Chapitre 1

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Fin du premier mois de l'an 2940 du troisième âge, Dorwinion

Droite devant un monticule de terre fraichement construit, une jeune femme d'à peine 22 ans observait à travers son regard bleu cobalt, brillant, cette terre. Grande, de long cheveux châtain clair attaché en tresse. La respiration calme, la douleur de la mort ne semblait plus vouloir la submerger. Elle avait suffisamment pleuré à l'aube, rien ne l'invitait à pleurer de nouveau. Ici, en ces terres ceux qui pleuraient étaient faibles et les faibles finissaient en monticule de terre.

Pas comme sa mère.

Cette mère qu'elle venait d'enterrer. Elle a chaque jour agis sans se plaindre, avançant, faisant, supportant. Une vraie guerrière de l'ombre. Souffrante depuis déjà deux années, voilà que la maladie avait fini par l'emporter. Au moins, elle venait de la prendre en douceur, dans son sommeil. Certainement la mort s'était assez amusée en la torturant tout ce temps ? Pas pour comme son père...

Son regard dévia légèrement sur la droite afin de se poser sur ce second monticule de terre, plus ancien, déjà recouvert d'herbes et de fleurs.

Un père fort, brave, courageux, aimant. Un père qui lui a appris à être comme lui. Parce qu'une femme devait être capable d'être forte et de protéger son foyer elle aussi. Un père qu'elle a dû apprendre à aimer. Tout comme lui. Lui, il aurait voulu un fils. A quoi bon avoir une fille ? C'est fragile, et ça peut être enlevé. Mais ayant toujours été en avance sur son âge, elle lui a vite démontré qu'une femme pouvait être autre chose. Qu'elle pouvait être aussi forte qu'un homme, et en tout cas plus agile. Qu'elle pouvait être courageuse. Avec le temps, ils se sont aimés, sincèrement. Et, même s'il ne lui avait jamais dit, elle savait qu'il espérait qu'elle ait une belle vie. Qu'elle trouve un bon mari aimant.

Malgré ses airs détachés, il a toujours gardé un œil des plus protecteurs sur sa fille. Pas un garçon n'avait le droit de s'approcher.

Sa mère était du même avis... Jusqu'à ce qu'elle perde son mari lors de ce combat avec des brigands. Elle ne lui a jamais forcé la main. Mais lui a demander d'y songer sérieusement. Qu'il était temps pour elle. C'est là qu'elle a appris que son père n'avait pas envie de l'histoire de sa famille se répète, voilà pourquoi il ne voulait pas de fille. Parce qu'une fille serait contrainte de se marier un jour en ces terres.

La jeune femme sortie de ses songes en entendant des pas s'approcher calmement d'elle. Un jeune homme, à peine plus grand qu'elle, les cheveux brun, court, vient se poser à côté d'elle. Il resta silencieux de longues secondes devant ces tombes avant d'observer cette jeune femme.

Yurri : « Le chef du village m'a prévenu... Comment vas-tu ? »

Eliel : « Bien. Je sais qu'ils vont se retrouver de l'autre côté. Père lui manquait beaucoup. Je pense que c'est surtout cela qui a fini par la faire céder. »

Yurri : « Des histoires comme la leur se fait malheureusement rares par ici... »

Les dernières guerres avaient poussé les gens à s'unir par raison, par besoin, par logique et richesses... Il n'y avait pas de place pour les sentiments. Et malgré que l'air se faisait calmes permettant un peu de répit à des sentiments, tous le sentaient, ça ne pouvait pas durer. Pas ici.

Le jeune homme se tourna vers elle, le cœur prit entre une envie de battre à toute rompe à cause de cette conversation qu'il s'apprêtait à lancer. Et serré par cette prison qui l'avait déjà enfermé et qui connaissait déjà l'issu de cette conversation.

Yurri : « Eliel... Demande le moi, et je pars avec toi »

A ces mots, elle eut un très léger sourire. Un sourire nostalgique. Elle s'en souvenait de ce jour. Pour sûr, elle n'était pas prête à l'oublier.

LiserenWhere stories live. Discover now