Les promesses du parc

Chapitre 2

Deux ans et demi plus tôt...

Cela faisait trois mois que Clémence recherchait une nouvelle place lorsque Monsieur Dupont l'appela pour remplacer Adèle, alors enceinte, après le congé de Pâques et ce, jusqu'à la fin de l'année scolaire. Elle devait enseigner à des classes de quatrième et une de cinquième. La jeune femme accepta rapidement. Cela lui laissait trois semaines pour faire le point avec l'enseignante principale et préparer les cours.

Le mercredi suivant cet appel, elle arriva à Saint-André . C'était une école dont les 3 bâtiments, plutôt anciens, formaient un U autour d'une large cour de récréation. Elle rentra dans celui du milieu, Les talons de la jeune femme claquaient sur le carrelage vieillot des couloirs qui menaient au bureau du directeur. Ce dernier l'accueillit avec solennité puis l'accompagna jusqu'à la salle des professeurs, situé au premier étage. Arrivée dans cette grande pièce remplie d'armoires débordantes de classeurs ainsi de tables et de chaises invitant à la discussion, Clémence fut présenté à Madame Michaux. Bien qu'elle appréhendait ce premier rendez-vous, elle fut mise à l'aise directement.

— Nous sommes collègues et je tiens à ce que notre collaboration se déroule agréablement. Appelle-moi Adèle et on se tutoie, ok ?

— Avec plaisir, Adèle !

La jeune enseignante contempla son interlocutrice. Malgré son ventre bien arrondi, Adèle était une femme élancée. Ses cheveux auburn au carré encadraient son visage ovale. Elle possédait des yeux marron surmontés d'un trait d'eyeliner noir et une bouche pulpeuse accentuée par une rouge à lèvres vif. Elle avait une bonne trentaine d'années et respirait la confiance en elle. La future maman expliqua à sa remplaçante le programme des cours, le fonctionnement de l'établissement, sa façon de travailler et ses attentes. Elle décida ensuite de lui faire visiter ses classes et de la présenter aux élèves. Elle commença par les cinquièmes dont elle interrompit le cours de sciences. Ensuite, elle rentra dans le gymnase pour lui présenter deux de ses classes de quatrième qui avaient sport ensemble.

— Je fais d'une pierre deux coups, plaisanta-t-elle. Maintenant, je dois donner cours à ma dernière classe. Je te propose d'y assister pour que tu voies un peu la dynamique des leçons, ok ?

Clémence hocha la tête et suivit sa collègue. Elles arrivèrent dans la classe des quatrièmes C dans laquelle le cours de mathématiques de Monsieur Sion se terminait. Adèle invita Clémence à s'asseoir sur un banc du fond, à côté d'un jeune garçon blond.

— Bonjour, les poulets. Ne vous inquiétez pas de ma jeune amie qui m'accompagne. Au cas où vous ne l'auriez pas remarqué, je suis enceinte. Ce qui veut dire que je partirai bientôt en congé maternité. Ce sera Madame Leduc qui me remplacera après Pâques. Aujourd'hui, elle vient simplement

observer un peu notre cours. Cependant, j'attends de vous que vous la respectiez comme si c'était moi, ok ?

Les élèves acquiescèrent avec entrain pour certains et plus discrètement pour les autres. Le voisin de Clémence faisait partie de la seconde catégorie. Le cours se passa sans entrave. Adèle expliquait des notions de poésie et les jeunes l'écoutaient. La future remplaçante, de son côté, prenait des notes sur le déroulement de la leçon et écrivait les questions qui lui venaient à l'esprit. Soudain, Adèle éleva légèrement la voix.

— Jordan ! Pose ce crayon et écoute le cours. Tes dessins, aussi beaux soient-ils, ne t'aideront pas lors de ta production écrite.

Clémence regarda alors la feuille de l'adolescent à côté d'elle et remarqua son dessin : un majestueux arbre nu avec de subtils détails qui donnaient du relief au tronc. Elle n'était pas experte en art mais ce croquis lui donna des frissons. Beaucoup de sensibilité s'en dégageait. Elle le contemplait encore lorsque la fin du cours sonna. Alors que Jordan rassemblait ses affaires, sa voisine lui chuchota :