Tensions

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Plusieurs minutes s'étaient écoulées dans l'habitacle. Laura pensait toujours à s'en donner la migraine.
Pourquoi la rousse lui avait fait la guerre du jour au lendemain ? Et que faisait Manuel dans toute cette histoire ?

- À quoi vous pensez miss Marchand ?N'ayant aucune réponse de sa part, Agathe se rapprocha d'elle tout en maintenant une distance suffisante. Vous savez, si vous ne voulez plus me parler, je comprendrais. Surtout après la bombe que je viens de lâcher.

Laura eu un mouvement de recul, bien trop plongée dans ses réflections pour s'être aperçu qu'on lui parlait, et encore moins qu'Agathe c'était rapprochée d'elle.

- Putain ! Tu m'as fait peur idiote.

- Ça vous arrive de ne pas dire de gros mots dans une journée ? Une pointe d'amusement s'était glissée dans sa phrase, chose peu habituelle et pourtant récurante ces dernières heures. Et je suis si laide que je vous effrai ?

- Ce que t'es bête quand tu t'y mets. Pour ce qui est de la laideur en revanche...

- Ça m'a presque touchée votre réflexion.

La rousse savait très bien que la femme aux lunettes plaisantait, que c'était leur habitude auparavant de se dire l'une l'autre à quel point elle est moche. Mais en réalité, voulait dire tout le contraire. Plus la pic était forte, plus cela voulait dire combien elle était belle.
Ce qui n'empêcha pas de blesser la cadette, ne laissant pourtant rien paraître comme à son habitude.

- C'est dommage qu'il n'y ai pas de miroir dans cet ascenseur, tu comprendrais pourquoi je te dis ça.

- Pourquoi, j'ai quelque-chose sur le visage et vous ne m'avez rien dit ?

- Tu te souviens de ton test ?

- Oui et ? Je ne vois pas le rapport.

- Tu es toujours débraillée ma chère. Sans parler de ton chignon ...

Sa respiration se bloqua. Ses yeux s'agrandirent. Puis elle osa enfin regarder plus bas. Effectivement, le blazer était toujours posé au sol, son gilet de costume ouvert et sa chemise avec quelques boutons défaits laissaient entrevoir son soutien-gorge.
Puis lentement, ses doigts se rapprochèrent de sa tignasse. Sa banane parfaite n'était qu'un lointain souvenir, à moitié défait et plusieurs mèches en dépassant.

- Et tu ne pouvais pas me le dire plus tôt ! Heureusement qu'il n'y a pas de caméra...
Elle soupira bruyamment, laissant retomber ses bras lourdement sur le sol froid, l'air vaincu.

- Tu ne te t'habilles pas ? La brune en fut étonnée.

Jamais Agathe depuis son entrée dans l'entreprise n'avait eu une apparence "négligée" comme elle le disait si bien. Qu'il soit très tôt le matin ou très tard le soir, pas un seul cheveu ne dépassait de son chignon banane et aucun pli n'apparaîssait sur ses tailleurs.

- Non, souffla-t- elle d'un air las. Dans tous les cas l'équipe ne viendra pas avant une bonne heure si ce n'est plus et j'ai trop chaud. D'ailleurs je ne sais pas comment vous faites pour ne pas avoir chaud avec autant de couche de vêtements sur le dos.

- Tu vas sûrement te moquer si je te dis que j'ai froid... Et tu sais, ça serait bien de choisir entre le "tu" et le "vous". Ce n'est pas bon pour ta santé de jongler autant ma petite.

- Utiliser mes propres mots contre moi. C'est plutôt bien joué, je dois l'admettre. Mais dommage pour vous, je m'apprêtais à vous passer mon blazer... Tant pis.

- J'ai froid mais pas au point de mettre une veste. Juste légèrement froid. Je suppose que ca tombe à l'eau pour le "tu" également ?

Bien entendu, c'est à ce moment que son corps choisi de frissonner. Foutu corps, il ne pouvait pas attendre qu'on ne la regardait pas ?

9 m2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant