Jeudi

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Je crois que je n'ai jamais vu le professeur MacGonagal aussi en colère, elle se lève de la table des professeurs et se dirige à celle des serpentards, la grande salle entière est choquée. Des murmures se font entendre, il y a ceux qui n'arrivent pas à croire ce qui se passe, il y a ceux qui sont indignés, ceux qui sont plutôt amusés et enfin, il y a ceux qui comme moi jubilent. Je n'aurai jamais cru que voir quelqu'un en plein désarrois pouvait être aussi jouissif.

En entrant dans la grande salle pour le déjeuner, quand j'ai jeté un regard vers Drago, j'ai su qu'il allait agir. J'étais alors partagée, j'étais heureuse bien sûr et j'avais hâte de voir ce qui allait se passer, mais d'un autre côté, ma conscience me disait que ce n'était pas bien. C'est quand même avec un sourire diabolique que j'ai rejoint ma place. Ginny l'avait tout de suite remarqué.

- Wow Hermione, qu'est-ce qui nous vaut ce sourire ?

- Disons juste Gin' qu'il y a une certaine justice dans ce monde et je trouve ça... grisant.

Bien sûr elle ne pouvait pas comprendre, elle me répondit avec un froncement de sourcils et s'est reconcentrée sur son plat.

J'ai alors jeté un regard à mon complice, il était en train de m'observer également, qu'est-ce que ça m'avait manqué, et à un moment, il fit un sourire l'air de dire : « Que le spectacle commence ! »

Drago Malefoy s'est levé et s'est tourné vers sa voisine, qui n'était personne d'autre qu'Astoria Greengass, il amplifia alors sa voix à l'aide de sa baguette :

- Astoria, ça fait maintenant un mois que tu illumines ma vie, et je voudrais que tu saches, que tout le monde ici saches que tu es la femme de ma vie, je t'aime tellement que ça me fait mal, j'ai besoin de toi auprès de moi tout le temps, je pense à toi sans arrêt, tu es tellement belle et tu sens tellement bon...

La grande salle s'était figée, je ne comprenais pas très bien ce qui se passait, et s'il ne m'avait pas regardé avec tant d'amour quelques minutes auparavant, j'aurai cru à cette scène et cela m'aurait fait mal au point de mourir directement là sur place. Je me sentais quand même mal à l'aise, ce n'était quand même pas dans le genre des Malefoy de se donner ainsi en spectacle, surtout pour des questions de sentiments.

- Astoria Greengass, veux-tu m'épouser ?

Sans laisser le temps de répondre à la jeune femme il enchaîna.

- S'il te plaît Astoria, acceptes. Je ne peux pas vivre sans toi, acceptes ou je mourrai, si tu ne me dis pas oui je te jure que je mets fin à ma vie, ici tout de suite.

La serpentard commençait de plus en plus à être mal à l'aise, tout le monde était en train de se rendre compte que quelque chose ne tournait pas rond. Drago en faisait beaucoup trop, ce n'était pas normal.

Je me mordais les lèvres ne pas pouffer de rire tellement c'était ridicule, j'avais compris son plan et je devais dire que c'était un bon plan, une manière de la dénoncer et de l'humilier en même temps, l'homme que j'aime est un génie et je n'aurai jamais pensé que le voir déclarer sa flamme à une autre me ferait l'aimer encore plus.

- Astoria je t'aime, je t'aime tellement, c'est tellement fort... Tu es tellement parfaite... Epouses- moi, s'il te plaît...

Les chuchotements avaient commencé, tout le monde semblait comprendre qu'il avait été envouté, il ne se serait jamais comporté aussi vulgairement s'il était vraiment lui.
« Je n'arrive pas à croire qu'elle est pu faire ça » ; « C'est vrai que c'est le mec le plus canon de l'école mais quand même... » ; « Il est sous philtre d'amour, ça saute aux yeux » ...

Les professeurs eux aussi avaient compris en même temps que les élèves, peut-être même avant.

C'est là que le professeur MacGonagal avait décidé d'intervenir.

Je ne peux pas retenir le sourire machiavélique qui se forme sur mon visage, Drago est vraiment un grand acteur, personne ne pourrait se douter qu'il n'était plus sous les effets de la potion. Ginny me regarde bizarrement, elle regarde la scène, me regarde à nouveau et je vois à cet instant une lueur de compréhension dans ces prunelles, ma meilleure amie n'est décidément pas stupide. Elle me regarde intensément l'air de dire : « On en parlera plus tard » et se reconcentre sur le professeur de métamorphose qui vient d'arriver devant le jeune homme qui depuis tout ce temps n'a pas arrêté de déblatérer des mots d'amour beaucoup trop confus pour que ce soit réels.

- Monsieur Malefoy, descendez de cette table, voyons...

- Non professeur, je l'aime, il faut qu'elle me dise oui ou je ne descendrais jamais d'ici...

Lasse et consciente que cela ne servait à rien d'essayer de le raisonner, elle lui lance un sort pour l'assommer. A cet instant, je bondis de mon siège, inquiète pour Drago. Ginny me retient de courir vers lui et me fait signe de me ressaisir. Je me rassois alors la remerciant du regard.

- Miss Greengass, je ne sais pas quoi vous dire, je suis totalement outrée par votre comportement, comment avez-vous osé agir de la sorte ? Une jeune femme de votre rang. Je vous assure que votre punition sera à la hauteur de vos agissements... Je vous aurai bien retiré le plus de point possible, mais ce serait également punir monsieur Malefoy qui lui a été une victime. Suivez-moi mademoiselle, nous allons discuter de votre sort dans le bureau du directeur... Monsieur Zabini, veuillez s'il vous plaît emmener monsieur Malefoy à l'infirmerie, qu'on lui administre l'antidote.

Après la sortie du professeur, la salle encore sous le choc n'avait pas cessé le bavardage. Je me lève alors me dirige vers la sortie avec la ferme attention de me rendre à l'infirmerie. Mais Ginny se met à me suivre. Arrivées dans le couloir elle m'arrête.

- Tu m'expliques ?

- Euh qu'est-ce que tu veux que je t'explique au juste Ginny ? Sois plus clair.

J'ai conscience d'être un peu sur la défensive mais je ne sais pas trop comment lui expliquer.

- Donc tu vas me dire que là tu ne vas pas aller à l'infirmerie peut-être ?

Je ne sais pas quoi répliquer, je baisse la tête.

- Explique moi Hermione, je ne te jugerai pas je te jure.

Elle a l'air tellement inquiète pour moi, je crois qu'il faut que lui fasse confiance et que je lui parle, de toute manière, si j'ai bien vu, je pense qu'elle a déjà compris et cherche juste ma confirmation.

- Bon d'accord, je vais t'expliquer... Mais pas ici, rejoins-moi dans le dortoir dans trente minutes, là je dois vraiment aller à l'infirmerie.

Elle hoche la tête, me faisant signe qu'elle a compris, et je cours retrouver celui que j'aime.
A l'infirmerie, je le trouve assis sur son lit, le sourire aux lèvres discutant avec son ami. Quand il me voit, son visage s'illumine, donc sans me préoccuper de Blaise Zabini, je me jette dans ses bras et à ma grande surprise, Blaise éclate de rire.

- Il est au courant ?

- Bien sûr qu'il est au courant, c'est mon meilleur ami, mon confident.

Je me tourne alors un peu gênée vers le meilleur ami en question et lui sourit.

- Je te remercie de nous l'avoir rendu Granger, je me doutais un peu de quelque chose mais je n'étais pas sûr, il s'est éloigné de moi pendant un mois et je n'ai rien compris, ce n'était pas très agréable.

- Oh mais de rien, moi j'ai failli en mourir alors je te comprends. Oh et appelles-moi Hermione.

Quelques minutes plus tard je rejoins Ginny et lui explique tout depuis le début. A la fin de mon histoire, l'expression sur son visage m'étonne, un mélange de soulagement, de bonheur et de déception à la fois.

- Tu aurais dû m'en parler plutôt Hermione, j'aurais pu t'aider. Maintenant, je comprends pourquoi tu as été si insupportable pendant ce mois.

Je baisse la tête, j'ai honte de moi, je suis décidément la pire des amies. Elle me prend dans ses bras pour me rassurer.

- T'inquiètes pas, je te pardonne, mais tu n'as plus intérêt à me cacher quoi que ce soit à partir d'aujourd'hui...

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