↠ Chapitre 4 ↞

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Alaska

Dès que j'ai entendu une voix à l'entrée de la ruelle, j'ai su que c'était lui, et vu sa façon de me regarder maintenant, il me reconnaît également. Après tout, nous avons presque grandit ensemble puisque sa sœur est ma meilleure amie.

Il m'aide néanmoins à me relever et je grimace lorsque mon corps se délie difficilement, Will n'y est pas aller de main morte cette fois-ci et je suis bien contente qu'il ait eu ce qu'il méritait.

Je détache ma main de celle de Frost et marche en direction où se trouve mon sac, sentant son regard sur ma nuque. Une fois que j'ai vérifié que tout l'argent est à l'intérieur, je me tourne de nouveau vers le biker.

— Merci.

Ni plus, ni moins, je marche en direction de la sortie de la ruelle, mais évidemment, le fils du président des Banshee's Screams, ne me laisse pas faire un pas de plus. Il me bloque le chemin et croise ses bras musclés contre sa poitrine. Son regard est froid, en même temps, il est toujours aussi froid qu'un iceberg. Ils auraient dû le surnommé Titanic, pas Frost.

— Pousse-toi, Frost.

— C'est tout ? me demande-t-il en fonçant ses sourcils noirs

— Quoi ?

— C'est tout ce que tu as à dire ?

— Je ne vois pas ce que je pourrais te dire d'autre, Frost. Je t'ai remercié et j'aimerais rentrer chez moi, alors pousse-toi, s'il-te-plaît.

J'ai mal partout, je sens déjà que mon corps va ressembler à celui de la Schtroumpfette et je n'ai aucune envie de me disputer avec lui. Frost et moi, n'avons pas la meilleure des relations, elle est toxique et chacun prend plaisir à blesser l'autre. Nous en avons déjà payé les frais en étant adolescent et je n'ai aucune envie que cela se reproduise.

Nous ne nous quittons pas du regard et à ma grande surprise, Frost est le premier à détourner le regard.

— Je te ramène chez toi.

— Non.

— Ce n'était pas une putain de question, Alaska, donc pose ton cul dans la voiture et fissa, dit-il d'une voix froide.

Ok, il est énervé.

Ne voulant pas envenimer la situation et n'ayant pas de voiture, je le suis jusqu'à la voiture d'Autumn. Je m'installe côté passager et j'ai à peine le temps d'attacher ma ceinture que Frost a déjà démarré en faisant grincer les pneus.

— Où est-ce que tu habites ?

— Southwick.

Frost me jette un rapide coup d'œil, mais ne dit rien et je l'en remercie silencieusement. Je ne suis pas d'humeur à expliquer pourquoi je suis revenu vivre ici et je n'ai encore moins envie d'en faire part à Frost.

Le trajet se fait dans le silence et lorsqu'il se gare devant la maison de mon grand-père, je soupire avant de le remercier une nouvelle fois et de sortir. Mon corps me fait un mal de chien et je suis certaine que je vais passer ma journée de demain dans mon canapé devant un bon film parce qu'il va falloir que je sois en forme pour jeudi.

Je marche lentement jusqu'à ma maison et fronce les sourcils avant de me retourner lorsque j'entends une portière de voiture claquer. Mes yeux tombent dans ceux de Frost, qui se dirige vers moi. Sans m'expliquer ce qu'il fait et avant que je n'aie eu le temps de lui poser la question, Frost me prend les clés des mains et ouvre la porte d'entrée. Il me fait signe d'entrer, ce que je fais tandis qu'il me suit et ferme la porte derrière lui.

— Qu'est-ce que...

— Où se trouve ta trousse de premier soin ? me coupe-t-il d'un ton bourru.

— Dans la salle de bain.

Frost hoche la tête et se dirige vers la salle de bain, alors que je m'installe sur le canapé. Il revient quelques minutes plus tard et s'installe sur la table basse avant d'ouvrir la trousse de soin.

— J'aurais pu le faire toute seule, tu sais ?

— Pour me faire engueuler par ma sœur après ? Pas question.

Je souris parce que même si Frost et Autumn n'ont pas le même sang, ils n'en sont pas moins frère et sœur. Combien de fois je les ais vu se disputer comme un frère et une sœur le font.

Frost ouvre la bouteille de désinfectant puis en verse sur un coton avant de l'approcher de mon visage. Je grimace face à la douleur qui s'étend dans ma lèvre, mais je ne rechigne pas. Je vois bien que Frost retient ses questions, parce qu'il est comme ça. Il attend qu'on vienne vers lui pour se confier, il ne fera jamais le premier pas, sauf en cas d'extrême nécessité.

— Vas-y pose-les tes questions.

— Non.

— Tu ne veux pas savoir ce que je faisais là et pourquoi cet abruti m'a pris pour un punching-ball ?

— Ce n'est pas le fait que je ne veuille pas savoir, Alaska. C'est que si je le sais, je ne pourrais pas m'empêcher de retourner dans cette putain de ruelle pour finir ce que j'ai commencé.

Un frisson me parcourt de l'entendre parler comme ça. Frost est un tueur, je le sais et rien qu'en le voyant, les gens ont peur de lui, mais ce n'est pas mon cas. Je n'ai jamais eu peur de Frost, sans doute parce que je le connais depuis son arrivée dans la famille Berry.

— Je sortais avec ce type.

Frost grogne de mécontentement.

— Tu ne sais toujours pas les choisir, à ce que je vois.

— Frost...

— Non, on ne rediscutera pas de ce qu'il s'est passé, Alaska, c'est le passé.

Je souffle. Frost est pire qu'un mur en titane doublé de béton armé lorsqu'il s'y met. Si pendant un temps j'ai su comment briser sa carapace, aujourd'hui ce n'est plus le cas. Peut-être parce que nous ne sommes plus des adolescents et que nous avons pris des voies différentes.

Moi, en revenant ici pour être auprès de grand-père. Lui, en se formant pour devenir le futur sergent d'armes du club de son père.

— Retire ton tee-shirt, je vais te mettre de la pommade sur tes bleus, me demande-t-il d'une voix égale.

Je m'exécute, non sans grimacer, et pose mon tee-shirt à côté de moi. Frost ne m'observe même pas, comme si mon corps à moitié nu en face de lui ne lui faisait rien.

— Tourne-toi.

Je me tourne sur le canapé pour qu'il ait accès à mon dos et je ne sais pas si je frissonne à cause de la fraîcheur de la pommade ou de ses doigts sur ma peau. Néanmoins j'essaie de ne rien montrer et me concentre sur le plaid gris qui est plier sur le dessus du canapé.

Cela n'a pas l'effet escompté puisque je gémis lorsque Frost touche un point particulièrement sensible et douloureux. Lorsqu'il me demande de me retourner, je ne peux cacher le rouge de mes joues. J'évite son regard, ainsi que la sensation de ses doigts sur mon abdomen et mon ventre.

Une fois qu'il a terminé, Frost ouvre la bouche pour dire je ne sais quoi, mais je le coupe brusquement tout en me levant pour être le plus loin possible de lui.

— Je peux faire le reste toute seule.

Le biker hoche la tête et essuie ses mains avec un coton avant de se lever. Alors qu'il se dirige vers la porte d'entrée, sans un mot ni un regard, son nom traverse mes lèvres. Il se retourne vers moi.

— Merci.

— Pas de quoi, ça fera plaisir à Autumn de savoir que tu es dans les parages.

— Et toi ? je ne peux m'empêcher de demander.

Frost me regarde fixement, la main sur la poignée.

— Je ne sais pas encore.

Sans un mot de plus, il franchit la porte et la referme derrière lui. Je me laisse tomber sur le canapé, en grimaçant évidemment, et pose mes coudes sur mes genoux. 

Banshee's Screams - 5 - Frost [SOUS CONTRAT D'ÉDITION]Where stories live. Discover now