Chapitre 1 :

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La terreur. Elle explose dans mon ventre.

Mon souffle se bloque brusquement dans ma poitrine.

Une odeur suffocante de prédateurs. Des humains. Puis celle de notre peur, forte et musquée.

Le silence s'abat d'un coup sur nous. Nous nous serrons en silence, le cœur affolé, les yeux grands ouverts. L'urgence brûle dans mon sang. Sans maman, il y a peu de chances que nous survivions. Nous ne sommes même pas plus grand qu'un tronc d'arbre couché, à peine plus gros que la patte d'un rhinocéros. Et affaiblis par la faim et la soif. 

Ils sont juste là, dans la pénombre. Tapis si près de nous. J'entends leur respiration. Mes muscles sont pétrifiés. Aucun de nous n'ose émettre un son.

Notre vie, suspendue, l'espace de quelques secondes.

Et soudain bam ! Une détonation assourdissante.

Le noir.

Je me réveille en sursaut. Je heurte de plein fouet quelque chose de dur. Un gémissement s'échappe de ma bouche. J'essaye de reprendre mon souffle, mais un bâillon entrave ma respiration. Je panique et tente de bouger, mais la texture rugueuse d'une corde s'enfonce dans ma peau, bloquant mes bras et mes jambes. Je tourne précipitamment la tête à droite, à gauche. Je suis seule ! Où sont mes frères ? Où est-ce que je suis ?

Un nouveau mouvement. Je roule sur le sol et percute à nouveau une paroi. Je me recroqueville pour protéger mes organes. Je dois rouler comme ça depuis un moment parce que j'ai des bleus sur chaque partie de mon corps, mais avec cette corde, impossible de contrôler mes mouvements.

La douleur, partout.

De la sueur froide coule le long de mon échine. Je frissonne. Mes yeux roulent de droite à gauche. Comment m'échapper ? Par où ? Je suis projetée durement contre une autre paroi et m'arc-boute pour protéger ma nuque. Je ne vois aucune issue. Je n'entends rien d'autre qu'un bourdonnement grave qui couvre tout. Enfermée. Mon cœur bat à mes tempes. Si seulement j'avais des griffes comme mes frères, je pourrais couper ces liens !

Un cahot.

Je feule violemment, projetée contre une autre paroi. Je grimace de douleur. Je me bats tout le temps avec mes frères, mais je n'ai jamais eu à me battre contre des parois. L'odeur de ma peur et de ma sueur envahit l'air. Je dois sortir d'ici ! Je ferme brièvement les yeux, me force à apaiser mon souffle. Apaiser mes battements de cœur. Mon eau est trop précieuse pour qu'elle s'évacue par mes pores, néanmoins j'ai du mal à rester lucide. L'arrière de ma tête me fait souffrir le martyr. J'ai dû me cogner quand j'étais inconsciente.

J'essaye de me redresser, profitant d'un répit dans les secousses. La pièce me presse de toutes parts. Je suis seule. Je n'ai jamais été seule. L'angoisse plante ses griffes dans mon ventre et lacère lentement mes tripes.

Et sans aucune échappatoire. Aucune sortie.

Non. Il y a forcément une sortie ! Comment j'ai pu rentrer sinon ? Je tremble. Le froid du métal contre ma peau nue me ronge la chair comme des crocs. Mes yeux papillonnent, essayant de discerner quelque chose dans cette pénombre, mais je crois qu'il n'y a simplement rien à voir : il n'y a que moi et ces quatre parois. Mon cerveau essaye désespérément de comprendre la situation. Je suis née sur des étendues d'herbe sèche à perte de vue. Ici, je ne vois même pas le ciel. Est-ce que je suis sous terre ?

La Guéparde Dorée - Double-âme [1]Where stories live. Discover now