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Les studios de la production sont gigantesques. Face à la barrière qui nous sépare du complexe, j'observe les bâtiments qui le composent. Ils se ressemblent tous. Heureusement que le vigile nous a bien expliqué le chemin, sinon je doute qu'on puisse atteindre notre destination sans nous perdre plusieurs fois. À côté de moi, Bonnie s'extasie devant les façades homogènes, dont la couleur reflète les rayons du soleil à son zénith. Le moindre détail est « dingue » à ses yeux.

De mon côté, j'ai toujours l'impression de rêver. Ce n'est pas notre entrée dans la salle principale qui change ça. L'intérieur est extrêmement lumineux grâce aux nombreuses baies vitrées. Une secrétaire nous salue derrière son bureau, nous invitant à la rejoindre.

— Bienvenue ! Vous êtes là pour participer à Standing Ovation, j'imagine ? Qui est l'heureuse élue ? nous demande-t-elle en regardant tour à tour Bonnie puis moi.

— C'est elle, notre star, s'empresse de répondre mon amie.

Je lui décline mon identité et lui tends le dossier qu'ils m'ont envoyé par mail, complété avec soin et accompagné d'une photo récente, ainsi que la version instrumentale de ma future audition sur une clé USB.

— Je vois que vous avez tout préparé, c'est parfait !

Pendant qu'elle tapote sur son clavier, je détaille un peu les environs, m'étonnant du calme qui règne dans le hall. Et dire que quelque part dans cet immeuble se trouvent le public, la scène, les coachs...

— Tout est en ordre, m'annonce la secrétaire. Maintenant, vous pouvez vous rendre dans la salle des participants. Elle est juste ici, précise-t-elle en désignant la porte derrière elle. Vous serez accueillie par un assistant de production qui vous briefera sur la marche à suivre.

Elle m'explique qu'il me faudra ensuite passer par la case maquillage et interview vidéo. En résumé, nous sommes là pour un bon moment. Je la remercie avant de la quitter et de découvrir une nouvelle pièce, bien plus grande et animée. À l'intérieur, plusieurs groupes sont formés, de-ci, de-là. Certains échangent bruyamment, d'autres plus discrètement. La lumière des baies vitrées suffit à tout éclairer et donne une ambiance presque festive à ce tableau coloré.

— Hazel Brighton ?

Je sursaute en entendant mon nom. Comment cet homme le connaît-il ? La secrétaire a à peine enregistré ma présence que le reste de la machine s'est déjà mise en marche. Impressionnée, je hoche la tête lorsqu'il me demande de le suivre.

Un monologue accompagne notre promenade à travers plusieurs couloirs adjacents. J'espère qu'il me ramènera, car je serai incapable de retourner à mon point de départ. Rien qu'à cette idée, j'angoisse ; comme si je n'étais pas suffisamment stressée. Le maquillage est donc la première étape. Le jeune homme m'explique que c'est important pour que mon visage reflète bien la lumière et que je passe le mieux possible à l'image. Il ne commente pas mon style vestimentaire, il m'informe juste qu'en cas de sélection, je verrai un professionnel.

Pendant que la maquilleuse se met au travail, il en profite pour me détailler la suite de ma journée. Entretien vidéo, seule puis avec mes accompagnants. Échauffement de voix. Il m'indique où nous pouvons nous restaurer, si besoin. Finalement, il m'annonce mon heure de passage estimée : seize heures trente. Dans quatre heures environ. Je prends une grande inspiration. J'ai le temps de me préparer.

— Et il ne vous reste plus qu'à signer ce dernier petit papier, c'est une clause de confidentialité. Tout ce qu'il se passe à partir de maintenant doit être gardé sous silence, et ce jusqu'à la diffusion, que vous soyez sélectionnée ou pas. Vos proches devront également en signer un, sinon nous leur demanderons de quitter les lieux.

— Pas de problème.

Je comprends cette démarche, qui me paraît logique. Mes parents et Bonnie se plieront à cette séance d'autographes, j'en suis sûre. Par contre, j'entends déjà ma meilleure amie comparer ce silence forcé à une torture.

— Et voilà ! gazouille la maquilleuse en me regardant à travers le miroir.

— Oh, mon dieu, soufflé-je en baissant les yeux pour croiser mon reflet.

Je me reconnais à peine. En quelques coups de pinceau, elle a affiné les courbes de mon visage, et j'ai perdu quelques kilos. Il faut qu'elle m'explique comment elle a accompli ce miracle ! La couleur de mes iris est intensifiée par un trait précis d'eye-liner et un fard à paupières d'un vert plus foncé. Mon teint pâle qui inquiétait ma mère un peu plus tôt n'est plus qu'un mauvais souvenir. Un rouge à lèvres sombre complète ce travail absolument...

— Waouh...

— Ça vous convient ?

— C'est magnifique ! Merci, merci beaucoup !

— Je n'ai pas fait tant que ça pourtant, m'assure la jolie brune avec une moue adorable. Je m'appelle Barbara, je suis contente que ça vous plaise et j'espère pouvoir vous maquiller à nouveau, pour les duels, peut-être !

J'acquiesce avec un petit rire nerveux avant de la remercier encore. Je lui promets de la demander personnellement si j'ai la chance de passer le premier tour, ce qui paraît la ravir. L'assistant ne nous laisse pas le temps de discuter davantage. Il toussote et m'intime de le suivre jusqu'à la pièce où se déroule l'interview. Malgré mon stress, je parviens à répondre aux questions qu'il me pose derrière la caméra. Il faut quand même plusieurs prises pour arriver à un résultat satisfaisant. C'est assez angoissant, comme expérience, de se retrouver face à un objectif, entouré de plusieurs projecteurs, et de devoir se confier à personne en particulier. Je répète mon speech préparé mentalement ces derniers jours.

« Je me présente, Hazel, vingt-huit ans, je vis à Los Angeles et je suis serveuse dans un café le jour. La nuit tombée, je me défoule dans les karaokés avec ma meilleure amie. La passion de la musique et du chant m'est venue très tôt. Autodidacte, j'ai appris à l'oreille le piano et la guitare à l'aide de vidéos. C'est d'ailleurs grâce aux vidéos si je suis là. J'ai mis en ligne un bon nombre de reprises sur la chaîne que j'ai créée il y a quelques années. Il a suffi qu'une seule fasse le buzz, et, depuis, j'accumule les abonnés. C'est suite à cela que la production m'a contactée pour passer les premières sélections. »

L'assistant m'informe que cette information ne sera pas ajoutée au montage. Il me pose encore quelques questions puis remballe tout, éteint les spots et la caméra pour me ramener à la case départ, où je suis accueillie par des exclamations de surprise et d'admiration de la part de mes proches.

— Haz' ! Tu es superbe ! Je suis jalouse, s'extasie Bonnie en s'empressant de sortir son téléphone portable pour me mitrailler, sous le regard désapprobateur et agacé de mon guide.

Quelques signatures plus tard, l'assistant nous informe que l'équipe de caméramans et la présentatrice de l'émission, Kaya Winters, nous rejoindront dans quelques instants.

— Kaya Winters ? Oh mon dieuuuu ! s'exclame mon amie. Respire, Bon', respire ! Tout va bien se passer !

Je ricane en l'observant paniquer pendant que mes parents commentent mon nouveau maquillage et partagent leur appréhension à l'idée de rencontrer Kaya.

— Et si je ne lui plais pas ? Et si elle me déteste ?

— Mais non, voyons. Pourquoi elle te détesterait ? Tu es belle, pétillante, et peut-être un peu extravagante, mais... surtout extraordinaire, complété-je en notant son œillade inquiète. Elle va t'adorer, c'est sûr.

Qui ne l'aimerait pas, en même temps ? Bonnie respire la joie de vivre et la bonne humeur. Quelque chose de positif se dégage d'elle, et on ne peut que sourire en sa présence. C'est d'ailleurs avec le sourire qu'une magnifique blonde à la démarche gracieuse et confiante s'approche de nous. Bonnie agrippe mon poignet tandis que mon père se recoiffe rapidement et que ma mère m'encourage du regard.

Allez,c'est parti pour la suite ! 

Standing Ovation [édité]Where stories live. Discover now