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La musique tape dans mes oreilles, un sentiment mélancolique vient humidifier mes globes oculaires. Je reste dans un coin tranquille de l'université où je me coupe d'un monde pour rentrer dans un autre, fondé de toute pièce de mon imaginaire.

J'ai envie de rentrer à mon appartement et de jouer du piano. J'ai cours d'art dans quinze minutes, c'est le seul cours où je vais aller aujourd'hui. Je sais, c'est débile, mais l'école me détruit et détruit mon âme d'artiste. Les cours détruisent les artistes qui veulent juste être libres et créer quelque chose pour exprimer les émotions de leur monde.

Ça m'énerve, il fait bien trop froid pour que je dessine, mes mains gèlent dès que je sors mes mains de mes poches. Je scanne du regard la feuille cartonnée blanche sur laquelle un de mes dessins figure. Ça fait des jours et des jours que je pense sans cesse à lui.

Ses cheveux noirs, sa carrure, ses mains, son visage qui s'illumine, son innocence trop grande, sa gentillesse et surtout sa douceur... Je suis un pécheur pour cet homme qui a réussi à pénétrer mes émotions les plus profondes. Mon seul désir est de pouvoir en apprendre toujours plus sur lui, jusqu'à ce que je puisse être plus à l'aise à ses côtés, sans que je ne dois être aussi timide et aussi gêné face à lui.

Je crois que je n'ai jamais été aussi productif, j'ai plus de croquis de lui que pour mes cours d'art. Et là, je retombe sur mon tout premier dessin de lui, lorsque j'attendais qu'il se réveille de son accident. Je l'admirais, il était si paisible, en aucun cas je n'aurais voulu que ce moment s'arrête.

Je me rappelle de ce moment où j'ai laissé mes émotions me contrôler lorsqu'il a parlé de mon père. Il ne m'a pas jugé, il m'a pris dans ses bras et m'a câliné avec une douceur que je ne connaissais pas encore. Son odeur de vanille tourmentait mon odorat, ma fatigue m'a assommé et j'ai fini par dormir sur son pauvre corps.

Le visage emmitouflé dans son cou, mes mains jouant avec les cordons du sweater, j'avais l'impression que nous nous connaissions depuis des années. J'étais en colère contre Yunho quand il m'a parlé de ça, mais Seonghwa a balayé ma colère pour n'en laisser qu'un doux et délicieux souvenir.

Je soupire, il est l'heure d'aller en cours.

J'augmente le niveau sonore dans mes écouteurs, le bruit des gens est l'une des choses que je déteste. Je rejoins vite la salle d'art, j'entre le premier et sans permission car le professeur d'art et moi avons une petite complicité. Je suis l'un de ses meilleurs élèves, il sait comment je fonctionne.

Je m'installe à ma table, au fond de la classe. Je retire à contre cœur mes écouteurs et mon téléphone puis les range dans ma poche. Je sors une feuille de mon carnet de feuille aquarelle et un crayon de bois avec une gomme, c'est tout ce dont j'ai besoin pour l'instant.

La salle se remplie d'élèves petit à petit, moi je reste la tête dans les bras en attendant que le cours commence. Le bruit assourdissant de la chaise tirée à mes côtés me provoque un maux de tête. Je relève la tête vers mon cadet, qui n'est autre que Yunho. Qu'est-ce que je devrais faire ? Je ne lui ai pas pardonné d'avoir raconté ma vie à Seonghwa, mais sans lui je n'aurais sans doute jamais goûté à la douceur du noiraud.

- Salut Hyung ! Alors, t'as terminé ta peinture pour aujourd'hui ? Me sourit-il.

- Ouais, et toi ?

- Aussi ! J'étais hyper inspiré cette fois !

Pour vous expliquer, notre prof nous donne chaque semaine une nouvelle chose à créer sur un thème précis, plus ou moins complexe. Parfois on doit faire des recherches avec. Et je dois avouer que parfois, le thème est assez... dérangeant pour moi.

𝐌𝐮𝐬𝐞 [seongjoong] (non corrigée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant