Chapitre XXVI ~ Secrets partiellement avoués

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Le lac de Poudlard était gelé. Quelques élèves, principalement des premières années, s'amusaient à glisser sur l'épaisse couche de glace qui ne risquait pas de se fêler de sitôt. La neige recouvrait les trois quarts du paysage, ses légers flocons virevoltants au gré du vent. Même le Saule Cogneur frissonnait.

Au milieu de ce tableau hivernal marchaient nonchalemment trois silhouettes connues, discutant, riant, se poussant amicalement.

- ...ha ha, Ron !... Rappelle-moi combien de fois je t'ai dit de nouer convenablement ton écharpe ! Tu va finir congelé sur place à ce rythme là.
- T'en fais pas pour moi, Mione ! Je suis physionomiquement et biologiquement résistant au fro...a...AA..

Il n'avait pas terminé sa phrase qu'une série d'éternuements vinrent l'interrompre.

- T'es vraiment... soupira Hermione avant de partir dans un éclat de rire, tout comme Harry.

- Au fait, Mione, fit ce dernier, ça n'a absolument aucun rapport mais...
- Oui ?
- Qu'est-ce que c'était, le cadeau de Malefoy ? Tu sais, celui qu'il devait t'offrir avant les vacances !
- C'est vrai ça ! s'exclama Ron. Je suis curieux de savoir ce que cet abruti d'albinos t'as donné...

Le souvenir de la parure et du poème revinrent en mémoire à la jeune fille. Elle rougit instantanément mais cacha son visage derrière son écharpe en espérant qu'ils n'avaient rien remarqué.

S'ils savaient... Car ils ne le sauront pas. Ils ne comprendraient d'ailleurs pas.

- Oh, ça, fit-elle d'un ton qu'elle espérait détaché. Rien d'extraordinaire, une babiole de sous qualité, certainement trouvée dans une déchetterie. Il ne s'est vraiment pas cassé le citron.
- Je le savais, dit Harry d'un air méprisant. Il ne vaut pas plus que son cadeau, de toute façon.
- Il aurait pu faire un effort , le jour de Noël, renchérit Ron. Mais non, même une seule fois dans l'année, c'est déjà trop pour lui. Quel imbécile...

Un jour dans l'année...

Le poème lui revient en tête et Hermione se sentit mal. Elle n'avait même pas cherché à adoucir ses propos, habituée qu'elle était à le rabaisser. Mais maintenant qu'elle n'avait plus aucune raison de le faire, au contraire, elle se sentit mal parce que, non seulement elle ne l'avait jamais remercié, et en plus elle se permettait de prétendre que ce n'était pas assez bien pour elle. Elle s'en voulut terriblement, et se promit de se racheter au près de lui. Comment avait-elle pu passer autant de fois devant lui sans courir lui dire toute la gratitude et la reconnaissance qu'elle ressentait à son égard ? Qu'avait-il ressenti en la voyant le traiter avec indifférence, comme s'il ne lui avait jamais offert un bijou hors de prix, ensorcelé puissamment et agrémenté d'un poème sûrement de sa composition, qui avait dû lui prendre du temps ? Elle frissonna en repensant à son baise-main avant de partir à la gare de Pré-au-Lard, et sa légère carresse dans la Salle sur Demande, au premier cours. Elle se dit que ça devait être le froid environnant.

Ron la coupa dans ses réflexions.

- À propos Mione, tant que j'y pense, vu que t'es partie tôt la veille des vac' tu n'as pas vu ce qu'on a reçu n'est-ce pas ?
- Non, effectivement !
- Parkinson m'a donné une pommade magique cicatrisante, soupira Harry. Elle a un humour assez douteux.
- Moi j'ai reçu une vulgaire boule à neige avec une sorte de gorille à l'intérieur, de la part de Bulstrode. Waouh.

La brune explosa de rire. C'était plus fort qu'elle. Puis une pensée lui vint à l'esprit et elle retrouva son sérieux :

- Les gars, déclara-t-elle, il y a une chose très importante dont j'aurais dû vous parler bien plus tôt.

Et elle leur raconta son excursion avec Hagrid dans la forêt, sa rencontre avec Spadoki. Bien sûr, elle omit la suite des événements, c'est-à-dire Drago Malefoy. Elle détestait cacher des choses à ses amis, mais là c'était un cas particulier. Les deux jeunes hommes n'en revenaient pas.

- Attends, attends... dit l'Élu, bouleversé. Tu es en train de me dire que Hagrid...
- ...garderais une chimère sanguinaire en captivité, dans la Forêt Interdite ?? compléta Ron, guère rassuré.
- Exact. Mais ce n'est pas tout. Il demande à ce qu'on s'occupe d'elle pendant son absence, vous savez, en mars, quand il partira faire un stage en Allemagne pour étudier je ne sais quelle créature magique. Sans compter qu'elle est à présent âgée de trois mois et qu'elle grandira encore d'ici mai.

Ils restèrent sans bouger une poignée de secondes, les yeux écarquillés fixant un point imaginaire, le menton entre leurs gants, mesurant la gravité de cette annonce. C'était presque comique à voir. Puis Ron regarda son meilleur ami et un large sourire étira ses lèvres :

- Coool...

Harry l'interrogea du regard, puis souris à son tour.

- On peut savoir ce qui vous fait rire ? s'agaça Hermione. Excusez-moi mais il me semble que l'heure n'est clairement pas à la plaisanterie !
- Enfin Hermione ! Depuis quand as-tu abandonné cette soif d'aventure qui nous guidait, petits, vers les dangers les plus périlleux ?
- Harry a raison ! Comment oublier ce sentiment de risque, de danger, comment ne pas regretter le temps où l'on hurlait de peur et en rigolait le lendemain ?
- Tu ne crois pas ? demandèrent-ils en cœur.

Hermione resta interdite un instant, puis lui revinrent en mémoire toutes ces soirées de nostalgie passées à regretter le bon vieux temps. Un sourire malicieux se dessina sur ses lèvres et elle sauta aux cous de ses deux meilleurs amis dans un éclat de rire.

- Évidemment que ça m'avait manqué ! Qu'est-ce que vous croyiez ? Je n'en peux plus de cette routine incessante, j'ai besoin de prendre l'air, de sortir un peu de ma zone de confort, ne serait-ce que le temps d'une soirée ! Vous avez raison. Ça a beau être une chimère, on a déjà vu pire n'est-ce pas ?

Ils acquiesçèrent en riant.

- Alors qu'est-ce qu'on attend pour y aller ?! cria-t-elle.
- Rien !!

Et ils coururent comme des dératés vers la Forêt Interdite.

Qui suis-je, Granger ? (Dramione)Where stories live. Discover now