Chapitre 8

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Les semaines de janvier furent éprouvantes pour Clémence. Chaque jour de la semaine, elle était en conflit intérieur. Son cœur attendait de voir Jordan alors que sa raison la sommait de l'éviter. Les week-ends lui paraissaient trop longs et la météo pluvieuse ne lui permit pas d'aller au parc pour se changer les idées. Heureusement, le premier week-end de février était sec bien que gris. Elle en profita pour sortir de son appartement. Dans les rues, les vitrines étaient parées de cœurs et de roses rouges à l'approche du 14 février. Le jour des amoureux correspondait à l'anniversaire de la jeune femme. Ironiquement, elle n'avait jamais été en couple ce jour-là mais elle avait toujours reçu un cadeau de Saint-Valentin. Cela la faisait toujours rire. Elle flâna jusqu'à ce qu'elle rentre dans le parc. Il était animé pour un samedi d'hiver. Elle parcourut les sentiers en respirant profondément. Elle faisait une cure d'oxygène à chacune de ses venues. Elle marchait depuis un moment quand elle vit au loin Jordan assis sur un banc. Son cœur battit plus vite. Elle l'observa plus attentivement et aperçut qu'il avait son carnet ouvert sur ses genoux. Elle fut heureuse de constater qu'il l'utilisait. Alors que sa tête lui criait de continuer son chemin, elle se dirigea vers lui. En s'approchant de son élève, elle remarqua qu'il était concentré sur son dessin. Elle arriva à sa hauteur.

— Je crois que c'est à mon tour de te surprendre, aujourd'hui.

Il sursauta puis leva les yeux. Elle fut ravie de son petit effet de surprise.

— Oh ! Bonjour, Madame Leduc.

— Bonjour, Jordan. Je peux ?

Elle désigna le banc avec son index. Il lui fit une place à sa gauche.

— Oui, bien sûr.

— Je suis contente que tu utilises ton carnet. J'en déduis que tu as repris le dessin.

— On va dire que oui... L'envie est revenue mais l'inspiration n'est toujours pas là.

— Tu me montres ce que tu dessinais ?

— Oui mais c'est plutôt mauvais.

Il ouvrit le cahier et lui présenta l'esquisse d'un arbre qu'il avait commencée. Clémence l'examina avec soin. Les traits étaient certes précis mais ça manquait de vie.

— C'est pas mal... Pour être franche avec toi, je n'y retrouve pas ta personnalité. Mais je suis sûre que ça reviendra vite.

— Mouais... dit-il, peu convaincu.

— Tu dois peut-être simplement te souvenir de ce que dessiner te procurait comme sensation. Et pourquoi tu le faisais.

— Je dessinais surtout extérioriser mes émotions. C'était ma meilleure façon de communiquer.

— Extérioriser tes émotions ? Ça me rappelle le portrait que tu avais fait de Samuel Sion, rigola-t-elle.

— Cette fois-là, j'aurais mieux fait de m'abstenir. Surtout lorsque j'ai dû expliquer la raison de ma retenue à mes parents.

Il rit avec elle.

— Ceci dit, tu avais raison à son sujet : il n'était pas net avec les filles.

— Ça se voyait sur son visage. Vous n'aviez pas remarqué ?

— Je crois surtout que je n'y prêtais pas attention. Si j'y réfléchis, je ne l'ai jamais vraiment regardé.

— Pourtant, vous êtes sortie avec lui...

— On peut dire ça. Je crois que j'appréciais surtout de ne pas être seule. Il n'en valait pas la peine mais on fait tous des erreurs, non ?

— Oui. J'en ai fait une avec Marie.

Les promesses du parcOù les histoires vivent. Découvrez maintenant