Chapitre 20

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Aliénor entra et regarda Botilde qui finissait de nettoyer le sol à grande eau.

— Ça ira, la remercia-t-elle d'un petit sourire.

— Comment va Eskil ? demanda la guerrière, dans un français rouillé tout en se relevant.

— Ces prochains jours nous le diront, répondit Aliénor l'air triste.

— Tu as beaucoup de chance, lui déclara la guerrière en jetant la brosse dans le seau.

— Pourquoi ? s'étonna Aliénor.

— Un peu plus et c'est Eskil que tu épousais l'autre soir, expliqua-t-elle en la dévisageant.

Botilde lui tourna le dos pour sortir, mais elle se ravisa en toisant l'ancienne esclave :

— Ce n'est pas contre toi, mais tu dois savoir que tôt ou tard, Eirik reviendra vers moi, lui déclara-t-elle en la regardant droit dans les yeux.

Aliénor soutint son regard ne sachant pas quoi répondre. L'allure et la beauté de la guerrière blonde étaient indéniables, d'autant qu'elle et son mari se connaissaient depuis longtemps et de manière très intime... quant à la jeune épouse, hormis une relation charnelle toute récente, elle ne partageait rien avec Eirik.

Botilde leva le menton et quitta la bicoque, femme jusqu'au bout des ongles.

N'ayant aucun contrôle sur sa vie, Aliénor se résigna à faire ce pourquoi elle avait été unie au guerrier et elle passa le reste de l'après-midi à veiller sur le blessé. Elle prépara des infusions contre l'infection qu'elle fit boire à Eskil par petites gorgées à chaque fois qu'il sortait de l'inconscience, mais la douleur le renvoyait inévitablement dans un léger coma.

La jeune femme surveillait sa fièvre et lui appliqua un morceau de tissu imbibé d'eau fraîche sur le front pour éviter qu'elle monte. Au crépuscule, Erma rejoignit la jeune épouse d'Eirik, assise au chevet d'Eskil :

— Tu devrais aller voir Eirik, lui suggéra-t-elle. Je vais veiller sur Eskil cette nuit !

— C'est ma tâche, répliqua Aliénor. Eirik m'a épousée pour que je devienne votre guérisseuse, marmonna-t-elle soucieuse.

— Aliénor, gronda Erma. Ton mari part demain, alors va le voir !

— Le tien aussi, objecta la jeune femme.

Le regard furibond de la femme d'Haldor obligea Aliénor à se lever. La docile soumission développée au cours des dernières semaines, issue de sa condition d'esclave, eut raison de son obstination. La jeune guérisseuse donna ses instructions avant de quitter la maison d'Adi.

Aliénor réalisa qu'elle ne savait pas où pouvait être Eirik car il n'y avait plus de guerriers à l'entrainement et les regards que les badauds lui jetaient, lui rappelèrent qu'elle était couverte de sang, heureusement Erma lui avait donné deux changes en plus de la tenue qu'elle portait.

En entrant dans sa nouvelle maison, la jeune femme retrouva Eirik en train de préparer son paquetage. Le guerrier l'air sombre trouva la force de lui sourire, mais il lui semblait que son esprit était déjà loin.

Aliénor alla jusqu'à la cheminée où était posé le petit pot de baume et lui donna :

— J'espère que tu n'en auras pas besoin, mais prends-le au cas où ! déclara-t-elle sans le regarder.

Eirik saisit l'objet et attrapa la main de sa femme en même temps pour l'attirer à lui. Il la pressa contre lui et lui donna un baiser sur le front.

— Tu devrais te changer, lui souffla-t-il en lui caressant le dos.

Viking de feu et de sang T1 🔞(récit terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant