Chapitre 2

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Assis sur l'un des sièges inconfortables et sales du métro londonien, Harry rejeta sa tête en arrière en poussant un soupir. La fatigue de fin de semaine l'écrasait et s'il s'écoutait, il s'endormirait sur le champ. Bien sûr, sa conscience lui dictait de ne surtout pas faire preuve de relâchement dans un lieu aussi merdique que le métro. Même si ce n'était pas bondé à cette heure de la journée – c'était d'ailleurs pour ça qu'il avait failli faire une danse de la joie en avisant une place libre – il connaissait suffisamment bien ce moyen de transport pour savoir que les pickpockets n'avaient pas d'heure.

À treize ans, Harry s'était fait voler son portefeuille dans la poche avant de son sac à dos sans même s'en apercevoir. Il en avait pris conscience en rejoignant Ron et Neville dans un Mc Donald's d'Oxford Street. Au moment de payer sa consommation, il n'avait trouvé qu'une poche vide à son grand effarement. L'humiliation de se retrouver au milieu du fast-food, sans le moindre sou, l'avait terrassé sur place même si ses amis s'étaient empressés de payer son menu. Ses parents avaient soupiré en lui rappelant – pour la dixième fois depuis qu'il prenait le métro seul probablement – de toujours veiller à être très vigilant.

Quand le métro s'arrêta dans un bruit métallique bruyant à la rame, Harry rouvrit les yeux et passa une main sur son visage. La rentrée scolaire datait de trois semaines à présent et Harry avait le sentiment de ne pas avoir eu deux mois de vacances. Avait-il seulement été dix jours avec ses parents dans une station balnéaire française à quelques kilomètres de Perpignan ? Quand il fermait les yeux, il parvenait presque à se rappeler de la sensation de l'eau de la mer méditerranée léchant ses orteils mais chaque jour, ce souvenir s'éloignait de son esprit. Bientôt, il ne parviendra plus du tout à ressentir cela et l'attente des prochaines vacances le tiraillera.

D'ailleurs, l'époque de l'école secondaire était réellement révolue. Quand il songeait que trois mois plus tôt, il était sur le point de passer ses A-Levels, Harry peinait à le croire. Sa rentrée à l'Université de Westminster lui bouffait littéralement tout son temps et son énergie. Débuter la fac demandait un temps d'adaptation que bien trop d'enseignants ne se donnaient pas la peine de leur offrir. À présent, il était capable de se repérer dans quasiment tous les bâtiments sans se perdre et donc sans arriver en retard en cours. La prise de note était plus facile même s'il ne savait toujours pas très bien ce qu'il devait noter ou pas. Le plus difficile pour lui était de s'organiser pour réaliser les exercices de TP, retravailler ses cours magistraux et les compléter avec des lectures supplémentaires, se pencher sur des dossiers à rendre pour le mois de décembre et qui, bien évidemment, comptaient pour les partiels du premier semestre.

Sans oublier son stage dans l'entreprise de communication de Lucius Malefoy. Après quelques ajustements d'emploi du temps, il réalisait quinze heures par semaine dans l'entreprise et même si cela était passionnant, Harry vivait à un rythme effréné pour tout assumer. Si le fait de pouvoir acquérir une expérience professionnelle tout en gagnant des points pour ses partiels – et de l'argent pour son compte – était toujours génial, Harry n'avait pas imaginé tous les efforts que cette situation nécessitait. Et c'était plutôt crevant.

Quelques minutes plus tard, Harry s'engouffrait dans la tour de verre où les bureaux du cabinet de conseil en communication Malefoy avaient élu domicile. En ce début de soirée, les locaux étaient quasiment vides hormis les vigiles et quelques travailleurs retardataires. Il se pressa vers les ascenseurs et entra dans une cabine vide avant d'appuyer sur le numéro 18. La machine se mit en route puis se rouvrit à sa destination. Harry fit un pas pour sortir de la cabine mais il se retrouva face à deux colosses dont la largeur l'empêchait littéralement de mettre un orteil à l'extérieur.

« Oh, oh ! » s'écria t-il vivement en levant les mains devant lui. « Tout doux ! »

Un picotement désagréable traversa son corps en avisant les regards menaçants des deux hommes. Ils étaient aussi grands et larges l'un que l'autre. S'ils étaient tous les deux bruns, l'un souffrait d'une calvitie avancée. Son regard s'arrêta plus particulièrement sur la cicatrice boursouflée de celui-ci. La marque partait de son oreille droite, courrait le long de sa mâchoire puis disparaissait dans le col de son polo.

L'incorrigible AttractionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant