Frédéric

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J'ai su assez tôt que les omégas n'étaient pas pour moi. Leur corps fragile, leurs phéromones sucrées, leur tempérament doux... rien de cela ne m'attire. J'ai sorti avec quelques alphas, mais puisque ce genre de relation n'est pas bien vu c'est difficile de se trouver les uns les autres. En plus je suis assez dur en amour. Lorsque ça ne clique pas au premier regard je n'arrive pas à garder une relation.

Aussi j'ai passé la plus grande partie de ma vie d'adulte seul. Toutes mes relations se sont terminées en bon terme et j'ai des amis comme des connaissances fiables. À part mon attirance pour les autres alpha je mène une vie terriblement banale. Je travail en faisant attention pour ne pas m'intéresser à un étudiant, passe quelques soirées par semaine à boire avec des amis et le reste de mon temps libre est utilisé pour continuer mes recherches.

Je devrais me considérer comme chanceux, non?


Aucun signe ne m'a averti le premier matin de mon remplacement. Vu comment l'évènement m'a frappé violement on aurait pu croire que le ciel m'aurait envoyé un signe, mais rien. J'ai fais mes premiers cours de la journée sans problème. Les choses se sont gâtée au dernier.

À la seconde où je l'ai vu mon cœur à tombé au fond de ma poitrine. Parmi les effluves confuses de la salle de classe ses phéromones à l'odeur de menthe poivré attirent mon nez immédiatement. Il a la peau pâle parfaite d'un mannequin, des cheveux gris courts volumineux et indomptables comme le pelage d'un grand loup et un regard bleu perçant brillant d'effronterie. Sa musculature effilée sans exagération est d'un naturel évident. Sa posture confiante montre qu'il est fort probablement un alpha et son parfum fort, agressif, prouve sa dominance...

Je me suis fait violence pour me détourner, sans quoi j'aurais passé les trois heures suivantes à le détailler et le regarder. Absolument tout chez lui m'a fasciné dès la première secondes.

Nos petites rencontres en face à face pour ses notes ne m'ont pas aidé du tout, mais finalement c'est cela qui m'a permis de découvrir ses sentiments. J'ai bien cru être devenu fou lorsqu'après son dernier jour de session il m'a demandé de venir chez moi. Je l'ai emmené dans ma voiture, en silence durant tout le trajet.

Nous avons mangés et lorsque je lui ai proposé une bière il a refusé. Il a dit "Je veux garder les idées claires et me rappeler de tout ce qui se passera." 

Ensuite nous avons couché ensemble. Nous n'avons pas baisé. Je lui ai faire l'amour, le vrai. Je le sentait frissonner à chaque bouffée de mes phéromones, partagé entre le dégout instinctif et l'excitation. Si je savais déjà que c'était l'une de mes parties préférées d'être avec un autre alpha, avec lui c'est devenu rien de moins qu'une obsession. Cela en plus de ses muscles fermes contre les miens, ses cris rauques et son antre autour de moi...

Ce fut délicieux de bout en bout. Jamais je n'avais senti quelque chose de semblable... Anton me fait vibrer.


Je marche derrière mon amoureux dans le magasin. Il observe les casques d'écoute exposés, n'arrivant pas à faire son choix. Je soupir et caresse doucement sa nuque pour le sortir de ses pensées.

- Tu peux aussi prendre autre chose comme cadeau, que je dis. Elle ne t'en voudra pas si ce n'est pas exactement ce qui était sur sa liste de souhait.

- Non, je veux lui acheter ce qu'elle voulait. Romane va avoir 14 ans, c'est bien une adolescente maintenant!

- Tu n'avais pas dit la même chose pour sa fête de 13 ans? Et celle de 12 ans?

- Peut importe! Je veux lui faire plaisir. C'est la première de mes neveux à atteindre cet âge je dois marquer le coups!

- Tu parle comme si c'était étonnant qu'elle ai survécu jusqu'ici chéri. Ton frère n'est pas un aussi piètre père il me semble.

Anton se tourne vers moi et croise les bras. Il pince les lèvres et fronce les sourcils comme à chaque fois que je me moque gentiment de lui. C'est plus fort que moi, je ne peux pas m'empêcher de le taquiner.

- Ce n'est pas ce que je voulais dire, soupir-t-il finalement. Et tu le sais. Nous n'allons jamais avoir d'enfant, alors je veux gâter un maximum ceux d'Alexei. Je vis les joies d'être parent par procuration au travers de Vincent et lui.

Je perd mon sourire et prend sa main. Quelque part en moi ce qu'il dit me fait mal. C'est pourtant vrai: nous ne pouvons ni l'un ni l'autre être enceinte et les chances qu'on veuille bien nous laisser adopter un enfant ensemble sont aussi minces qu'une frite. Nous n'aurons probablement jamais d'enfant, oui. Mais l'entendre le dire de manière aussi catégorique, sans le « probablement »... c'est tourner le couteau dans la plaie.

- Je ne voulais pas le dire si sèchement... continu plus gentiment An en collant son front au mien. Désolé.

- C'est rien, tu as raison. Nous n'aurons jamais d'enfant...

- C'est pas si mal. Au moins je t'ai toi.

- Et moi je t'ai... ce n'est pas celui là que Roro veut?

Il se retourne et me tire vivement jusqu'à l'autre bout de la rangée pour prendre le casque tant convoité. Son visage rayonne littéralement alors que nous allons à la caisse. L'employé nous regarde bizarrement. Il le fait discrètement, mais je le vois.

Ma mâchoire se crispe et je serre un peu plus fort la main de mon amour pour l'entraîner dehors tout de suite après la transaction avant que l'attitude de l'homme ne gâche sa bonne humeur. Je ne laisserais pas ces jugements l'atteindre.

- Nous méritons une bonne collation pour avoir trouver le cadeau, déclare-t-il. J'ai hâte de voir sa tête demain.

- Elle sera aux anges, que je dis doucement. Comme moi dès que je te vois.

Il rougit et caresse ma joue. Je vois encore des regards en biais de la part des passants.

- Ne t'occupe pas d'eux, souffle Anton en arrimant ses yeux aux miens. Ne regarde que moi, pour toujours.

Et il m'embrasse en ignorant le monde entier.

ABO: Oméga - BonusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant