Chapitre 44

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Nous avons réussi à nous enfuir de cette maudite ruelle, et maintenant, nous attendons après un certain contact de Lorcan qui est censé nous prendre. Alors, nous prendrons la route jusqu'à Ternera.

— Ils seront à Ternera. Nous ne pouvons pas changer nos plans pour le moment, nous arriverons à les retrouver là-bas.

Lorcan semble détaché de cette situation et cela m'énerve au plus profond de moi. Il ne comprend pas, il ne comprend rien ! C'est la vie de ma sœur et d'Ander qui sont en jeu, pas juste celle d'un simple inconnu !

— Vous ne comprenez pas, dis-je, les dents serrées. Si ma tête est mise à prix, je n'imagine pas que celle d'Eileen ne le sera pas. Elle est la reine d'Ecclosia et de Lucrenda par alliance ! Ils tiennent aussi Ander ! Si les deux meurent, nos deux nations tombent. Julio sera héritier direct au trône et Dieu sait ce qu'ils sont capables de lui faire. Si Eileen meurt, je serai l'héritière directe et pour rappel, je risque la peine de mort ! Alors non, nous ne pouvons pas nous permettre d'attendre deux jours de route pour les retrouver.

Je reprends mon souffle, les poumons en feu. Lorcan me fixe avec un certain intérêt. Les cheveux bruns coupés courts, le teint pâle, ses yeux foncés me rappellent quelqu'un. J'ignore qui mais son visage me semble familier et ce n'est que maintenant que je le remarque.

— Bianca a raison, intervient William. Sommes-nous vraiment obligés d'attendre votre contact ? Nous ne savons même pas si cet homme est sûr et digne de confiance. Vous nous avez bien précisé lors de votre visite à Imir qu'une majorité des traîtres étaient des soldats.

— Si je puis me permettre, Votre Altesse, mon contact n'est pas un soldat. C'est un ami proche à moi et en qui je place toute ma confiance.

Je soupire. Ce plan ne m'enchante guère, et ce peu importe ce que je pourrais dire. Nous sommes obligés de nous cacher encore une fois pour échapper aux soldats et j'en ai plus que marre. Se cacher, se battre pour sa liberté, pour ses principes et valeurs, pour son trône, sa patrie.

— Et quand est-ce que cet ami arrive ? résonne la voix de Rewind.

Depuis quelques minutes, il faisait le guet. Maintenant, il revient vers nous, indomptable. Son veston tacheté de sang, les cheveux décoiffés, il se contente d'essuyer son épée rougeâtre sur son pantalon. Ses yeux croisent les miens pendant quelques secondes et je le revois en train de me sauver. Personne ne la touche. Je ne peux pas de nouveau lui tomber dans les bras juste parce qu'il m'a sauvée la vie. Ce serait absurde et stupide de ma part.

— Il est là, cela tombe à point nommé !

Lorcan me paraît trop joyeux. Trop ravi. Quelque chose dans son regard me fait douter. Quelque chose en lui ne m'inspire pas confiance. Il est pourtant le capitaine de la garde royale d'Ecclosia... Je devrais croire en lui. Mais quelque chose me bloque.

En contre-bas de la ruelle, nous pouvons voir une une charrette conduite par un homme petit et trapu, l'air absent. Il nous fait signe de le rejoindre et c'est méfiante que je m'approche. L'homme descend alors de l'embarcation et Lorcan prend les rênes du charriot. William est le premier à monter à l'arrière, suivi par Rewind qui me tend la main pour m'aider à monter. Une main que je ne saisis pas. Je saisis mes jupons avant de monter à mon tour. Le carrosse de luxe n'est fait que d'une simple structure en bois avec de la paille en guise de sièges.

Lorcan hue les chevaux et nous décollons, direction Ternera.

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𝐋𝐞 𝐉𝐞𝐮 𝐝𝐞𝐬 𝐑𝐨𝐬𝐞𝐬 | TOME 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant