PARTIE 65 - Le refuge de Jol

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Après le départ de Tyra, Öta avait repris ses tâches quotidiennes et ses journées étaient redevenues exactement les mêmes qu'auparavant.

Il aidait à l'hospice le jour et au refuge la nuit.

Bien sûr la mort de Nora le hantait toujours, mais il réussissait à l'oublier. Son esprit parvenait à rester concentré sur son travail.

Il s'en voulait même de n'avoir aucun mal à mettre aussi facilement ses regrets de côté. Mais comment se morfondre lorsque l'on était si bien entouré ?

Petrus, à qui il s'était confié lors du drame, était un fort soutien émotionnel.

Il n'était pas comme Alda et Élan, qui étaient aux petits soins et attentifs, à toujours lui demander comment ça allait et le couver comme on le ferait avec un enfant.

Non, Petrus était plus discret. Il ne posait pas de question.

« Si ça ne va pas, viens me voir. » disait son regard.

« Au boulot ! Va récurer le sol. » disait sa bouche.

Mais s'il passait beaucoup de temps auprès de Petrus à l'hospice, ce n'était pas le cas au refuge.

Petrus y venait de moins en moins souvent, profitant de la présence d'Öta pour se reposer et dormir. Le poids des années à travailler jour et nuit lui pesait.

Öta devait bien l'avouer, il préférait largement l'ambiance conviviale et familiale du refuge.

Ambroisie et sa bonté sans faille. Yann qui le suivait partout. Les enfants, qui animaient la cour avec leurs bêtises. Le petit Jon, qui commençait tout doucement à s'ouvrir aux autres....

Les allées et venues des personnes dans le besoin, qu'ils aidaient et nourrissaient en partageant leurs maigres ressources.

Et parlons-en des ressources ! A ce sujet Öta était très apprécié. Tout ce qu'il ramenait de la chasse était vu comme un trésor.

Il savait que braconner était mal et dangereux. Mais comment résister ? Le plaisir de tirer à l'arc, de se promener en forêt et surtout de bien manger...

Ce soir là, après qu'il ait servi les enfants et se soit posé sur un banc pour manger sa part, Ambroisie s'installa à côté de lui.

« Nous te sommes tous reconnaissants, tu sais ? Mais ne te surmène pas, ne te détruis pas la santé comme le fait Petrus. Tu fais déjà tant pour nous en t'occupant des malades... tu n'as pas besoin d'en plus chasser pour nous. »

D'un air faussement théâtral, il répondit :

« Je n'ai pas besoin de reconnaissance ! Si je chasse, c'est avant tout par pitié pour mon pauvre estomac qui ne saurait supporter la misère de ce brouet ! C'est pour ma propre santé que je fais ça !
- Hé ! Dis tout de suite que mon brouet est fade !
- Fade ? Non, je ne dirais pas ça. Disons plutôt qu'il goûte l'eau. »

« Je te jure, impossible de remettre la main dessus ! Et pourtant, j'ai cherché partout

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« Je te jure, impossible de remettre la main dessus ! Et pourtant, j'ai cherché partout. » s'exclama Öta, râlant pour la énième fois à propos de la disparition du livre qu'il lisait depuis peu.


Il s'agissait d'un bel ouvrage d'herbologie qu'il avait acheté avec Petrus dans une petite librairie de la capitale.

« Tu as regardé dans ton tiroir ? » suggéra Petrus, peu concerné. « Ou dans ta commode ?
- Tu me prends vraiment pour un idiot ? Bien sûr que j'ai regardé là ! »

Petrus haussa les épaules.

« Bah regarde de nouveau, qu'est ce que tu veux que je te dise ? Tu vas le retrouver au moment où tu t'y attendras le moins.

- C'est pas faux...
- De toute façon, tu passes ton temps à perdre tes affaires. Tu n'as pas retrouvé ton foulard, n'est-ce pas ?
- Non...
- Bah voilà, si ça se trouve ils sont ensemble et quand tu retrouveras l'un tu retrouveras aussi l'autre. »

Öta fit la moue. Petrus n'avait pas tort. Peut-être s'étaient-ils glissés derrière un meuble ? Ou les avait-il posé quelque part et les y avait oublié ? Mh, il regarderait dans la réserve.

« Mais si ça se trouve... » continua t-il, les yeux brillants. « ...Ils se sont fait voler par un lutin ! Tu sais qu'ils sont chapardeurs, ce serait bien leur style.
- Les lutins, ça n'existe pas. C'est un conte pour enfants.
- C'est ce qu'on dit. Puis un jour, ils viennent chez toi pour te voler ton livre et ton foulard ! »

C'était forcément l'œuvre d'un lutin, ça expliquait tout.

Öta croisa les bras et hocha la tête, satisfait de sa déduction.

HISTOIRE ILLUSTRÉE - David & ÖtaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant