Monsters Searching For Redemption [2] - La Gardienne du Wakanda

Chapitre 7

La route fut rapide, Ayo connaissait le chemin par cœur tant les anciens lui avaient fait répéter. Elle força le jet à sa vitesse maximum, ignorant les nombreuses alertes lui indiquant qu'elle volait bien trop vite. Elle atterrit 2h plus tard dans une clairière grisâtre et marcha un long moment avant d'arriver devant l'entrée d'une grotte.

Ayo regarda autour d'elle, le lieu était tel que N'Badia lui avait décrit : sombre et désolé. Aucune végétation ne poussait plus depuis des siècles, mais des arbres morts continuaient à se tenir là, courbés, entremêlés. Si hauts qu'ils empêchaient les rayons du soleil de passer, si denses qu'ils empechaient le vent de souffler. Sous ses pieds, le sol n'était que poussière et cendre. Aucune roche, aucun minéral. Mais le plus impressionnant était le silence. Il n'y avait aucune forme de vie à kilomètres à la ronde.

Ayo décelait ça et là des armes anciennes, des casques et des os qui dépassaient des cendres... Autant de reliques des guerriers d'antan qui s'étaient aventurés dans cette grotte sans jamais en revenir. Aucun doute, elle était au bon endroit.

Sans perdre de temps, la jeune femme ouvrit son petit sac en cuir et en tira un peu de terre rouge. Elle dessina avec des glyphes sur son visage en récitant une ancienne incantation. Ses yeux irradièrent une lumière incandescente et les symboles se gravèrent sur sa peau en un masque guerrier.

- C'est parti, l'ancêtre, guide moi.

- Jeune fille, entendit-elle résonner la voix du doyen des rois du Wakanda dans son esprit, je te trouve bien impertinente.

- On se demande bien qui m'a élevée, grand-père, répondit-elle à voix haute en pénétrant dans la grotte.

L'air était lourd et hostile, et Ayo eut l'impression de se déplacer à contre courant d'une rivière. Elle forçait sur ses muscles et luttait pour avancer. La sensation de peur et d'horreur qu'elle ressentait dans son ventre s'accentuait à chaque pas qu'elle faisait. Dans son esprit, elle sentait N'Badia tendu, il subissait lui aussi la pression de cet endroit.

Elle persista jusqu'à arriver dans une grande pièce circulaire entièrement vide où, subitement, la pression disparut. Elle en fit le tour, il n'y avait rien. Un cul de sac. Seul un puit de lumière à plusieurs dizaines de mètres de hauteur laissait passer quelques rayons de soleil.

- N'Badia, je croyais que l'arme devait se trouver ici. Te serais-tu trompé ?

- Je ne fais jamais d'erreur, petite. J'ai remis l'arme au centre de cette pièce, exactement à l'endroit où je l'avais trouvée. Regarde mieux.

Ayo examina plus en détail le sol et trouva une stèle sous la cendre. Elle l'a dégagea et y déchiffra :

"Le courage te fait entrer.
La vaillance te fait rester
La dignité te fait tenir l'arme
Le coeur te fait la rendre."

- Très bien, l'ancêtre. Et après ? Immense comme tu me l'as décrite, ta hache devrait être visible.

- L'arme a peut être été volée ? suggéra N'Badia.

- Celui qui l'aurait dérobée s'en serait servi pour détrôner le roi et prendre sa place, quelque soit l'époque.

- Alors c'est Baast elle-même qui t'en refuse l'accès.

Les paroles du doyen eurent l'effet d'une gifle. N'Badia avait certainement raison, il n'y avait pas d'autre explication : Baast ne la considérait pas digne de son pouvoir, pas plus que tous les autres guerriers dont elle avait entrevu les dépouilles dehors.

- Vraiment Baast ? hurla-t-elle hors d'elle. Tu mettrais la moitié de ton peuple en danger ?

- Ayo... Murmura N'Badia dans son esprit.

- Peu m'importe de savoir si je suis digne ou pas, ce n'est pas pour ça que je suis venue aujourd'hui. Peu m'importe ton jugement ou ton mépris. Je sais que je ne suis pas N'Badia, je n'ai ni sa vertue ni sa bonté d'âme, je sais ce que j'ai fait, je... Rien ne pourra racheter les pêchers. Je n'aurai jamais assez de ma vie pour me blâmer et me punir...

A genoux au dessus de la stèle, Ayo ne sentit pas la présence se mouvoir parmis les ombres. Une noirceur profonde qui se déplaçait en silence, observant la jeune femme, agressive, meurtrière. La bête roulait des épaules et découvrait d'immenses dents acérées.

- Très bien, reprit Ayo, il n'y aura donc pas d'arme... Baast, si tu m'entends, je comprends. Tout ce que je te demande c'est de m'accorder un sursis. J'ai vu les cadavres dans la cendre, là dehors, personne ne repart vivant d'ici. Mais je t'en prie, laisse moi retourner auprès du roi.

La bête stoppa son attaque et se fondit un peu plus dans la roche, glissant parmis les ombres.

- Ma vie t'appartient, Baast, permets-moi juste de me battre une dernière fois. Et quand tout sera terminé, si je suis encore de ce monde, je reviendrai ici pour que tu décides de mon sort.

Le silence tomba dans la grotte. N'Badia enrageait, et derrière lui les anciens baissaient la tête, abattus. Pour eux, elle était bien plus digne que n'importe qui. Cette petite leur avait déjà tellement donné, elle avait tenu toute les promesses silencieuses qu'ils avaient placées en elle, pourquoi fallait-il que le sort s'acharne ? Qu'elle doive encore payer de sa vie leurs erreurs passées ?

La bête se retourna dans l'obscurité et Ayo capta son mouvement. Sur la défensive, elle de mit en posture de combat.

- Je me battrai, Baast, quelles que soient mes chances. Je rejoindrai le roi. Et James, ajouta-t-elle pour elle-même. Tu ne diposeras de ma vie qu'après cette guerre.

La bête grogna dans l'ombre. Son rugissement impérieux se répercuta sur les murs de la grotte.

Ayo se redressa vivement et regarda avec stupeur l'ombre devant elle.

- Hepzi ?