Lundi

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Un mois, cela fait un mois qu’il la suit partout, qu’ils s’affichent aux yeux de tous comme le plus beau couple de Poudlard. Et j’aurais sûrement approuvé si mon cœur n’était pas en miette, si je n’étais pas autant triste et en colère.

Ce matin, comme tous les matins depuis un mois, je me suis levée du mauvais pied, il n’y avait plus personne dans le dortoir, je me suis alors habillée en vitesse et je me suis dirigée vers la grande salle pour le petit déjeuné, même si je n’avais pas faim, d’ailleurs je n’avais plus faim depuis un mois. Je n’aurai jamais cru qu’en le perdant j’aurai aussi perdu le goût de vivre.

En entrant dans la grande salle, mon regard se dirige instinctivement vers la table des serpentards. Je m’attends toujours à ce qu’il me gratifie d’un regard, comme il le faisait avant, mais au lieu de ça, comme tous les matins depuis un mois, je le vois avec elle, je vois comment il la regarde, et mon cœur me serre, il me regardait comme ça avant. Je rejoins ma place à la table des gryffondors, avec mes amis. Mes amis qui ne comprennent pas ce qui m’arrive, qui m’en vue sombrer du jour au lendemain sans pouvoir rien y faire. Comme tous les matins, Harry essai de me soutirer des informations :

- Ça va aujourd’hui Hermione ? Tu as bien dormi ?

Le pauvre. Chaque jour il s’évertue à me demander la même chose et chaque jour il se prend un vent. Je le réponds avec un grognement presque inaudible.
Ginny enchaîne :

- Ça te dit de venir à Pré-au-lard avec moi cet après-midi ? ça te ferait du bien de sortir un peu et puis il faut vraiment qu’on renouvelle ta garde-robe.

Elle est vraiment mignonne à vouloir me changer les idées, mais à cet instant, elle m’énerve plus qu’autre chose.

- Si tu veux Gin’.

Je n’ai pas envie, mais j’acquiesce quand même, parce que pourquoi pas, de toute manière je m’en fou. Tout ce qui m’importe c’est qu’il vient de replacer une mèche derrière ses oreilles, qu’elle a rougit et que tout le monde continue de manger alors mon monde s’écroule.

J’ai envie de crier là tout de suite, j’ai des envies de meurtres. J’essaie de rester calme, je me concentre comme je peux sur le contenu de mon assiette mais rien y fait, j’ai besoin de me défouler sur quelqu’un. Je regarde Ron qui comme toujours mange avec grand appétit et je me sens déjà désolé pour lui.

- Tu pourrais arrêter de faire autant de bruits quand tu manges Ronald ? Tu me donne envie de vomir.

Mes amis me regardent choqués, Harry est sur le point de dire quelque chose mais je ne lui laisse pas le temps, je me lève et me dirige hors de cette salle, j’ai besoin d’air.

J’erre dans les couloirs sans but, je me sens totalement vide, je sais que mon premier cours commencera dans quelques minutes mais je n’ai pas envie d’y aller, c’est un cours commun avec les serpentards. Même si le cours de Mac Gonagal a toujours été mon cours préféré, ça ne suffit pas à me motiver. Je n’ai pas envie de le voir. C’est vrai que les cours sont les rares fois où je le vois sans elle, vu qu’Astoria est une année en dessous de nous, mais ça me fait autant mal que si elle était là, parce même si elle n’est pas là physiquement, son aura reste.

Sans que je ne me rende compte, mes pieds m’ont quand même conduit devant les portes de la salle de classe. Je suis en retard mais ce n’est pas grave, c’est devenu une habitude depuis un mois. Je pousse les portes et les regards se retournent vers moi. Je croise son regard acier, mon cœur bat à la chamade, j’ai envie de courir vers lui, mais une voix me ramène à la réalité :

- Miss Granger, encore en retard ? Vous me décevez beaucoup. Décidément, vous faites n’importe quoi ces derniers temps. Je retire 5 points à Gryffondor pour votre non-respect des horaires de cours et vous serez en retenue pour toute la semaine, j’espère que cela vous servira de leçon. Rejoignez votre place au plus vite.

Je n’entends pas la moitié de ce qu’elle dit, elle peut bien me retirer 1000 points je n’en ai que faire, les prunelles grises de celui qui fait battre mon cœur ne m’ont toujours pas quitté. Les serpentards ricanent et les gryffondors ont l’air énervé, mais je m’en fou, il me regarde.

Alors que les autres élèves se reconcentrent sur le cours, je rejoins ma place, pas celle au premier rang, cela fait un mois que je ne m’y assieds plus, il ne me lâche toujours pas du regard. Cela me met un peu mal à l’aise, je ne sais plus comment me comporter face à cette situation, je n’ai plus l’habitude qu’il m’accorde de l’attention. Son visage ne laisse apparaître aucune émotion, comme toujours, j’ai du mal à deviner ce qu’il pense, ce n’est pas nouveau, mais sans pouvoir dire comment, j’aperçois une lueur dans ses yeux, comme de l’inquiétude. Ce pourrait-il qu’il s’inquiète pour moi ? Se soucie-t-il encore de moi ?

Avant que je puisse mettre mes idées au clair, il se saisit de sa plume et commence à prendre des notes sur le cours. Le temps s’arrête, mon cœur ne bats plus, il m’a oublié à nouveau.

Le soir dans la salle commune, je suis toujours dans un état pas possible. Vautrée dans mon canapé, perdue dans mes pensées, j’ignore ce qui m’entoure. Soudain Ginny fait irruption dans la pièce.

- Tu sais quoi Hermione ? Si tu as envie de déprimer, libre à toi, mais tu ne peux pas nous imposer ton humeur exécrable, soit tu nous dit ce qui se passe pour qu’on t’aide, soit tu prends sur toi et tu arrêtes de nous pourrir la vie !

Je reste abasourdi devant ses paroles, elle a l’air vraiment en colère. J’aimerai lui répondre, lui dire que j’ai tellement mal, que je meure depuis un mois, que j’ai besoin de lui, que je l’aime toujours autant qu’avant, que je ne supporte plus de le voir avec une autre. Mais je ne peux pas dire ça, je ne peux avouer ce que ressens. Alors je me tais, au bord des larmes, j’ai du mal à soutenir le regard de ma meilleure amie, j’ai honte de moi. Je suis vraiment la pire des amies, je l’ai évité tout l’après-midi parce que je ne voulais pas aller à Pré-au-lard, je n’avais pas le moral.
Ginny émet un soupir las et s’en va.

La nuit dans mon lit, j’ai du mal à trouver le sommeil, comme toutes les nuits depuis un mois, sauf que pour la première fois depuis ce mois, je ne pense pas seulement à la perte que j’ai subie, non cette nuit, je pense aussi à mes amis, à ce que je leur fais subir tous les jours, aux professeurs qui s’inquiètent pour moi. Dans ma chute, j’ai entrainé avec moi tous ceux pour qui je comptais. J’ai été égoïste. Et pour quoi ? Pour une relation qui était déjà impossible ? A un moment, totalement perdue au milieu de mes tourments, je me dis que si ça se trouve, je m’étais toujours fait des idées, peut-être qu’il ne m’a jamais aimé… Mes pensées commencent à m’épuiser, je perds petit à petit la raison…

Je repense à ce que Ginny m’avait dit, et je sais qu’elle a raison, il faut que je me relève, que je prenne sur moi.

Demain c’est décidé, j’arrête de m’apitoyer sur mon sort.

Demain je tournerai pour de bon la page Drago Malefoy. Demain j’irai mieux. Ou du moins, j’essaierai.

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