Chapitre 59

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Quelques heures plus tard, un médecin vient me rendre visite. Il prend mon pouls, vérifie ma tension avant de déclarer que tout va bien et qu'à partir de maintenant, il me faudra beaucoup de repos. Ce à quoi Rewind répond qu'il s'en assurera lui-même. Me voilà maintenant dans la chambre de Rewind, assis sur ce lit à baldaquin beaucoup trop grand pour nous deux. Je n'étais jamais venue dans sa chambre avant aujourd'hui. Les murs sont d'un bleu pâle, presque gris et le sol est toujours fait de marbre dur. Des ornements noirs horizontaux ont été dessinés sur le mur, et un immense tapis aux couleurs d'Imir trône par terre. Je laisse mon regard balayer la décoration, de la petite guitare adossée au mur à quelques vêtements éparpillés sur un sofa.

— Tu sais en jouer ? demandé-je en désignant la guitare.

Il hausse les épaules, se lève pour aller la prendre. Il gratte quelques accords qui sonnent plutôt jolis avant d'entamer une mélodie plus longue. Ses doigts remuent avec agilité sur les cordes comme s'il avait fait ça toute sa vie. Je me laisse emporter par la musique et par le charme décuplé qu'il dégage en ce moment même. Puis au bout de quelques minutes, Rewind s'arrête et me regarde en haussant vivement les sourcils.

— Impressionnée ? J'ai encore un milliard de talents que je possède à te montrer mais celui-ci est mon favori. Il ferait tomber n'importe quelle femme sous mon charme.

Je lui donne une tape en riant presque avant de répliquer :

— Cesse d'être aussi prétentieux. Cela ne vous sied pas, Votre Altesse.

À ces termes, son sourire se fige et je vois sa pomme d'Adam monter pour redescendre. Je pose ma main sur son avant-bras et l'interroge de mes yeux. Il répond, son sourire disparu :

— Ma grand-mère veut m'offrir le trône. Elle se dit trop âgée pour gouverner ces « vieilles affaires ».

— Et tu n'en veux pas ? Tu savais que cela arriverait un jour. Tu as la carrure, Rewind et...

Je vois son visage se ternir et perdre en éclat. Il repose la guitare contre le mur avant de venir se rassoir à mes côtés. Puis je l'entends me dire :

— Parfois, j'aimerais avoir une vie simple, sans pays à gouverner, sans conseillers pour venir me rabâcher les mêmes choses. J'ai déjà assisté à un tas de réunions pour savoir qu'être roi, c'est une prise de tête et une énorme responsabilité sur les épaules. Je me dis que si j'étais quelqu'un d'autre, j'irais vivre dans une petite maison à la lisière d'une forêt, avec toi et sans rien d'autre pour venir me plomber le moral à longueur de journée. De plus, nous allons traverser une période difficile. Les pays du Nord se soulève, cela impliquera forcément de nombreuses guerres à l'avenir.

Je saisis sa main, entremêle mes doigts aux siens puis je lui réponds doucement :

— Rien ne t'empêche de fuir, Rewind. Mais je t'ai vu te battre, j'ai vu la hargne qui animait ton visage. Tout un peuple est derrière toi. Tes soldats n'hésiteront jamais à se battre à tes côtés. Si c'est par rapport à moi que tu penses cela... Eileen est reine, j'ai vécu dans ce genre d'affaires toute ma vie. Je resterai auprès de toi quoiqu'il arrive et peu importe tes décisions, du moment que cela te paraît juste et fondé.

Il se penche pour m'embrasser et je réponds à son baiser, avant qu'il ne recule une seconde fois.

— Je m'en tiendrai au souhait de Danïa, répond-il simplement. Elle a déjà beaucoup trop fait pour moi, à mon tour de soulager ses épaules.

Je souris alors que ses doigts se promènent sur ma joue, puis descendent dans mon cou. Il m'observe avec une telle intensité que je sentirais les papillons dans mon ventre exploser.

𝐋𝐞 𝐉𝐞𝐮 𝐝𝐞𝐬 𝐑𝐨𝐬𝐞𝐬 | TOME 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant