Chapitre 8

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La jeune esclave sortit de la maison et se dirigea vers la bâtisse d'Adi, en gardant la tête basse. Quand une femme, plantureuse brune aux yeux marron, se planta devant elle, Aliénor se figea ne comprenant pas ce qu'elle avait fait de mal :

— Haldor m'a parlé de ce que tu as fait pour mon fils, déclara la femme dans un français rouillé mais qui ne l'empêchait pas de la toiser.

— J'ai fait au mieux, répondit Aliénor en gardant la tête basse.

Erma saisit l'esclave par le menton pour l'obliger à relever la tête et attendit qu'elle la regarde dans les yeux :

— J'ai puni mon mari pour ne pas avoir veillé sur notre fils, expliqua-t-elle, alors je me dois de te remercier pour l'avoir fait à sa place.

— Erma ? s'inquiéta Haldor en danois et avançant vers elles.

— Tout va bien, se justifia l'épouse en lâchant l'esclave. Je voulais seulement remercier cette esclave pour avoir veillé sur Grim à ta place, ajouta-t-elle en foudroyant son mari du regard.

Le guerrier se gratta la tête de dépit et étudia l'esclave à son tour :

— C'est vrai, marmonna-t-il dans un français médiocre. J'aurais dû te remercier !

— Elle pense que ce futur guerrier saura faire preuve de clémence et évitera la condition d'esclave à nos ennemis, ajouta Eirik en arrivant à leur hauteur.

Erma sourit et Haldor fronça les sourcils.

— Ce n'est pas pour ça que je... chercha-t-elle à se justifier.

— C'est vrai, la coupa Eirik, amusé. Elle a foncé sans réfléchir !

— Adi doit m'attendre, se risqua-t-elle à dire pour échapper à cette curieuse conversation.

— Vas-y ! approuva Eirik.

En chemin pour rejoindre Adi, Aliénor se demanda comment Erma avait pu punir son terrifiant mari.

Che Adi, la vieille guérisseuse assaillit Aliénor de questions, puis elles sortirent faire la cueillette de fleurs médicinales selon le peuple de l'esclave.

Eirik avait de plus en plus de mal à se concentrer surtout depuis la veille, l'image d'Aliénor nue sortant de l'eau lui arrivait à l'esprit à tout moment. Le combat à mains nues qu'il était en train de livrer contre Bianri fut écourté quand son adversaire l'envoya au sol. Eirik grogna de rage et ses yeux bleus devinrent menaçants.

Eirik et les autres guerriers et guerrières continuèrent leur entrainement durant toute la matinée, passant du maniement de l'épée, de la hache, du tir à l'arc et un dernier entrainement à mains nues.

La violence à peine contrôlée de leurs attaques et le manque de concentration d'Eirik finit par avoir raison de lui. Haldor qui venait de lui déboîter l'épaule, l'aida à rejoindre la maison d'Adi.

Eirik marmonnait des jurons en danois en entrant dans la masure et son regard croisa celui d'Aliénor quand Haldor ferma la porte derrière-eux.

— Assieds-toi ! ordonna Adi en désignant un tabouret.

Eirik prit place toujours en jurant dans sa langue natale.

Adi étudia le malade et se tourna vers Aliénor.

— Quel serait le remède selon ton peuple ? l'interrogea-t-elle.

Aliénor regarda la vieille femme et hésita à répondre.

— Je dois étudier la blessure avant de pouvoir vous répondre, expliqua l'esclave.

— Alors qu'attends-tu ? l'interrogea Adi.

Eirik fixa la vieille guérisseuse se demandant à quoi elle jouait, alors qu'Aliénor s'était approchée pour poser ses mains sur sa clavicule et son bras. Eirik grogna de douleur et foudroya la jeune femme du regard.

— L'épaule est déboitée, déclara-t-elle en reculant de peur. Il faudrait la remettre en place, ajouta-t-elle en regardant Adi.

— Eh bien, qu'attends-tu ? répondit la vieille guérisseuse.

— A quoi tu joues, Adi ? l'interrogea Eirik furieux. Chasse le mal, qu'on en finisse ! tonna-t-il.

Haldor qui était resté en retrait cherchait lui aussi à comprendre l'attitude de la vieille femme.

La guérisseuse ignora le guerrier et se tourna vers l'esclave.

— Je veux voir comment elle procède, déclara-t-elle, sereine.

— Et si ça ne fonctionne pas ? l'interrogea Eirik inquiet.

— Alors tu perdras l'usage de ton bras, expliqua la vieille femme.

— Dans ce cas, elle perdra l'usage du sien, cracha Eirik en fixant l'esclave.

Adi approuva du chef et fit signe à Aliénor d'agir.

Aliénor soupira et retira ce qu'il y avait sur la table :

— Allongez-vous, déclara-t-elle sans regarder le blessé qui la fixait intensément.

Eirik obéit en lâchant d'autres jurons en danois.

Aliénor saisit un seau d'eau rempli à moitié et lui tendit.

— Tenez le seau fermement et ne le lâchez pas, expliqua-t-elle en saisissant le bras qu'il fallait remettre en place.

Lentement, l'esclave écarta de la table le bras du guerrier pour le placer doucement à hauteur de son épaule, arrachant des grimaces de douleur au patient.

La jeune femme savait qu'elle pouvait utiliser les « mots qui pansent » pour atténuer le feu de la douleur le temps de remettre l'épaule, mais elle n'en fit rien. Un claquement indiqua que l'articulation avait été replacée.

La douleur d'Eirik disparut subitement. Alienor lui reprit le seau et il se remit debout en agitant son bras pour s'assurer qu'il n'y avait plus de douleur ni de gêne dans ses mouvements.

L'esclave alla chercher le baume qu'elle avait préparé la veille pour elle et le tendit au guerrier, qui eut l'air surpris.

— Il faut ménager votre épaule durant quelques jours et appliquer ceci sur les muscles autour.

Eirik saisit le pot et sortit avec Haldor.

Viking de feu et de sang T1 🔞(récit terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant