90'S LOVE ➹ [ Sous Contrat D'édition ]

• chapitre 2

Hyunjin n'avait jamais été aussi impatient de retrouver son meilleur ami. Deux semaines auparavant, il lui avait dit qu'il serait peut-être en mesure de lui arranger un coup avec Seungmin, et il n'avait fait qu'y penser. Jour et nuit. Il avait bien croisé le jeune homme au détour d'un couloir ou au réfectoire et, comme à son habitude, il se contentait de l'observer de loin. Il attendait le jour où enfin il pourrait se rapprocher de lui et échanger plus qu'un regard involontaire avec ce dernier. Il espérait que ce moment ne tarde plus à arriver. Il avait conscience que cette année était sa dernière chance. Chan ne s'était pas gêné pour le lui rappeler à plusieurs reprises d'ailleurs. Il en avait un peu marre de voir Hyunjin baver en parlant de son sportif favori sans être capable de faire un pas vers lui. Et c'était bien pour cela qu'il avait décidé de lui donner un coup de pouce.

Après quelques minutes de marche sous un beau ciel bleu et un soleil agréable, Hyunjin aperçut enfin le skatepark au loin. L'endroit était situé à quelques pas de la résidence étudiante de Chan et en cette après-midi, il était particulièrement prisé par les jeunes. Ils se rassemblaient là pour discuter, fumer quelques cigarettes tout en écoutant les nouveaux tubes. Quand Hyunjin poussa le petit portillon pour accéder à l'intérieur du skatepark, il entendit tout de suite une musique forte provenant de la droite. Il sourit. Il savait que le poste qui crachait un son Américain appartenait à son meilleur ami. Instinctivement, il se dirigea dans cette direction et ne tarda pas à apercevoir la chevelure bicolore de Chan. Mais aussi celles de ses camarades.

Tout en arrivant vers eux, il leur déclara un signe de sa main libre, l'autre étant occupée par un vieux skateboard qu'il avait dégoté dans un magasin d'occasion.

— Tes vieux t'ont encore empêché de sortir plus tôt ? s'amusa Chan.

Hyunjin roula des yeux avant de procéder à une distribution de salutations dont eux seuls avaient le secret.

— Ils voulaient que je termine mes devoirs et que je m'avance sur mes cours…

— Putain, c'est vraiment des…

— Je sais, le coupa Hyunjin.

Il soupira, déposa son skate sur le sol et prit place sur le petit muret où était déjà assis son meilleur ami et les camarades de ce dernier. Il les côtoyait assez souvent, surtout lorsqu'il avait le droit de se rendre au skatepark. Chan était plutôt bien entouré et populaire auprès des autres. Il était avenant et n'avait aucun problème à tisser des liens. Parmi ses plus proches amis, il pouvait compter Minho, un jeune homme qui partageait ses cours. Il était sympathique et toujours souriant. Il y avait également Allen ; ils s'étaient connus durant une soirée. Ils étaient tous les deux anglophones et avaient les mêmes centres d'intérêts, le courant était tout de suite passé.

— Ils me gavent avec leurs leçons de morale. J'ai pas envie de faire des études, mes notes c'est de la merde et je sais même pas si j'aurai mon diplôme.

D'un geste tendre, Chan lui caressa le dos. Pour beaucoup, Hyunjin n'était qu'un gamin capricieux qui cherchait seulement à se rendre intéressant en jouant les rebelles. Mais il n'avait juste pas d'intérêt pour les études. Il avait d'autres passions et d'autres attentes dans la vie. Il avait toujours été attiré par le basket et, même s'il avait pratiqué un bon nombre d'années avant son entrée au lycée, il n'avait pas pu continuer.

Avec le déclin de ses résultats, ses parents avaient décidé qu'il devait se concentrer sur les cours. Et avec ses mauvaises notes, il n'avait pas pu intégrer le club de basket de son lycée. Il s'en était trouvé encore plus découragé. Il s'était donc dirigé vers la photographie, ça lui plaisait et il était toujours très fier de ce qu'il produisait. Il avait trouvé un studio en ville et le gérant, avec qui il avait sympathisé, lui permettait d'utiliser la chambre noire certains jours dans le mois. Hyunjin avait désormais pour optique de travailler directement après le lycée et de prendre son indépendance. Il n'en pouvait plus de la pression que ses parents lui infligeaient. Il voulait vivre sa vie, loin des préjugés et des réflexions désobligeantes. Il n'était pas un idiot, il n'était pas un incapable. Il était juste différent de l'idée qu'ils pouvaient se faire d'un enfant.