XI

3.1K 205 21
                                    

20:36
Versailles

Après avoir parlé de tout et de rien pendant presque l'entièreté du trajet aller, nous nous arrêtons devant un grand portail noir, marquant dès lors notre arrivée au lieu de l'événement.

Il nous était déjà possible de distinguer les lumières, si éclatantes qu'elles parvenaient même à éclairer la rue toute entière.

- C'est ici ?
Demandais-je, le tout en tournant mon corps vers Wards qui finissait tout juste son créneau.

- Oui, c'est exact.
Me répondit-elle sans un regard avant de baisser le pare-soleil de la voiture.

À l'aide du miroir se trouvant sur celui-ci, Wards se faisait une dernière beauté; du bout de ses doigts, celle-ci replace quelques mèches rebelles puis intensifie davantage ses lèvres pulpeuses avec un rouge à lèvre tout droit sorti de son petit sac.

Pendant ce temps, je l'observe minutieusement, la tête avachie sur mon appuie tête...

Les lumières éclairaient parfaitement certains traits de son visage. Je reste concentrée longuement sur ses lèvres jusqu'à ce que celle-ci se tourne subitement vers moi, me prenant alors en flagrant délit.

- Alors ?
Me demanda-t-elle.

Je reste un instant dans l'incompréhension avant de comprendre que sa question concernait l'application du rouge à lèvre.

- C'est... c'est bien... appliqué.
Répliquais-je (ou plutôt bafouillais-je à ce stade).

Ma réponse saugrenue lui fit esquisser un léger sourire amusé. Celle-ci se contente de remonter le pare-soleil avant de fixer mes lèvres intensément.

Je n'ai pas le temps de lui demander ce qui n'allait pas avec celles-ci car Wards agrippe mon cou de sa main gauche pour approcher davantage mon visage du sien.

Ma respiration cesse et je sens ma peau bouillir. Les battements de mon coeur se faisaient ressentir dans mes lèvres si bien que celles-ci s'ouvrèrent légèrement par peur qu'elles n'implosent.

Pendant ce temps là, Wards n'a pas quitté mes lèvres une seule seconde. Je reste là dans l'incompréhension la plus totale, brulant étrangement de désir pour elle, lorsque soudain son rouge à lèvre glacial vient se poser sur mes lèvres. Sa main glisse de mon cou vers mon menton et Wards continue de l'appliquer sur celles-ci de la manière la plus minutieuse possible. Elle finit par essuyer le contour de mes lèvres du bout de son doigt et se détache complètement de mon corps.

Elle savait très bien ce qu'elle faisait à ce moment précis...

Une fois le fameux rouge à lèvre rangé dans son petit sac, Wards passe ses doigts dans ses cheveux une dernière fois avant de descendre de la voiture. Je fais de même et nos corps se retrouvent alors face à ce large portail, déjà ouvert, nous intimant d'entrer dans la cour.

Un homme vêtu d'un costard, probablement un serveur, se distingue dans l'ombre. Celui-ci nous salue puis nous accompagne jusqu'à la réception.

Subjuguée par la beauté du lieu, je reste figée un instant. J'avais en effet l'habitude de me rendre dans des lieux qui ne manquait de m'enlever les mots de la bouche, cela faisait partie intégrante du métier

Dans mon bureau, maintenant.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant