Chapitre 14: La planète blanche

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~Vénus~

J'ouvre les yeux avec difficulté. J'ai l'impression d'avoir dormi pendant des lustres, mes jambes sont toutes engourdies et endolories. Que s'est-il passé ? Où est Hélinor ? J'essaye de me lever, mais je peine à y arriver. Après mettre assise, j'ai retrouvé ma vision, elle n'est enfin plus trouble. Je peux enfin voir où je suis.

Je me trouve dans une chambre énorme ornée de magnifiques tableaux de paysages d'un blanc pur. Je suis allongée dans un grand lit lui aussi blanc. La pièce entière est recouverte et décorée par différentes teintes de blanc. Il y en a certaine où je me demande si sur la planète Terre nous aurions pu atteindre ces teintes-là. Je remarque avec surprise la cage de Jupy installée au pied d'une petite commode. La, je suis sans voix Jupy arrive à vivre sur la Lune et puis quoi encore. Mais bêtement, je me rappelle que moi aussi, je suis en train de respirer convenablement alors que je suis censée être sur le sol lunaire. Je n'ai pas le temps de lui prêter plus d'importance, je suis totalement hypnotisée par cet endroit. La chambre est magnifique, même sublime ! On aurait dit que j'étais dans un rêve ! Je me lève pour m'approcher de la grande fenêtre qui surplombe le monde.

Je l'observe de plus près, elle aussi est d'un blanc pur, mais ses rebords sont gravés par des signes indéchiffrables. Je la touche, on aurait dit du bois, mais je pense que ce n'en est pas car comment les scientifiques n'auraient-ils pas remarqué la présence d'une forêt sur la Lune. Les questions fusent dans ma tête. Sur terre, nous n'avons jamais découvert des habitations ou des gens vivant sur la Lune. C'est très étrange, je me demande comment ils font pour se cacher de nos satellites...

Après m'être attardée trop longtemps sur la provenance du bois qui sert de rebords de fenêtre, je décide enfin d'oser regarder le monde qui vit au travers de cette ouverture blanchâtre.

Blanc, tout est blanc, je suis bien sur la Lune. Tout cela n'était donc pas qu'un rêve, je semble bien être la princesse de ces vastes plaines laiteuses. Moi Vénus, une fille de dix-sept ans qui a toujours vécu dans un appartement avec ses deux parents et un lapin. Cela est toujours aussi absurde pour moi, mais je pense que je vais devoir accepter la vérité un jour ou l'autre.

Je continue mon inspection des lieux et je peux apercevoir en contre bas plein de petites sortes de maisonnettes qui crachaient une fumée blanche. Si j'observe encore plus attentivement, je peux voir des petits personnages qui ont la taille des insectes tellement je me trouve en hauteur dans le ciel. Helinor disait bien vrai, le château surplombe la Lune. Il semble que celui-ci lévite sur un nuage qui se déplace tout le temps. Cela voudrait dire que je n'aurais jamais la même vue selon l'heure, mais aussi selon la journée. Je trouve cela plus incroyable et magique.

Pendant un instant, j'avais totalement oublié que je regardais la fourmilière de petits hommes blancs. Ils sont en train de s'activer à préparer des banderoles, des bouquets mais encore des bancs. J'espère qu'ils ne font pas tout ça pour moi, car je n'ai aucune envie de sortir de ma chambre. L'idée même de rencontrer des gens qui m'attendaient depuis autant d'années m'angoisse énormément. Malheureusement, je sais très bien qu'ils font tout cela rien que pour fêter mon arrivée. Je décide de laisser cette ouverture qui me montre le monde pour m'engouffrer à nouveau dans mon antre laiteux. Je me demande sérieusement si un jour, je pourrai considérer cette pièce comme étant ma chambre. Elle est tellement impersonnelle à mes yeux que j'en doute fortement.

Soudain, Hélinor débarque dans un grand fracas. Elle est essoufflée et regarde en vitesse sa montre. À ce moment précis, elle me rappelle le lapin blanc dans le livre Alice aux pays des merveilles de l'écrivain Lewis Caroll. Un léger sourire me parcourt avant de s'effacer lorsqu'Hélinor me crie mon prénom en plein visage.

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