nous tombons sur le sol ensemble comme des gosses en rigolant ; puis nous nous installons en étoile en fixant tous deux le plafond.
- Avoue, il ne te laisse pas indifférent ? Demande-t-il avant de tourner la tête en ma direction en même temps que je le fasse.
- C’est étrange… Mon corps réagi étrangement et mes pensées se bousculent quand il est à mes côtés… Mais un garçon ne peut pas en aimer un autre ! Et l’amour n’existe pas dans ma vie. C’est inutile, futile et blessant ! Avoué-je en rapidité, me rasseyant et regardant le sol. Ota s’apprête à me parler, mais ça sonne alors je peux entendre que des chuchotements indescriptibles. Je n’ai pas le temps de lui demander de répéter qu’il se lève et me tire par le bras jusqu’à notre prochain cours.

La matinée fut bien remplie de travail interminable ! Nous voilà en route vers la cantine, les rires scotchés aux cordes vocales. Comme à mon habitude, je ne pris qu’un fromage, du pain et l’assiette obligatoire alors qu’Ota prend tout ce qu’il peut. Durant le repas, Ota et moi parlons de notre sujet habituel en ce début d’année, les professeurs qui vont nous faire les cours, notre emploi du temps, les personnes de notre classe qu’on n’apprécie pas forcément…. Ce repas léger se passe calmement quand ma tête part en avant suite à un coup porter derrière celle-ci. Je sens un liquide rose dégouliner du dessus de ma tête sur mon visage, mes épaules et mon dos. Je suis ennuyé de cette gaminerie qui ne peux venir que de Konoe, le maître de l’ennuie ! Je soupire et continue la discussion avec Ota tandis que les regards de toute la salle est concentrés sur mon visage neutre face au liquide émergeant mes cheveux. J’ignore le yaourt dans mes cheveux et les regards tandis qu’Ota me fixe, outré et énervé. Je lui souris, lui montrant que ce geste me laisse indifférent. Il s’apprête à me tendre sa serviette puisque j’ai oublié la mienne, mais une serviette est posée sur mon plateau. Je ne me retourne pas, les frissons me submergent quand son souffle frôle ma nuque.

- Je suis désolé, je vais essayer de le calmer ! Encore désolé. S’excuse-t-il. Haru…. J’avais peur de ne plus lui parler et le voilà derrière moi à s’excuser, son souffle percutant la fine peau de ma nuque.
- Je… Pas grave, mais cela ne te sert à rien de t’excuser, c’est Konoe qui l’a fait. Dis-je en entendant ses derniers mots. Il rigole légèrement amusé et repart avec son groupe pour débarrasser.

J’essuie mes cheveux avec l’aide d’Ota en vain, ce truc colle à mes cheveux. Je pars aux toilettes seul après avoir convaincus Ota qu’il ne m’arrivera rien. J’entre dans cette pièce émanant une odeur d’urine et dégoûts et allume un robinet. Je place ma tête en dessous du liquide froid qui me submerge rapidement les cheveux et déclenche des milliers de frissons dans mon corps. Je passe mes mains dans mes cheveux mouillés et frotte à certain endroit pour que ça parte complétement. Après cinq minutes de combat sous l’eau froide, j’éteins l’eau et m’assois au sol les cheveux égouttant sur ma chemise. Je prends ma veste et essaie d’essuyer mes cheveux comme je peux. Je m’apprête à penser, comme à mon habitude, mais des rires que je connais que trop bien s’approchent dangereusement de la pièce où je suis. Je me lève à contre cœur et m’enferme dans une toilette, posant mes pieds sur la cuvette, mes fesses posées sur le haut de la toilette. La porte s’ouvre, les rires se transforment en paroles.

- C’était super marrant ta blague de tout à l’heure ! Dit l’inconnu qui rit.
- Pff, pas du tout ! Il est resté totalement neutre ! Je vais devoir faire pire ! Dit Konoe en rigolant fortement ce qui me fait frissonner pour l’a toute première fois depuis ses premières moqueries. Qu’est-ce que Konoe veux dire par pire ?
- Tu ne vas pas faire ça à un cinquième, il va ne jamais s’en remettre ! Dit son ami choqué.
- Il n’avait qu’à pas faire ça, son petit cul va être démoli ! Je me demande s’il est vierge ? Bien sûre que oui ! C’est un gamin détestable ! Il se rappellera à deux fois de me prendre de haut. Moi,  je vais le prendre tout court ce PD. Dit-il en ricanant tandis que des tremblements soudain m’envahissent. Je fais un léger gémissement et pose mes mains sur mes lèvres suite à cela.
- Et zut ! Il y a quelqu’un ? Panique-t-il. Je ressens pour la première fois la peur. Je respire et pose mes pieds discrètement au sol.

Je pose mes genoux sur le carrelage brunis de saleté, mes paumes puis ma tête. Avec un soulagement, je remarque qu’ils sont face à la dernière toilette tandis que je suis à la première, à côté de la porte. Je prends une inspiration et me jette dans l’impossible. Je déverrouille ma porte et l’ouvre précipitamment en partant en courant vers la porte. Je peux les entendent réagir au quart de tour et partir à ma poursuite. Je sors des toilettes et tombe nez à nez avec Ota. Sans justification, j’attrape son bras et me met à courir en le tirant dans ma course. Avant que Konoe et son ami soient assez loin, je peux l’entendre prononcer ses quelques mots « Je vais te détruire comme prévu crevette ».
Après un moment de course acharnée, nous nous arrêtons près des casiers où je m’adosse en m’asseyant essoufflé et tremblant. Des larmes perlent sur mes joues sans que je le veuille, elle s’enchaîne malgré que j’essaie de les stopper. Ota me regarde avant de s’agenouiller et m’enlacer dans ses petits bras réconfortant pourtant. Un frisson m’agresse, mais un sentiment de sécurité m’absorbe, je l’enlace à mon tour et me met à pleurer à chaude larme sans gêne. C’est la première fois que ça m’arrive, mais ça fait du bien de ne pas tout porter seul sur ses épaules. Après quelques minutes, je me sens revigoré et tapote son dos pour lui faire comprendre qu’il peut me lâcher. Il comprend et détruit notre étreinte.

- Ça va mieux ? Il ne t’on pas blessés ? Demande-t-il, ne me lâchant pas du regard. Je respire un grand coup et retire mes larmes d’un geste de l’index.
- Ils ont parlé d’un projet pour me détruire, ils ont parlé de ma virginité…  J’ai eu tellement peur… c’est la première fois que ça m’arrive… je ne savais pas comment réagir, leurs faire faces ou fuir…. Je baisse la tête, mais Ota la redresse en attrapant mon menton.
- Tu as bien fait de fuir, leurs faire faces aurais pu empirer, voire devenir violent ! Me rassure-t-il. Je lui souris face à son sang-froid et ses conseils. Il me sourit à son tour quand on entend des cris prononçant mon nom venir de loin. Haru apparaît au coin des casiers et écarquille les yeux en voyant mes joues rougies et mes yeux encore humides. Il court vers moi, mais Ota se redresse et lui bloque la route en se mettant face à lui, les bras étendus à l’horizontale de chaque côté de son corps.
- Ne l’approche pas ! Tu vas aussi le blesser toi aussi ! Je ne l’accepterais pas ! Hurle-t-il avec rage.
- Je ne veux pas lui faire de mal ! Je le promets, je ne veux pas lui faire de mal. Dit-il doucement, levant légèrement les mains de chaque côté de sa tête, montrant ses paumes. Ota sourit et le laisse passer. Il accourt vers moi et s’assois sur ses mollets en face de moi. Il attrape mes mains et nous plongent dans le regard de l’un et l’autre.
- Ils ne t’ont pas blessés ? Tu vas bien ? Demande-t-il avec douceur en posant délicatement une main sur ma joue, mon regard allant sur son visage en fronçant les sourcils.
- Je vais bien, mais je te retourne la question ! Répondis-je précipitamment, inquiet en remarquant sa joue gonflée. Je pose ma main dessus en évitant de lui faire mal. Que s’est-il passé ? Demandé-je à mon tour tandis qu’il baisse les yeux et rit légèrement.
- Je me suis un peu battu… Ils m’ont expliqué ce qu’ils veulent te faire. J’ai refusé et ils se sont énervés… À partir de maintenant, je reste à tes- vos côtés pour vous protéger ! Me rassure-t-il. Je continue de l’observer et il fait de même, mes yeux finissant par faire des va-et-vient de ses yeux à ses lèvres humides. Nous séparons nos regards brûlant quand Ota toussota pour avoir notre attention. Nous le fixons ensemble tous rouges.
- On devrait aller aux toilettes pour humidifier ta blessure et parler de tout le reste. Nous acquiesçons et partit vers les toilettes tous les trois.

~Le danger de l'amour~Où les histoires vivent. Découvrez maintenant