Chapitre 33 : Sama Damel !

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On ne se rend compte de l'utilité des fesses que quand vient le moment de s'asseoir !
AMK_Rassoul
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On ne se rend réellement compte de la valeur d'une chose qu'après l'avoir perdue. C'était à cette vieille maxime que pensait Maryam Noora NDAO en se remémorant, nostalgique, ces belles années de vie commune avec son mari alors même qu'elle était sur le point de voir son mariage voler en éclats.
Et le vieil proverbe africain renchérit en affirmant que l'on ne se rend compte de l'utilité des fesses que quand vient le moment de s'asseoir.
Là, Noora avait urgemment besoin de s'asseoir mais avait-elle encore sa paire de fesses ? Là, était la vraie question.

Plus décidé que jamais, Pape Djibril FALL garda presque le mutisme pendant les 7 jours qui suivirent où il demeura à l'hôpital. Sa femme venait bien sûr lui rendre visite, deux fois par jour, mais Djibi ouvrait à peine la bouche, jouant la carte de l'indifférence. Il décida de noyer son chagrin dans un silence très pesant. Noora avait beau insister, rien n'y fit, son mari campait sur sa position et ne démordait pas sur cette idée de divorce.

À sa sortie de la clinique, Noora était de service et Djibi rentra donc seul chez eux. Bien que le médecin lui suggéra beaucoup de repos pour récupérer au plus vite, l'expert comptable n'en fit qu'à sa tête. Il trouvait qu'il avait déjà bien assez glandé à l'hôpital quand il n'avait rien fait d'autre que de manger et dormir à part beaucoup réfléchir, bien sûr.

Le lendemain matin, en rentrant d'astreinte crevée, toute la fatigue de la jeune policière sembla s'être évaporée dans les airs quand elle fit face aux placards étonnement vides de leur dressing.

Noora avait alors enlevé son haut et n'avait plus qu'un soutien gorge. D'une main, elle déboutonna son pantalon qu'elle laissa tomber au sol et de l'autre, elle ouvrit la porte d'un des placards pour sortir sa tenue de rechange en vue d'aller prendre une douche quand elle suspendit net son geste. Son sang ne fit qu'un tour. Elle fixa un moment ce qui se trouvait sous ses yeux puis, elle ouvrit précipitamment et en grand, le premier placard et instinctivement fit le même geste avec le second et là le choc. La moitié des habits qui jadis les remplissait avait disparu. Cette moitié correspondait aux vêtements de son mari.

Noora laissa les placards ouverts et s'élança vers la chambre, paniquée. Dans sa hâte, elle faillit même se casser la figure en s'emmêlant les pieds sur son pantalon par terre. Elle se redressa de justesse en s'accrochant, chancelante aux abords du lit puis poursuivit son chemin le cœur battant à cent à l'heure

-Pa Djibi... Djibi... Hurlait-elle en ouvrant une porte après l'autre des deux autres chambres que comprenait leur cosy appartement.

La jeune femme avait beau savoir son mari à son bureau à cette heure de la journée, elle ne cessait de prononcer son prénom comme une litanie, comme pour se rassurer.

-Non, non Djibi... Tu n'oses pas me faire ça... Tu ne peux pas me faire ça ! Radotait-elle comme possédée, le cœur en vrac et un vent de total panique lui fouettant le corps en entier comme un violent choc électrique.

Il est parti... Pa Djibi m'a quitté ! S'écroula-t-elle au sol face à l'évidence.

Noora finit par se relever dans la minute. Les gestes désordonnés, la jeune femme partit alors vers la cuisine sans même savoir ce qu'elle y cherchait exactement. Elle revint ensuite sur ses pas vers le séjour avant de retourner vers les chambres qu'elle avait tantôt visité.
Dans la précipitation, Noora en avait, en effet, oublié les gestes de bon sens.
Ce fut en ouvrant les placards de la chambre la plus éloignée de leur chambre principale qu'elle retrouva tous les habits de son mari, soigneusement pliés et rangés, comme Djibi en avait l'habitude.

De Victimes à Bourreaux Où les histoires vivent. Découvrez maintenant