Une Vengeance Impitoyable

Chapitre 4

" Maman ! Maman !" J'ai secoué la tête au son de la voix enfantine. J'ai à peine eu le temps de rattraper mon fils de moins de trois ans que Kieran se jetait dans le couloir et dans mes bras pour un câlin. C'était sa réponse habituelle lorsque j'entrais dans l'appartement de mon voisin.

"Hey, bébé." J'ai frotté mon nez doucement contre le sien. "Tu t'es amusé avec Mme Johnson aujourd'hui ?"

Il a hoché la tête avec un sourire. "Nous avons fait des avions en papier !" Kieran a agité la chaîne de figures en papier vers moi avec un sourire. "Je vais les colorier."

J'ai souri à mon fils et me suis imprégnée de sa vision, de ses yeux bleus sérieux, de ses joues roses et de ses boucles sombres qui s'envolent.

"Tu aimes ça ?" a-t-il demandé en levant son avion pour me le montrer.

J'ai hoché la tête. "Je l'adore."

Qu'est-ce que j'aurais fait sans lui ? Quitter Holding avait été le pire cauchemar qu'une femme puisse faire. Un jour, nous étions heureux de faire l'amour et le lendemain, je m'éloignais de lui à genoux.

C'est en découvrant que j'étais enceinte quelques jours après la mort de ma grand-mère que j'ai tenu bon. Sa naissance m'a donné l'espoir que je pourrais être heureuse à nouveau.

J'ai levé les yeux vers la femme plus âgée. "On dirait que vous avez passé une bonne journée tous les deux. Combien de temps a-t-il fait la sieste aujourd'hui ?"

"Deux heures." Mme Johnson a souri. "Il s'est réveillé vers quatre heures."

"Merci, Mme Johnson, vous me sauvez la vie." Elle l'était vraiment. Il n'y avait pas beaucoup de gens qui offraient de garder un enfant gratuitement, mais elle le faisait volontiers presque tous les jours. Elle disait que Kieran la gardait jeune et qu'il était le petit-fils qu'elle n'avait jamais eu. Mme Johnson a perdu son unique enfant à cause de la violence des gangs. Sa fille est tombée amoureuse d'un gangster et elle a fini par en payer le prix. Elle n'avait que dix-huit ans, tout juste sortie du lycée, lorsqu'elle a décidé d'emménager avec son petit ami. Elle est morte peu de temps après. C'est vraiment une histoire triste. Sa fille Trudy était la seule famille qu'elle avait et quand la fille est morte, elle a perdu tous ceux qu'elle aimait.

"Ne vous inquiétez pas", a répondu mon voisin. "Kieran est un bon garçon. J'aime sa compagnie." Je sais, mais ça n'a pas empêché le pincement au cœur. Je n'avais pas les moyens de la payer et elle n'a jamais demandé d'argent non plus. Cependant, j'aimerais parfois pouvoir lui donner quelque chose pour tout ce qu'elle a fait pour moi.

Travailler comme gouvernante d'Holden me permettrait d'être à la maison tous les jours à une heure raisonnable. Assez tôt pour m'occuper de mon fils. Je ne voulais pas que Kieran s'habitue à un parent absent, trop occupé à travailler pour passer du temps avec lui. Surtout que Kieran n'avait que moi.

Avec un tel salaire, je serais en mesure de payer toutes mes dettes d'ici la fin de l'année. Je pourrais même éventuellement me permettre de déménager dans une autre communauté. C'était douloureux pour moi de quitter Mme Johnson, mais elle comprendrait.

Elle me disait toujours : "Fille, sors d'ici. Cette communauté n'est pas faite pour une gentille fille comme toi. Ce n'est pas un endroit pour élever un fils." Elle était loin d'avoir tort. Dès qu'un garçon était en âge de tenir une arme, il était recruté par les gangs pour faire leur sale boulot. "Non" n'était pas une option, c'était le gang ou la mort.

Mme Johnson a grandi dans ce quartier et, tout comme sa fille, elle est tombée amoureuse d'un gangster et il est tombé amoureux d'elle. À l'époque, les Afro-Américains et les Mexicains étaient en guerre et ses parents l'ont mise à la porte à seize ans pour être tombée amoureuse de l'ennemi. Elle est tombée enceinte à dix-sept ans et il a promis de l'épouser après la naissance du bébé. Il est mort alors qu'elle était enceinte de huit mois et elle a dû élever sa fille seule, sans l'aide de sa famille mexicaine ni de sa famille noire.